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- Les Borda -

 

 

                   

 

De 1830 à 1914, l’École navale est embarquée sur un vaisseau amarré en rade de Brest.

Quatre vaisseaux vont se succéder dans ce rôle d’École navale embarquée et vont chacun leur tour porter le nom de Borda.

 

           

 

Le texte ci-dessous est d’un ancien officier (de la basane !), qui ne peut résister au plaisir de définir les mots que tout marin connaît. À condition de passer sur quelques erreurs, dont l’impardonnable : amener les couleurs [p. 313] là où tout marin dirait rentrer – est la meilleure description des emménagements (infra : installation au sing. ?) intérieurs du Borda.

 

Chapitre viii

 

Installation intérieure du Borda – Jadis et Maintenant

 

La transformation d’un vaisseau de ligne en école n’était pas chose facile, et, cependant, c’est merveilleux de voir le parti qu’on a su tirer d’un espace relativement restreint pour y installer les nombreux services nécessaire au fonctionnement d’un grand établissement d’instruction.

On est arrivé à réunir dans les flancs du vaisseau des services qui, à terre, demanderaient plusieurs hectares de terrain pour pouvoir fonctionner commodément.

Pas un pouce de surface n’est perdu. Tout est utilisé jusqu’aux dessous d’amphithéâtres où on a trouvé le moyen d’installer une bibliothèque de plusieurs milliers de volumes.

Lorsque l’on pénètre dans le vaisseau par la coupée de tribord, c'est-à-dire de droite en regardant l’avant du bâtiment, on se trouve dans une vaste salle appelée batterie basse [nos ital. = batterie des anciens] ayant deux mètres de hauteur environ. Les sabords, par lesquels passait autrefois la gueule menaçante des canons, l’époque où le Borda, qui s’appelait le Valmy [Borda II], ont été dégarnis de leurs mantelets ; ceux-ci ont été remplacé par des fenêtres servant à éclairer les chambres établies des deux bords du navire, pour des officiers, des professeurs civils, l’aumônier [303], ainsi que pour les salles de bains, les cuisines et le poste des adjudants installés à l'avant.

C'est à peine si le verre dépoli, encastré dans la porte de chacune de ces chambres, laisse passer un peu de jour dans la batterie qui n'a pour l'éclairer directement que les coupées, et deux larges sabords percés à l'arrière et appelés sabords d'arcasse.

Le long des cloisons sont des râteliers d'armes où reluit l'acier des [fusils] kropatchek, des baïonnettes et des sabres qu'ils supportent.

Entre les épontilles, colonnettes rondes en bois servant à soutenir par le milieu le pont de la batterie supérieure sont rangés les pompes, l'affût d'embarcation du canon-revolver, le canon de débarquement servant à l'exercice des élèves, et, vers l'avant, dans la partie réservée à l'équipage, les écubiers, les bittes d'amarrage des chaînes et le cabestan.

 

 

De la batterie basse partent les escaliers, des échelles, qui servent à gagner les étages supérieurs du vaisseau, ou qui descendent dans le faux pont et les étages inférieurs.

En partant de l'arrière, la première échelle que l'on rencontre est celle de l'infirmerie, vaste pièce tenant toute la largeur du vaisseau à l'arrière de la deuxième batterie, et contenant une demi-douzaine de lits en fer, à rideaux blancs, quelques chaises, un divan et une table.

L'infirmerie est réservée aux élèves suffisamment malades pour rester couchés et à ceux qui, moins souffrants, ne peuvent toutefois prendre part aux manœuvres et aux cours, et y séjournent pendant toute ou partie de la journée. Regarder par le sabord ce qui se passe en rade est la seule distraction des élèves indisposés, depuis que le jeu de dominos a été supprimé. On suit les manœuvres des corvettes des mousses, les mouvements des embarcations qui poussent ou accostent, et aussi ceux des goélands qui viennent, en grand nombre, tournoyer à l'arrière du vaisseau.

On cause et on travaille aussi tour à tour, mais on cause plus souvent qu'on ne travaille.

La visite du médecin a lieu à neuf heures et demie, le matin. Le docteur répartit les élèves qui se présentent en plusieurs catégories, suivant l'affection dont ils sont atteints.

 

 

Tel élève séjournera à l'infirmerie et sera exempt de cours, tel autre ne fera qu'y séjourner. Un troisième viendra coucher à l'infirmerie dans son [304] hamac, un autre sera exempt de mâture ou d'exercices. C'est surtout le jeudi et le dimanche, jours de corvette, qu'il y a foule à la « visite ».

La maladie régnant ces jours-là est celle que les élèves appellent la pâle flemme, dissimulée sous le nom de violente migraine. Mais le docteur est perspicace et s'il y a beaucoup d'appelés, en revanche il y a peu d'élus.

Ne séjournent à l'infirmerie que les jeunes gens légèrement indisposés. Dès qu'un élève est gravement malade, il est transporté à l'hôpital maritime et son correspondant est aussitôt prévenu.

En continuant à parcourir la batterie Basse de l'arrière à l'avant, on rencontre ensuite l'échelle de l'état-major, dont les marches garnies de cordelettes tressées par l'équipage donnent accès à l'arrière de la troisième batterie et au pont supérieur. À l'arrière de la troisième batterie se trouvent, à bâbord le logement du commandant en second et du premier lieutenant de vaisseau, à tribord des chambres d'officiers et l'entrée de la bibliothèque, s'étendant d'un bord à l'autre sous les amphithéâtres. Rien de curieux comme la distribution des livres. Le matelot préposé au service de la bibliothèque ne correspond avec les élèves que par une sorte de trou de chat percé au plafond et à la plus haute marche des gradins de l'amphithéâtre des fistots.

 

 

L'élève, à côté duquel se tient un adjudant, s'agenouille dans l'amphithéâtre, passe son bras par le trou et reçoit ainsi le livre qu'il a demandé.

Le carré des officiers occupe toute la largeur de l'arrière de la troisième batterie. Le carré est une longue salle dont les sabords donnent sur une galerie, et dans laquelle prennent leurs repas les officiers subalternes ou assimilés que leur service retient à bord. C'est là aussi qu'ils se réunissent pour lire, causer ou jouer dans les intervalles soit de leurs cours, soit de leur service.

L'étage supérieur, à hauteur du pont et sous la dunette, renferme les appartements1 du commandant dont le salon donne aussi sur une longue galerie contournant l'arrière du vaisseau.

    1 La locution appartements du commandant est utilisée trois fois, malheureusement l’illustration indique « carré du commandant ». Il s’agit là d’une confusion pardonnable à un… biffin.

Sur l'avant [,] carré, un fonctionnaire, armé d'une hallebarde, rend les honneurs aux officiers qui passent devant lui.

 

 

A bâbord et à tribord, contre la cloison des amphithéâtres, se trouve un cabinet d'interrogation pour les élèves, séparé des appartements du commandant, celui de tribord par son office, celui de bâbord par la chambre de ses secrétaires. [306]

L'échelle de l'état-major, interdite aux élèves, sauf lorsqu'ils sont appelés en interrogation, débouche sur la dunette.

Redescendons maintenant dans la batterie basse par l'échelle que nous venons de gravir et prenons celle qui part de l'arrière du grand mât, et dite échelle des anciens [nos ital.]. Elle nous mène directement dans l'étude de la deuxième batterie, réservée aux élèves de première division [anciens], et leur servant aussi de dortoir.

Nous pénétrons dans une salle longue de vingt mètres, garnie de dix-huit bureaux doubles, de six places chacun, placés en abord, juste en face des fenêtres qui ont remplacé les sabords.

Au-dessus de chaque bureau, dans la muraille du navire, une couronne de lauriers dorés entoure le nom d'un marin illustre. Des pliants servent de sièges. Dans l'intervalle des épontilles, des tableaux noirs jouant sur des charnières et pouvant être relevés et maintenus au plafond au moyen d'un crochet.

L'un de ces tableaux porte l'équation du c [sic] refaite tous les jours à la craie et servant de calendrier spécial aux élèves.

Au milieu de la batterie se trouve un piano. La musique est fort en honneur à l'École, et, pendant les récréations, il n'est pas rare d'entendre les sons mélodieux d'une valse brillante ou d'une polka entraînante jouée sur le piano par un élève, élevé au rang de chef d'orchestre, pendant que ses camarades se livrent à des danses préparatoires au bal du mardi gras.

 

 

Encore une tradition bien ancienne, ce bal du mardi gras, et qui menace de disparaître.

Déjà en 1887, le licenciement de l'école au mois de février, par suite d'une épidémie de fièvre typhoïde, n'avait pas permis de donner le bal, et, en 1888, quelques difficultés rencontrées dans l'accomplissement de leur mission par les deux élèves commissaires du bal, ont décidé les élèves à y renoncer.

Adossée à l'étude des anciens et s'étendant jusqu'au mât de misaine se trouve la batterie d'artillerie, servant aussi de réfectoire aux deux divisions.

 

 

 Par les sabords de cette batterie, s'allongent des canons de différents, modèles en usage dans la marine et servant à l'instruction des élèves.

 

 

À l'heure dès repas, les servants dressent les tables entre les pièces d'artillerie, à tribord pour les anciens, à bâbord pour les fistots, rangent les couverts et, le repas fini, font disparaître tout cet attirail pour laisser libre [307] l'espace entre les canons. Le restant de l'étage jusqu'à la proue du vaisseau est occupé par l'office des élèves et la lampisterie des anciens.

A la troisième batterie, située un étage au-dessous de celui dont nous venons d'énumérer l'installation, se trouvent, vers l'arrière, les amphithéâtres, vers l'avant, l'étude des fistots.

Les amphithéâtres, séparés l'un de l'autre par une cloison longitudinale mobile, ont été construits en coupant le pont supérieur jusqu'à la dunette, de façon à obtenir une hauteur de quatre mètres. Au fond, se dresse un vaste tableau noir servant aux démonstrations du professeur dont le bureau est flanqué, à droite et à gauche, d'une table supportant chacune la moitié d'un modèle de frégate, modèle démontable qui a reçu le surnom réaliste d'En ... bêtant [lire Enculante → Coindreau], et au moyen duquel le professeur démontre la théorie de la manœuvre.

 

 

Au-dessus du tableau noir, des cartouches portent le nom des élèves sortis de l'École avec le numéro Un [ital. sic] de leur promotion.

En voici la liste : [… de 1835 à 1886, p. 308 -309]

Des gradins avec tables, séparés par un passage central, servent de sièges aux élèves.

Dans la muraille de tribord, à l'amphithéâtre des fistots, se trouve incrusté le boulet reçu par le vaisseau au siège de Sébastopol, boulet dont les dimensions augmentent d'année en année par suite des couches successives de peinture qu'il reçoit.

La batterie ou étude des fistots est en tous points semblable, pour l'aménagement, à celle des anciens. À l'avant, une cloison mobile la sépare de l'autel sur lequel, le dimanche, l'aumônier vient dire la messe devant l'état-­major et les deux divisions réunies, en grande tenue.

 

 

L'autel en bois sculpté est surmonté d'un tableau de valeur l'Ecce Homo présent de l'impératrice Eugénie à l'École.

Le dimanche, la cloison est enlevée. Des pavillons de toutes couleurs entourent l'autel et ornent le fond de la batterie. Un piquet de messe, commandé par un second-maître, rend les honneurs, et à l'élévation les tambours et clairons battent et sonnent aux champs.

Le restant de l'étage jusqu'à la proue est occupé par les cabinets de modèles de machines et d'artillerie, la lampisterie des fistots, une chambre d'adjudant et les « bouteilles » pour les deux divisions.

L'échelle des fistots [nos ital.] débouche sur le pont supérieur, dont la partie arrière est occupée, comme nous l'avons déjà vu, par les appartements du commandant et le haut des amphithéâtres, partie que recouvre la dunette. Le reste de cette dunette et le pont jusqu'à l'arrière du mât de misaine sont réservés aux élèves. C'est là où ils prennent leurs récréations, appuyés aux bastingages ou tournant en cercle autour des claires-voies (prises de jour vitrées pour les étages inférieurs), ce qu'ils appellent « virer au cabestan », par analogie avec les mouvements de cette manœuvre.

 

 [309]

 

Sous la dunette, s'avançant sur le pont en forme de spardeck et s'appuyant contre la cloison supérieure des amphithéâtres, sont les « cachibis », série de casiers dont chacun porte le numéro d'un élève, et qui servent à contenir tous ses ustensiles ou provisions de fumeur, ainsi que son bilboquet, si toutefois celui-ci, par ses dimensions, peut y être introduit.

A côté, suspendue au plafond et dans un récipient en cuivre, la mèche [nos ital.], cordage embrasé, gardée par un fonctionnaire, et qui sert à allumer les pipes et les cigares.

Au roulement de mèche, cinq minutes avant la fin des récréations, le feu est éteint et les pipes déposées dans les « cachibis ».

Les élèves peuvent fumer sur le pont durant tous les repas et toutes les récréations pendant lesquelles il est permis de monter sur le pont.

Sur les corvettes ils ne peuvent fumer que pendant le dîner et le repas qui suit. À terre, soit aux Pupilles, soit sur le terrain de manœuvres, l'officier commandant peut autoriser le cigare ou la cigarette pendant les pauses.

Défense expresse de fumer dans la mâture, où les élèves ne peuvent d'ailleurs monter que lorsque le gabier de veille, désigné pour chaque mât, est à son poste.

En récréation, dit le règlement, les élèves doivent s'abstenir de tous jeux bruyants, de pousser des cris, de chanter, de se bousculer, de s'asseoir ou de fumer dans les sabords, et, dans la mâture, ils ne doivent pas marcher debout sur les vergues, ni s'affaler par des manœuvres.

Nous avons dit que le bilboquet était fort en honneur au Borda. Les élèves possèdent des bilboquets de toutes les dimensions, depuis ceux dont la boule ressemble à un boulet jusqu'au petit joujou à boule grosse à peine comme une orange. Quand il pleut, surtout, et que les élèves sont obligés de se réfugier sous l'avant-dunette, on voit anciens et fistots essayer de réussir les coups les plus difficiles, et quelquefois y parvenir.

 

 

C'est sur le pont que sont installés les appareils de gymnastique destinés à développer l'agilité des jeunes marins, ainsi qu'à fortifier leurs muscles. Sur l'avant du pont et sous le gaillard d'avant, se trouvent, séparés par une barrière du domaine des élèves, les filtres Pasteur pour obtenir l'eau pure destinée à l'alimentation. Là aussi sont installés le bureau de tabac ou cantine, l'atelier d'autographie, les caisses à eau douce, celles à eau chaude pour les bains, les chambres du maître de manœuvre et du chef de timonnerie [nn ancienne orthographe] du [310] Borda, la petite pompe à vapeur qui sert à vider la cale, et les mouilleurs des ancres.

Dominant le pont sont : à l'arrière, la dunette ; à l'avant, le gaillard d'avant.

La dunette, dont l'accès est interdit à l'équipage, est réservée aux officiers et aux élèves lorsqu'ils vont prendre hauteur. Toutefois la partie de la dunette située au-dessus des amphithéâtres et limitée par une balustrade est accessible aux élèves pendant les récréations.

C'est là que le soir, à la prière, se forment les escouades des anciens, sur deux rangs, le dos tourné aux bastingages où sont leurs hamacs, tandis que sur le pont, les fistots prennent la même formation.

Sur la dunette même, entre le mât d'artimon et le caisson aux pavillons, se trouvent le compas de route, le coffre aux signaux télégraphiques et le compas Thompson.

À la corne du mât d'artimon, chaque matin, à huit heures, sont hissées les couleurs nationales.

Au signal donné par le bâtiment qui commande la rade, le pavillon tricolore est hissé. Les factionnaires aux coupées déchargent leurs fusils et, sur le pont, les tambours et les clairons battent et sonnent aux champs, pendant que tout le monde se découvre.

Spectacle grandiose dans sa simplicité, le hissement des couleurs fait toujours battre le cœur de tous ceux qui y assistent. Cet hommage rendu au drapeau vénéré, doublement sanctifié par la victoire et par les revers, à ce drapeau dont les plis flottants sont toujours le symbole de la patrie absente, ne laissent jamais indifférents ceux qui en sont témoins, pour si souvent qu'il se renouvelle !

Le soir, à la tombée de la nuit, les couleurs sont amenées [sic !] avec le même cérémonial.

Le gaillard d'avant est exclusivement réservé à l'équipage. Tout le long des bastingages, de la poupe à la proue, partent les garants des canots suspendus autour du vaisseau.

Nous venons de décrire toutes les parties hautes du vaisseau, sauf la mâture, dont le détail nous entraînerait trop loin, et qui, sauf sa réduction à la valeur d'une mâture de frégate, ressemble à celle de tous les autres bâtiments. Un seul détail est particulier au Borda ce sont les filets, dits [312] filets de casse-tête, tendus au-dessous des vergues, afin de retenir sans danger dans leur chute, les élèves qui viendraient à tomber dans leurs exercices de manœuvre ou pendant les récréations.

Si, après être redescendu dans la batterie basse et avoir admiré à l'avant les cuisines où se préparent séparément les repas du commandant, des officiers, des élèves, des maîtres et de l'équipage, nous descendons dans le faux pont par l'échelle de l'équipage, nous rencontrons d'abord, à l'avant, le poste de l'équipage, celui des seconds maîtres et des chambres d'adjudants ou de maîtres. Plus loin, en continuant vers l'arrière, les vestiaires des élèves, séparés l'un de l'autre par une cloison grillée.

 

 

Ces vestiaires se composent d'une série d'armoires à trois étagères, dans lesquelles les élèves enferment leur trousseau et leurs objets de toilette, suivant la disposition réglementaire suivante :

Sur l'étagère du haut le linge propre ; sur celle du milieu, les vêtements en drap ; sur l'étagère du bas le sac à linge et les chaussures. Une filière reçoit les objets de toilette.

L'arrière du faux pont, auquel on accède par une échelle spéciale partant de la batterie basse, renferme les salles de police au nombre de six : quatre prisons et deux cachots.

 

 

Un factionnaire veille à empêcher toute communication entre les élèves punis. Au-dessous du faux pont, et plus bas que la ligne de flottaison, se trouvent les cales, renfermant la première : le magasin général, les soutes aux filins, la cave ou coqueron des officiers, les cambuses des élèves et de l'équipage ; la seconde : la cale à eau, les soutes au charbon ct aux voiles, celle du maître ­charpentier, et les soutes à vin des élèves et de l'équipage.

Enfin, tout au fond, sur la quille même du bateau, repose le lest formé d'épaisses couches de gueuses ou longues galettes en fonte.

Quelle différence avec ce qu'était l'ancien Borda [Commerce-de-Paris : Borda I], trois-ponts rasé d'une batterie, où les élèves, entassés, étaient dans de déplorables conditions hygiéniques, où la batterie basse, coupée en deux par une cloison longitudinale servait à la fois d'étude, de dortoir, de réfectoire et de lavabo ! Des tables pour dix couverts, suspendues au plafond, étaient descendues au moment des repas. La batterie haute contenait les salles de cours sans gradins, bien moins élevées que celles du Borda actuel [Borda II : Valmy, déclassé en 1890], et séparées par une cloison transversale percée de nombreuses portes. [314]

La messe se disait dans l'amphithéâtre le plus rapproché de l'avant, où se trouvait l'autel. Du côté tribord des salles de cours étaient les cabinets de physique, de machines et d'hydrographie, ainsi que la sacristie.

A bâbord, la bibliothèque était séparée de la muraille du navire par une coursive.

La batterie d'artillerie tenait la partie du vaisseau située entre les salles de cours et les chambres d'officiers à l'arrière.

En résumé l'installation laissait beaucoup à désirer et par suite de l'accumulation, dans un même endroit, de services bien différents les uns des autres, les éludes des jeunes élèves se trouvaient souvent dérangées, en même temps que leur santé pouvait en souffrir.

Le lecteur qui nous a suivi dans cette longue description, peut se rendre compte du véritable monde en miniature que contiennent les flancs du Borda. Si nous ajoutons que toutes ces parties, si diverses d'aspect, du bâtiment sont, chaque jour, lavées, nettoyées, grattées par les soins de l' équipage, on comprendra, sans peine, que la tâche qui incombe aux officiers chargés de la surveillance d'un si vaste détail est loin d'être petite, et que les familles dont les enfants sont à bord, doivent une profonde reconnaissance à ceux dont l'attention de tous les instants est dirigée vers tout ce qui peut contribuer à la bonne santé de corps et d'esprit des jeunes gens confiés à leurs soins. [316]

 

Extrait de HEN : Histoire de l’École navale (et des institutions qui l’ont précédé), [un ancien officier : Géraud(-)Bastet alias Flavien Pech de Cadel, ESM 1870] p. 303 à 316.

Une lecture attentive de ce texte permet de relever quelques faits importants : première division = anciens, deuxième division = fistots ; chaque division avait son enculant, etc. Le Borda décrit est l’avant-dernier : l’ex-Valmy = Borda II.

Pour le dernier Borda (III, ex-Intrépide), la Coupe longitudinale d’après les souvenirs de MM. Dupré, de Corbière, Orlandini, Bruyon & Zizy illustre naïvement, mais exactement les derniers emménagements.

 

Aperçu / Le vaisseau école Borda avec légendes

 

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