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Extrait de « la Marine nationale au féminin de 1943 à nos jours
» de Lucile Clémens-Morisset (éditions Alan Sutton)
L'Appel du 18 juin
18
juin 1940… L'appel du général de Gaulle.
Il est entendu par des hommes refusant le joug germanique, mais
aussi par des femmes ne désirant pas se cantonner au seul rôle
d'épouse et de mère de famille que la société veut bien leur
assigner. Certaines vont prendre leur destin en main, et
l'associer à celui de la France.

La branche marine comprend tout d’abord 115 femmes : les
premières “marinettes”. Appelées “Sections Féminines de la
Flotte”, le 9 septembre 1943, on les nommera finalement
“Services Féminins de la Flotte”, plus connues sous le diminutif
de S.F.F. Leur statut est fixé le 13 janvier 1944.
Le rôle des S.F.F. est avant tout de remplacer le personnel
militaire masculin, qui, ainsi dégagé des postes sédentaires
peut intégrer les unités combattantes qui luttent contre les
forces de l'Axe.
Certaines d’entre elles ont expérimenté la vie sur le terrain,
ayant eu la possibilité de partir en opérations.
On évoque souvent la très célèbre 2ème Division Blindée, ou
division Leclerc qui arriva la première à Berchtesgaden après
avoir effectué toute la campagne de France, mais peu connaissent
l'existence en son sein d'un groupe de marins et encore moins
des marinettes qui les accompagnaient.
Le 7 mai 1944 une équipe d'ambulancières S.F.F. est constituée
au poste de secours régimentaire du RBFM. Elles seront chargées
de donner les premiers secours aux blessés et d'assurer
l'évacuation de ceux-ci vers le bataillon médical situé plus à
l'arrière de la ligne de front. J'ai eu la chance de retrouver
(l’une d’entre elles), qui a accepté de me livrer son
témoignage.
…Les jeunes
femmes attendent de retrouver le Régiment Blindé des Fusiliers
Marins. Le 16 mai, enviées par les autres filles, elles ont la
joie de recevoir de beaux insignes de fusiliers marins. Dès le
lendemain elles déjeunent à Assi Ben Okba avec le RBFM.
Le 20 mai, les ambulancières embarquent sur un navire anglais,
le Cape Town Castle, qui fait partie d'un convoi de quinze
bateaux, afin de se rendre dans un premier temps à Liverpool.
Avec elles, se trouve une autre équipe d'ambulancières, les
Rochambelles.
Le 22 juin
les marinettes entrent brutalement dans la vie du camp. On leur
impose des exercices militaires qui débutent à 7h30, apprenant à
marcher en ordre serré, à faire des demi-tours où elles se
retrouvent souvent face à face ! On ménage tout de même le petit
groupe pour qui les exercices ne sont pas trop ardus ! Elles ont
regretté plus tard de ne pas avoir appris des choses plus
pratiques : savoir reconnaître, par exemple, une grenade
dégoupillée.
Les
ambulancières attendent avec impatience le débarquement, mais
redoutent par ailleurs de découvrir leur pays en partie détruit.
Elles ignorent ce qu’elles vont trouver et se posent souvent la
question…
Dans la nuit
du 5 au 6 juin 1944 se fait entendre le vrombissement des
moteurs : il y a un énorme passage d'avions au-dessus de leurs
têtes. Elles se doutent alors que le moment approche. Mais elles
doivent encore attendre.
Ce n’est que le 2 août 1944, par beau temps, qu’elles arrivent
sur le sol de France. Elles s’échouent sur la plage de Grand
Camp, autrement appelée Utah Beach. L'un des marins saisit son
clairon et joue la Marseillaise. Le moment est émouvant.
La division Leclerc gagne le sud-ouest du Mans sur le flanc
gauche de l'armée allemande. Le RBFM est réparti dans les trois
groupes tactiques qui la composent.
Les S.F.F. remplissent leur périlleuse mission. Vêtues de tenues
de l'armée de terre américaine, au volant de leurs ambulances,
elles évitent de songer aux tirs de l'ennemi et aux mines qui
jalonnent les routes.
La
population les accueille chaleureusement.
Dans la nuit du 8 au 9 août à minuit, le groupement Dio est
victime de bombardements et de mitraillages de la part de
l'aviation allemande. (Le groupe des marinettes) en sort
indemne, alors que l’on compte par ailleurs 21 blessés et 3
morts. Peut-être mue par une intuition toute féminine,
(l’officier SFF) avait sommé ses ambulancières de rester sous
les pommiers où elles s’étaient d’abord garées, refusant
l'emplacement qu’on leur avait attribué par la suite. Les
pommiers furent épargnés alors que l’endroit refusé fut
fortement touché.
Le
rôle des ambulancières est de récupérer les nombreux blessés et
de les amener vers un centre de “triage et traitement”. Par la
suite les hommes sont envoyés vers un hôpital américain.
On peut quelquefois leur demander de porter des messages à
l'état major. C’est ainsi qu’un jour elles prennent une carte et
choisissent le chemin le plus court, peu informées des
mouvements des véhicules ennemis ! Soudain, elles aperçoivent
une Jeep des fusiliers marins qui arrive rapidement derrière
elles. Intriguées, elles s’arrêtent et apprennent qu’il y a un
Tigre, un de ces redoutables chars allemands, à deux virages de
là !
Le 25 août elles
ont la joie de participer à la libération de Paris. (…)
Les Parisiens les reçoivent formidablement bien. On les invite à
manger et certains sortent même du foie gras et du bon vin, mets
de choix qui ont pu échapper à l'ennemi !
Traversant la Moselle les ambulancières se rendent à Flins, au
bord de la Meurthe. Leur médecin, M. Moretti se voit contraint
d’amputer un blessé sans anesthésie, à même le sol, pas même
recouvert de macadam, mais de simples cailloux. Le patient est
terriblement choqué, son bras est très abîmé. Elles le
récupèrent dans leur ambulance afin de l'amener au “triage et
traitement”, mais il commence à s'évanouir. Le seul remontant
dont elles disposent est de l’alcool de mirabelle ! L'une des
ambulancières a retrouvé cet homme beaucoup plus tard, après la
guerre, en parfaite santé. Il l'avait reconnue !
Le 12 novembre les ambulancières participent à un déjeuner avec
le RBFM durant lequel on octroie de nouveau au régiment la
fourragère rouge, celle de la légion d'honneur. Leclerc, qui au
départ avait une prévention contre les marins, les considérant
comme des Vichystes, leur avait interdit de l'arborer. Mais il
était revenu sur ses positions, constatant que les fusiliers
avaient abattu de nombreux chars, et reconnaissant leur
bravoure. Dès lors, il autorise de nouveau le RBFM, dont les
marinettes font partie, à porter cette fourragère, que les
fusiliers marins avaient gagné durant la première guerre
mondiale, lors des combats sur l’Yser.
La campagne d'Alsace avec la prise de Strasbourg s'avère
difficile mais le RBFM s’y distingue par son ardeur au combat.
La résistance ennemie est terrible et les bombardements sévères
: le 3ème escadron est bombardé à la cadence moyenne de 300
coups par jour à Gerstheim.
(Une ambulancière) passe Noël dans une cave, à Rhinau, en
bordure du Rhin. Les marins y ont descendu une cuisinière pour
faire cuire des aliments et se réchauffer. Le lendemain pourtant
le lait est gelé ! Ils fêtent Noël du mieux qu’ils le peuvent,
mais les Allemands ne sont pas loin et patrouillent.
Le 25 avril 1945 le RBFM au complet est acheminé vers
l'Allemagne. Le 2ème escadron prend part le 4 et le 5 mai à la
prise de Berchtesgaden, tandis que le reste du régiment va
cantonner dans l'ouest de l'Ammerzee.
Le RBFM a été cité deux fois à l'ordre de l'armée. Son 4ème
escadron a été cité à l'ordre de l'armée pour son action à
Dompaire, le 3ème escadron a été cité à l'ordre de la division
pour son action à Royan.
Les hommes qui ont côtoyé les ambulancières ont d’abord été
surpris de leur arrivée, puis conquis par leur bravoure, leur
témérité et leur dévouement. Il y a eu d’ailleurs de nombreux
articles de journaux à l’époque pour en témoigner. Mais j’ai
préféré recueillir les éloges qui leur ont été faits de la
bouche même d’un ancien fusilier du RBFM.
Il était second maître durant la campagne de France, chef de
protection du peloton, c'est à dire aux côtés d'un blindé durant
son avance, celui-ci étant “aveugle” et “sourd”: « Nous avons
fait connaissance avec les marinettes en Angleterre. Nous avions
été un peu surpris en apprenant que des femmes allaient se
joindre à nous. Comme la plupart des hommes nous pensions que la
guerre n'était pas une affaire de femmes, même si elles ne
venaient pas pour se battre. Très vite nous avons été conquis
par leur extrême gentillesse et leur grand courage. Nous avions
beaucoup de respect pour elles, et jamais nous n'aurions touché
à une marinette. Elles étaient nos « petites sœurs », c'est
ainsi qu'on les surnommait. Elles nous apportaient un grand
soutien moral, d'autant plus qu'elles n'avaient jamais peur, ou
en tout cas, elles n'en montraient rien. Certaines étaient très
croyantes et je me souviens que deux d'entre elles, au milieu
d'un champ, vers Sées, ont prié Sainte Geneviève avec ferveur
afin qu'elle protège Paris. »
C’était sans doute peu avant le 25 août !
…en 1945 une poignée de femmes persévère dans ce métier alors
que la plupart mettent fin à leur carrière militaire : d’une
part la Marine démobilise, d’autre part, il est peu courant en
ces années-là qu’une femme mariée conserve son emploi.

Source
https://www.marinettes-et-rochambelles.com/
Il n'en reste plus que 700 début 1946, 125 en 1947. Pourtant la
guerre d’Indochine se profile à l’horizon. La Marine nationale
s'y engage.
Une équipe
de vingt et une ambulancières embarque sur l'Eridan, en
direction de ce qui est encore une colonie française. Leur
contrat se prolonge afin de servir en Asie. Tout en affrontant
un climat difficile les S.F.F. s’occupent non seulement des
blessés et des malades, mais aussi des foyers où les hommes
peuvent se détendre et boire un coup. De même, elles s'occupent
de la correspondance et des expéditions de colis des marins,
assurant même le transport du courrier jusque dans les stations
fluviales les plus isolées. Elles ont en charge l'enterrement,
sur place, des défunts ne pouvant être rapatriés.
La dernière marinette quitta le sol d'Indochine en 1956. Là
encore leur présence maternelle et leurs attentions ont permis
d'apporter soulagement et réconfort aux marins.
En savoir plus :
https://www.marinettes-et-rochambelles.com/

Cols bleus /
https://www.colsbleus.fr/fr/les-marinettes-heroines-oubliees-de-la-seconde-guerre-mondiale-1

Lien web
Témoignage de Bernard Dulou, ancien mousse maistrancier,
infirmier de la marine 1965-1971.
Les Infirmières qui étaient restées après 1960 dans le SFF, ,
étaient officiers ,infirmières major dans les services des
hôpitaux maritimes: Mes souvenirs de quelques unes à l’Hôpital
maritime de Sainte Anne à Toulon , , Momusson, dite Momu ,
madame Delaporte, infirmière major de la chirurgie et post
opérés, , Madame Mivielle infirmière au CERB avec le professeur
Laborit, , madame Berrato , officier féminin de 1ère classe,
infirmière major de la chirurgie viscérale, mademoiselle
Pernodet, en médecine générale, d’autres dont je ne ma souviens
plus du nom, elles étaient pour nous, jeunes engagés, des mères,
parfois des grands-mères, toutes respectées et craintes ,la
plupart mariées à des médecins de la marine ou des officiers
mariniers infirmiers . Nos après midi se passaient à fabriquer
des compresses avec des bandes usagées, et elles nous
racontaient leur aventures à bord du PASTEUR et autres en
Indochine. Parfois elles nous chantaient aussi des chansons,
nous étions dans la grande famille du Service de Santé de la
Marine.



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