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Officiers et anciens élèves -
Alexandre Etienne Denis SALLOT des
NOYERS
(1819 - 1893)
Né le 15 septembre 1819
à BOURGES (Cher) - Décédé le 10 janvier 1893 à BOURGES (Cher)
Grand-père de
Louis de Corlieu
Entre dans la Marine en 1834
Aspirant le 19
septembre 1836
Enseigne de vaisseau le
16 décembre 1840
Lieutenant de vaisseau
le 19 octobre 1847
Chevalier de la Légion
d'Honneur; port TOULON.
Capitaine de frégate le
16 août 1862
Officier de la Légion
d'Honneur le 29 octobre 1864
Commande le transport à
hélice TARN affecté aux transports entre Suez et Saigon, en 1870
Extrait Journal du Cher
/ 11 janvier 1893
A écrit :
Instructions nautiques
sur les côtes de Corse
Autres informations
transmises par François Sallot des Noyers / CV (H intra) :
Alexandre Etienne Denis
Sallot des Noyers naquit à Bourges le 15 Septembre 1819. Ancien
élève de l’Ecole navale, il était capitaine de vaisseau, officier de
la Légion d’honneur et de l’ordre de Saint-Maurice et Saint-Lazare.
Il mourut le 10 Janvier 1893.
Au service de la politique étrangère mesurée de la restauration qui
prend à rebours une opinion publique majoritairement belliciste, la
marine remplit une triple mission de présence sur les mers, de
défense des intérêts commerciaux et d’outil privilégié de
l’expansion coloniale. Sous l’impulsion du baron Portal, ministre de
la marine, et d’amiraux brillants comme Jurien de la Gravière, la
monarchie de Juillet reconstitue progressivement une marine
hauturière apte au combat.
L’évolution technique reste toutefois relativement lente. Les
premiers bâtiments à propulsion à vapeur, tels le Sirius,
apparaissent vers 1828. Ils conservent cependant leur gréement à
voile. Il faut attendre 1853 pour que la marine, sous l’influence du
prince de Joinville, fils du roi Louis Philippe, et de Dupuy de
Lôme, dispose avec le Napoléon d’un bâtiment de combat à vapeur de 5
000 tonnes filant quatorze nœuds. La modernisation de l’artillerie,
tirant des projectiles explosifs chargés par la culasse, et
l’utilisation du blindage s’imposent avec l’expérience de la guerre
de Crimée (1853-1854). La frégate à vapeur La Gloire lancée en 1858
est l’ancêtre du cuirassé moderne.
La formation des officiers de marine est réformée par l’ordonnance
du 1er Novembre 1830. Le collège d’Angoulême est remplacé par
l’Ecole navale installée à bord d’un vieux vaisseau mouillé en rade
de Brest, l’Orion puis le Borda. Les élèves sont recrutés sur
concours. Après deux années d’études à Brest, ils s’amarinent grâce
à de longues périodes d’embarquement. Les grandes expéditions
scientifiques qui avaient été interrompues par les guerres
napoléoniennes reprennent. Sébastien Dumont d’Urville (1790-1842)
puis Cyrille Laplace (1793-1875) commandent de nombreuses
circumnavigations qui sont autant d’occasions de montrer le
pavillon, de former les futurs officiers et d’entraîner les
équipages à la manœuvre.
Alexandre Etienne Denis est nommé le 17 Octobre 1834 élève payant à
l’Ecole navale. La sélection des futurs officiers procède d’un
concours à base de mathématiques. Elle est très sévère puisque seul
un candidat sur huit est admis contre un pour cinq à l’Ecole
polytechnique. Il est nommé aspirant le 19 Septembre 1836.
Il embarque pour une campagne de plus de trois ans, de 1837 à 1840,
à bord de l’Artémise. Cette frégate de 52 canons est commandée par
le capitaine de vaisseau Cyrille Laplace. Alexandre y “passe la
ligne” le 9 Mars 1837. Après les Antilles, New York et Terre-Neuve,
l’Artémise fait route au Sud-est, contourne l’Afrique, fait escale
en Arabie et au Bengale puis navigue jusqu’à Macao en Chine. Laplace
est envoyé à Tahiti afin de défendre la liberté de culte menacée par
le pasteur Pritchard (1796-1883), consul d’Angleterre, qui avait
fait expulser les missionnaires catholiques français. Pritchard
avait ensuite tenté de convaincre la reine Pomaré IV d’accepter le
protectorat britannique et d’imposer le protestantisme comme
religion d’état. A l’approche de brisants devant Tahiti, Laplace
néglige les avertissements répétés d’Alexandre qui est à la vigie
dans les vergues du mât de perroquet. L’Artémise talonne dans la
baie de Taunoa le 22 Avril 1839. Elle doit être abattue en carène
pour permettre la réparation de la coque et du gouvernail arraché de
l’étambot. Reprenant son périple deux mois plus tard, l’Artémise
fait escale à Honolulu aux Iles Sandwich le 9 Juillet 1839 après que
les chefs coutumiers aient chassé deux missionnaires catholiques
sous la pression d’évangélistes américains. Laplace menace de
bombarder Honolulu puis négocie avec les chefs coutumiers un traité
qui est signé le 17 Juillet 1839 par le roi Kamehameha III. Cet
accord donne à la France le traitement de la nation la plus
favorisée. Après avoir relâché en Californie, l’Artémise double le
cap Horn puis regagne Lorient le 14 Avril 1840 (4). Alexandre
débarque le 5 Mai 1840 pour embarquer sur l’aviso à vapeur Le
Grégeois (5).
Il est nommé enseigne de vaisseau le 16 Décembre 1840. Embarqué à
bord du brig Le Pylaie, Alexandre semble s’y faire remarquer par son
inaptitude à gérer la “gamelle”, c’est-à-dire les fonds destinés à
la subsistance du carré des officiers, ce qui lui vaut un certificat
vengeur établi au Mexique le 19 Juillet 1847 par ses pairs, victimes
affamées de son administration défaillante.
Il est promu lieutenant de vaisseau le 19 Octobre 1847. Il prend le
commandement de l’aviso à vapeur Le Passe-Partout le 28 Juillet
1859. Il reçoit le 8 Mars 1860 les félicitations du ministre de la
Marine pour le dévouement de son équipage lors du sauvetage devant
Bastia des naufragés d’un paquebot de la compagnie Valéry, La Louise
(6). Il est fait chevalier de la Légion d’honneur.
Nommé capitaine de frégate le 16 Août 1862, il est promu officier de
la Légion d’honneur le 29 Octobre 1864. Il prend le 15 Septembre
1868 le commandement du transport à hélice Le Tarn, affecté à la
division navale de Cochinchine (7). Il est nommé le 22 Novembre 1870
au commandement de la frégate à voile La Sybille par le Gouvernement
de la défense nationale replié à Tours à la suite de l’invasion de
la France. Il reçoit le 17 Janvier 1871 des instructions pour une
circumnavigation destinée à porter des approvisionnements en Océanie
et conduire un convoi de forçats au bagne de Nouvelle Calédonie: il
s’agît de condamnés de droit commun, les communards n’ayant été
déportés qu’à partir de 1872. Il appareille de Toulon le 23 Janvier
1871. Ses ordres de route prévoient le retour par Tahiti,
Valparaiso, le Cap Horn et Montevideo ou Sainte-Hélène. Au mouillage
de Tahiti le 18 Juillet 1871, il est invité à une fête coutumière
donnée par la Reine Pomaré IV qui a, grâce aux efforts du capitaine
de vaisseau Abel Aubert Dupetit-Thouars, accepté le protectorat
français en 1842. Le capitaine de vaisseau Alexandre Sallot des
Noyers a laissé d’importants travaux hydrographiques et plusieurs
volumes d’instructions nautiques publiés par le Dépôt des cartes et
plans de la marine (8).
(4): Voir la thèse remarquable de
Géraldine Barron, chartiste, archiviste paléographe: “Les voyages
autour du monde de Cyrille-Pierre-Théodore Laplace: les campagnes de
la Favorite (1829-1832) et de l’Artémise (1837-1840)”, Ecole
nationale des Chartes, Paris, 1999, p.p. 158 sq. L’Artémise est une
frégate de deuxième rang de la classe Atalante. Lancée à Lorient en
1828, elle jauge 2 300 tonneaux pour une longueur de 52 mètres. Elle
appareille de Toulon le 21 Janvier 1837 pour une circumnavigation de
trois ans. Rentrée à Lorient en très mauvais état le 14 Avril 1840,
elle est condamnée. Transformée en ponton, elle est renommée
l’Arc-en-ciel et sert jusqu’en 1884.
Le peu d’intérêt manifesté par la France aux Iles Sandwich après
Laplace permit aux États-Unis d’y asseoir durablement leur
influence. En 1887, la rade de Pearl Harbor leur était concédée.
Hawaii fut annexée à la suite d’un coup de force fomenté en 1893 par
des planteurs d’origine américaine. Le président Eisenhower fit de
l’archipel d’Hawaii le cinquantième état de l’Union en 1959.
(5): Le Grégeois est l’un des 23 avisos à vapeur de la classe
Ardent. Lancé à Cherbourg en 1839, il a une longueur de 48 mètres et
déplace 910 tonnes à pleine charge. Sa machine à vapeur de 320
chevaux construite à Indret, sur la Loire en aval de Nantes, meut
deux roues à aubes qui lui donnent une vitesse de 8 nœuds. Il est
gréé en trois-mâts à voile. Son équipage est de 100 officiers,
officiers-mariniers et marins. Il est armé de 6 caronades de 24 et
de 2 obusiers de 160.
(6): Le Passe-Partout est un aviso à vapeur lancé aux chantiers
navals d’Indret en 1846. Construit avec une coque en fer, il a une
longueur de 39 mètres et déplace 238 tonnes. Sa machine à vapeur
Indret à cylindres oscillants meut une hélice qui lui confère une
vitesse de 11,5 nœuds. Il est armé de 2 caronades de 12. Il commence
sa carrière comme yacht royal en 1848. Transféré en 1851 au
Ministère des finances, il sert de paquebot postal entre le
continent et Ajaccio. Réarmé par la Marine en 1855, il est affecté à
l’inspection du balisage des côtes de Corse. Sous le commandement du
lieutenant de vaisseau Alexandre Sallot des Noyers, l’équipage du
Passe-Partout sauve un certain nombre de naufragés de La Louise qui
sombre par mauvais temps devant Bastia dans la nuit du 22 au 23
Février 1860. La Louise était un paquebot à vapeur de 55 mètres qui
assurait la liaison entre Livourne et Bastia.
(7): Après avoir participé à la guerre de l’opium au côté des
anglais en Chine, l’amiral Rigault de Genouilly prend Tourane puis
Saigon en 1859 afin de protéger les chrétiens d’Indochine persécutés
par l’empereur Tu Duc. Confronté à des mouvements de rébellion
intérieure, Tu Duc accepte de céder à la France les trois provinces
du Sud-est de la Cochinchine par le traité de Saigon signé en 1862.
Le Tarn est un transport rapide à vapeur de la classe Aveyron. Il a
été conçu pour embarquer une unité de cavalerie avec 200 chevaux.
Construit à Toulon, il entre en service en 1868. Il a une longueur
de 87 mètres et déplace 3 878 tonnes. Sa machine à vapeur de 1 700
chevaux lui confère une vitesse de 11,5 nœuds. Il est gréé en
trois-mâts avec une voilure de 1 967 m2. Son équipage est de 213
hommes. L’armement d’origine comporte 4 canons de 14.
La Sybille est une frégate à voile dite de deuxième rang de la
classe Atalante. Lancée en 1847 à Toulon, elle jauge 2 300 tonneaux
pour 52 mètres de long. Elle porte 1 849 m2 de toile. Elle est armée
à Toulon en 1851. Son équipage est de 470 hommes et elle peut
embarquer 200 passagers. A son retour de la circumnavigation de 1871
commandée par le capitaine de frégate Alexandre Sallot des Noyers,
elle est provisoirement désarmée à Toulon.
(8): Le capitaine de vaisseau Alexandre Sallot des Noyers a rédigé
ou traduit et mis à jour les instructions nautiques suivantes: “Le
pilote de la Manche, côtes Sud et Sud-Ouest de l’Angleterre, du Cap
Trevose au North Foreland” (1863), “Le pilote de la
Nouvelle-Zélande” (1865), “Les instructions nautiques sur les côtes
de Corse” (1865), “Instructions sur les îles et les passages du
Grand Archipel d’Asie” (1867), “Mer des Antilles et Golfe du
Mexique” (1876). En 1876, il est membre du comité hydrographique
présidé par le vice-amiral Jurien de la Gravière, directeur du Dépôt
des cartes et plans de la Marine.
Remerciements Olivier Lucas
Remerciements François
Sallot des Noyers
Remerciements Bernard
Dulou
Remerciements Stéphane
Giran
Remerciements à Gilles Jogerst / Généamar pour ses recherches
et la mise à disposition de ses données
http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviation-marine/marine-1914-1918/liste_sujet-1.htm
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