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Officiers et anciens élèves -
Alphonse MAÏTRE
(1833 - 1860)
Né le 17 novembre 1833
à VILLOTTE SUR OURCE (Côte d'Or)
- Décédé le 6 octobre 1860 à MACAO (Chîne aujourd'hui)
Fils de Joseph Maitre,
propriétaire et maire de commune et de Luce Geneviève Alexandrine
CLERY, son épouse
Situation matrimoniale
inconnue
Extrait Acte de décès

Entre dans la Marine en 1850.
Aspirant de 2ème classe
le 1er août 1852.
Enseigne de vaisseau le
1er septembre 1855; port TOULON.
Compagnon de voyage de
Louis HEULIN sur la Forte
pour se rendre en Chine, il va décéder quelques jours après lui.
Transcription : Extrait
Le Chatillonnais et L'Auxois / 10 janvier 1861
NOUVELLES LOCALES
Dans notre dernier
numéro, nous avons en quelques lignes, annoncé la mort de M.
Alphonse Maître ; nous nous empressons de publier aujourd'hui un
article qui fera plus complètement connaître notre regretté
compatriote.
NÉCROLOGIE.
Le dernier courrier de
Chine a porté dans notre ville une affligeante nouvelle : une lettre
datée de Shang Haï est venue, il y a peu de jours, annoncer à sa
famille éplorée la mort de M. Alphonse Maître, enseigne de vaisseau.
Qu’il nous soit permis,
dans cette triste circonstance, de consacrer quelques lignes à la
mémoire d’un enfant du pays, mort au service de la France dans des
contrées inhospitalières, victime d’un climat dur et meurtrier. Ce
sera moins l’exposé élogieux de faits honorant déjà une carrière qui
commençait à peine, qu’un souvenir sympathique adressé à un
compatriote, en réponse à une pensée d’adieu, échappée au moment
suprême de ses lèvres défaillantes.
Après quelques années
d’étude au collège de Châtillon, pendant lesquelles se révéla chez
lui un penchant prononcé pour la marine, M. Alphonse Maître était
entré à l’Ecole Navale, où il se fit remarquer par son aptitude et
son intelligence.
A peine en était-il
sorti comme l'un des élèves les plus distingués, qu’il fit dans les
années 1853, 1854, 1855 et 1856, cette belle campagne de la
Constantine, si variée, qu’elle peut, pour ainsi dire, résumer les
travaux divers qui constituent la vie du marin. Navigation
laborieuse et souvent pénible, découverte de terres nouvelles.
soumission de peuplades barbares, prise de possession de pays à
l’état sauvage, travaux hydrographiques, rien ne manqua à cette
brillante expédition, si ce n’est le combat naval. Et encore,
faut-il dire que l’occasion en fut ardemment recherchée ; car la
flotte russe stationnée dans les mers de Chine n'échappa à la
poursuite que grâce aux brumes si fréquentes dans ces parages.
M. Maître, en qualité
d'aspirant, prit sa part dans tous les dangers, dans tous les
travaux de celte laborieuse campagne : il fut d’ailleurs, pendant un
séjour de neuf mois à la Nouvelle-Calédonie, spécialement chargé,
avec deux de ses camarades, du relevé hydrographique de la côte
occidentale de cette île; et, ce n’est pas sans une juste
satisfaction que le commandant de l’expédition, qui avait dirigé ce
travail, citant dans son mémoire les noms de ceux qui l'avaient
aidé, s’empresse d’ajouter : « A la seule inspection de ce travail
de longue haleine, exécuté avec les seuls moyens de la corvette, on
comprend tout ce qu'il fallu trouver de zèle et de dévouement dans
mes collaborateurs, qui étaient chargés des sondes, pour obtenir un
résultat qui leur fait honneur. »
Rentré en France après
une campagne dans laquelle il avait su déployer les qualités qui
annoncent l’officier d’avenir, après quatre années de navigation
dans les mers des Indes, du Japon, de la Chine, d’Okotsk, etc., M.
Maître vint, avec le grade d’enseigne, qu'il avait bien gagné,
goûter quelque repos dans son pays, au milieu de sa famille et de
ses amis.
Mais bientôt, la guerre
venant à éclater entre la France et l’Autriche, il ne tarda pas à
s’embarquer pour prendre part à l’expédition d’Italie, espérant bien
qu’il y trouverait l'occasion de se distinguer. Il fut toutefois
déçu dans cet espoir; car, on le sait, la flotte devant Venise dut,
par suite de la paix de Villafranca, quitter son mouillage au moment
même où elle allait entrer en action. N’ayant pu rencontrer dans
cette campagne d'Italie ce qu’il avait espéré, ce qu’il désirait
tant, il s'attacha avidement, lorsqu'elle se produisit, à l’idée de
l’expédition de Chine.
Il avait déjà oublié
les rigueurs d’un climat meurtrier, auquel, dans son précédent
voyage, il avait eu à payer un premier tribut de souffrances; et,
dans sa généreuse ardeur, il n’eut de repos qu’après avoir, à force
de sollicitations, obtenu, comme une faveur, l’ordre de faire partie
de l’expédition, pour laquelle il n‘avait pas d’abord, été désigné.
Ce fut en décembre 1859 qu’il quitta son pays pour ne plus le
revoir. Embarqué à bord de la frégate La Forte, il partit plein
d’espoir et de volonté, quoique sa constitution se ressentit encore
des fatigues qu’il avait essuyées.
Arrivé à Shang-Haï, il
attendait avec impatience le commencement des hostilités, lorsqu’il
éprouva les premières atteintes de la maladie qui devait l'emporter.
Toutefois, il lutta courageusement contre le mal et ce n’est
qu’après deux mois de souffrances qu’il consentit à quitter son
bâtiment, pour aller à Macao, chercher à l’hôpital de la marine, des
soins que l'aggravation de sa maladie avaient rendus urgents.
Loin de sa famille et
de son pays,, auxquels, dans son inaction forcée, il songeait sans
cesse, il recevait au moins, à bord de la Forte, de ses camarades,
de ses chefs, tous devenus ses amis, les consolations qui pouvaient
adoucir ses tristes pensées. Chacun du fond du cœur voulait lui
venir en aide, car il était bon et dévoué, son caractère était
sympathique à tous : aussi, en annonçant à sa famille la triste
nouvelle de sa mort, le commandant du bâtiment se plaisait-il à dire
: « Tout l'étal major de la Forte s'associera à votre douleur, car
M. Maître était un digne et noble cœur qui ne comptait que des amis.
» Ce ne fut donc pas sans un grand serrement de cœur qu’il se sépara
d’amis, auxquels, il le savait, il touchait la main pour la dernière
fois.
Mais, il comptait, dans
cette triste épreuve, sur un soutien qui ne fait jamais défaut et
qui ne l'abandonna pas. Plein de confiance dans les promesses d’une
religion, dont, sur cette terre de Chine, les armes de la France
étaient allées servir la cause, il pensait à Dieu ; et, confondant
dans un même sentiment le devoir du chrétien et l'amour filial, il
voulut envoyer à sa mère, comme dernière consolation, l’annonce
d’une fin chrétienne.
Malgré des soins
dévoués, malgré l'énergie peu commune d’un caractère fortement
trempé, sa constitution épuisée dut enfin succomber dans la lutte;
M. Maître rendit son âme à Dieu le 6 octobre dernier à l'âge de 26
ans ! Et, si loin du pays natal, son cercueil ne put être entouré
des pieuses affections de la famille, au moins reçut-il de l’armée,
cette autre famille à laquelle il appartenait, les honneurs
militaires qui lui furent rendus par les troupes Françaises et
Portugaises présentes à Macao. Qu’il repose donc en paix ! qu’il
repose à l’ombre de la croix désormais respectée dans ces lointains
parages, et, que sa tombe, avec celles de tant d'autres généreux
enfants de la France, morts comme lui dans cette laborieuse campagne
de Chine, marque une étape de plus dans la marche de la civilisation
chrétienne !
Jules BEAUDOUIN.
Remerciements
Christophe Canivet
Remerciements Stéphane
Giran
Remerciements Gilles
Tribouillard
Remerciements à Gilles Jogerst / Généamar pour ses recherches
et la mise à disposition de ses données
http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviation-marine/marine-1914-1918/liste_sujet-1.htm
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