- Biographie de Fusiliers marins et Commandos -
Georges PAILLET

Badge N° 80
Né le 3 juin 1920 à MANTES (Seine et Oise)
Décédé le 9 janvier 1955 à TOULON (Var)
Inhumé à Nantes (Loire Atlantique), cimetière Pont du Cens
Matricule 10655FN40
S’engage dans la France Libre en juillet 1940.
Intègre le 2ème B.F.M., puis volontaire pour les Commandos.
Participe au Raid sur Quineville (50) du 26 et 27 Décembre 1943.
Embarque à Newhaven (GB) et a pour mission de découvrir et obtenir des
renseignements complets sur des armes et des pièges dont le métal
employé dans la fabrication de l’obstacle anti-char, le fameux élément
"C" que les Allemands utilisaient dans le système de défenses sur les
côtes françaises.
Le 6 Juin 1944, prend part au débarquement sur la plage de
Colleville-sur-Orne (Colleville-Montgomery) (14)
Libère Ouistreham, le passage de l’Orne (Pégasus Bridge), Amfreville,
Bavent et son bois, le passage de la Dive et l’Épine.
1er septembre 1944

En novembre 1944, débarque à Flessingue, sur l’île de Walcheren


8 février 1945 / Colijsnplaat - Troop 5 - Numéro 5
Remerciements légende / JP Hélias

Remerciements Julien Bessou

29 mai 1945

Carrière militaire
En Indochine

Avec Marcel Vigouroux - Indochine
A son décès, maître fusilier
Décédé d'une crise cardiaque.
Marié à Anna Pennarun
Cimetière de Pont de Cens / Nantes

Remerciements Photo /
Tif@b de Nantes
Complément / Article paru le 6 juin 2025 sur 78actu
Yvelines : sur les traces du commando Georges Paillet, héros du
Débarquement en Normandie mort à 34 ans
Georges Paillet, né à Mantes (Yvelines), est l’un des 177 Français à
avoir été du Débarquement, le 6 juin 1944. Son souvenir s’était perdu.
C’est le Jour-J pour lui rendre hommage.

©Photo fournie par la famille Paillet
Georges Paillet et son épouse Anna Pennarun, le jour de leur mariage, le
20 juin 1953, à Hourtin (Gironde). Un bonheur brisé moins de deux ans
plus tard. Le béret vert né à Mantes (Yvelines) est décédé à l’âge de 34
ans.
Par David Goudey
C’est son autre Jour-J. Le jour où son souvenir sera enfin rappelé à la
mémoire des habitants de Mantes-la-Jolie (Yvelines), 81 ans après sa
participation, le 6 juin 1944, à la plus grande offensive militaire que
le Monde ait jamais connue : le Débarquement en Normandie.
De Georges Paillet, nous ne connaissions rien. Nous n’avions même jamais
entendu parler de lui jusqu’à la visite d’un agent de la sous-préfecture
de Mantes-la-Jolie, mi-avril 2025 dans notre rédaction. L’ancien
militaire venait de faire un passage émouvant par le musée du commando
n° 4, à Ouistreham (Calvados).
Ce lieu de mémoire et de pèlerinage est consacré au D-Day. Il retrace
essentiellement l’action des forces franco-britanniques à
Colleville-sur-Orne (aujourd’hui Colleville-Montgomery – Calvados), de
leur arrivée sur la plage de Sword Beach jusqu’à la prise du casino
Riva-Bella de Ouistreham par le premier bataillon de fusiliers marins
commandos (1er BFMC) commandé par le capitaine de corvette Philippe
Kieffer.
Le fameux commando Kieffer et ses 177 hommes, 177 héros et seuls
Français à participer à l’offensive alliée venue de la Manche qui allait
changer le cours de la guerre. Une poignée d’hommes, à l’échelle des
forces mises en mouvement lors du Débarquement, dont Léon Gautier,
disparu en 2023 à l’âge de 100 ans, a été le dernier survivant. Leur
chef, Philippe Kieffer, s’était déjà éteint depuis bien longtemps, en
1962, à l’âge de 63 ans.
Georges Paillet, présenté comme né le 3 juin 1920 à Mantes-la-Jolie (ou
plutôt Mantes-sur-Seine à l’époque) dans toutes les bibliographies,
était leur frère d’arme. L’un des 177. Son souvenir, ici dans les
Yvelines, s’était évanoui. Même Les Amis du Mantois, qu’il est pourtant
difficile de prendre à défaut sur l’Histoire du territoire et de ses
« illustres », ont séché lorsque notre rédaction a contacté
l’association pour essayer d’en apprendre plus sur le béret vert. Nous
pensions pourtant avoir frappé à la bonne porte.
Retracer son histoire : un défi
À partir de ce moment-là, un compte à rebours s’est enclenché. Une
véritable course contre-la-montre. Jour-J : le vendredi 6 juin 2025.
Manquer ce rendez-vous aurait été un crève-cœur. Pour notre rédaction,
une aventure commençait, un défi, incertain, s’annonçait : retracer la
vie de Georges Paillet.
Presque une gageure quand on sait que notre héros local est mort
prématurément, le 9 janvier 1955, avant même son 35e anniversaire. Et à
Toulon (Var), dans des circonstances alors inconnues pour nous, avant
d’être inhumé à Nantes (Loire-Atlantique), pour épaissir encore un peu
plus le mystère.
Fils d’une couturière et d’un cheminot
Son acte de naissance, que nous avons rapidement retrouvé, a livré
plusieurs informations intéressantes, notamment sur sa filiation.
Georges Paillet est le fils d’Alfred Paillet, employé aux Chemins de fer
de l’État, et de Jeanne Bacquié, couturière. Lui a 31 ans à la naissance
du petit Georges, elle est âgée de 26 ans.
Le couple vit alors au 71, avenue de Rosny (boulevard du Maréchal-Juin
aujourd’hui), à Gassicourt, qui est encore une commune à part entière
(annexée à Mantes en 1930, N.D.L.R.).
« Adopté par la Nation »
Deux annotations dans la marge attirent également l’attention. Il y a
d’abord la mention « Adopté par la Nation », « par jugement du tribunal
civil de Mantes ». Une reconnaissance instituée par une loi de 1917.
Son but (jusqu’en 1946) était d’apporter une protection morale et
matérielle, jusqu’à leur majorité, aux nombreux orphelins de guerre et
enfants de mutilés ou d’invalides. On en déduira facilement qu’Alfred
Paillet n’est pas revenu indemne du front de la Grande Guerre
(1914-1918).
La dernière information manuscrite précieuse pour notre enquête figurant
sur l’acte de naissance, en dehors de la date du décès, est celle d’un
mariage : le 20 juin 1953, à Hourtin (Gironde), avec la demoiselle Anna
Pennarun.
Une piste ? Ont-ils eu des enfants avant que le Mantais passe de vie à
trépas moins de deux ans après son union ? Cette question entêtante ne
trouvera pas tout de suite de réponse…
Il s’engage dans la France libre à l’été 1940
De Georges Paillet et son parcours militaire, nous savons tout.
Pratiquement. Commando Kieffer : 177 visages du Jour-J, de Benjamin
Massieu et Jean-Christophe Rouxel, publié en juin 2024 aux éditions
Pierre de Taillac, est l’ouvrage ultime consacré au 1er BFMC. Un travail
historique de titans, autant qu’un hommage, qui nous aura été précieux.
L’engagement de Georges Paillet dans la France libre date du 1er juillet
1940. Il a 20 ans. Il est alors affecté au premier bataillon de
fusiliers marins, embarqué dans de terribles combats au Proche-Orient.
« Blessé en juin 1941, il continue toutefois le périple en tant que
motocycliste rattaché au QG du 1er BFM. »
Entre mai et juin 1942, en Libye italienne, en plein désert, il sera
aussi « l’un des 3 700 Français libres [à résister] aux forces du
général Rommel, dix fois supérieures en nombre, et ce durant deux
semaines », lors de la bataille de Bir-Hakeim.
La ténacité de la petite armée du général Pierre Kœnig « permettra aux
Britanniques d’échapper à l’encerclement et de préparer les positions
défensives qui conduiront à une victoire stratégique lors de la première
bataille d’El Alamein en juillet 1942 ».
Badge n° 80 dans les commandos
Georges Paillet se porte ensuite volontaire pour les commandos. Badge :
n° 80. Nous sommes à l’été 1943. Il est là encore « motocycliste dans la
section de transports ».
Entre le 25 et le 27 décembre de la même année, dans le cadre des
Opérations Hardtack, il participe avec son unité à deux raids sur Le
Touquet-Stella Plage, puis Quineville, dans la Manche.
Le Jour-J, à 7 h 32, le quartier-maître de 1re classe et ses compagnons
débarquent des barges Landing Craft Infantry n° 523 et n° 527 sur la
plage de Sword Beach.
Au soir du 6 juin 1944, le 1er BFMC – qui s’est enfoncé jusqu’à
Amfreville – a déjà vu presque 25 % de ses effectifs mis hors de combat
et déplore 10 morts. Parmi les blessés, le commandant Philippe Kieffer
lui-même, touché deux fois.
Il quitte en octobre 1945 le commando Kieffer
Le commando continuera les combats dans la région jusqu’à fin août 1944,
avant d’être rapatrié en Grande-Bretagne pour un peu de repos, puis
engagé dans la campagne des Pays-Bas jusqu’en mars 1945. Georges Paillet
est ainsi du débarquement décisif à Flessingue le 1er novembre 1944.
L’enfant de Mantes quitte finalement l’unité d’élite historique en
octobre 1945 (elle sera dissoute le 1er mai 1946, N.D.L.R.) et poursuit
sa carrière dans les commandos marine en servant en Indochine, où une
terrible guerre de libération éclate dès décembre 1946.
Pour la France, c’est un bourbier. La défaite est totale. Elle est
consommée le 22 juillet 1954. L’Indochine est libre, et ne sera bientôt
plus, après les accords de Genève (Suisse), instituant la partition du
Vietnam en deux états distincts et l’indépendance du Cambodge et au
Laos.
Georges Paillet meurt moins de six mois après la fin de la Guerre
d’Indochine, où il avait été mobilisé. Comment ? Cela restera une énigme
pour notre rédaction pendant plusieurs semaines.
Une quête et une enquête
Nous avions bon espoir de trouver un début de piste dans l’immensité
d’Internet, où la « littérature » consacrée aux 177 est abondante. Nous
n’y avons déniché que des informations parcellaires sur notre béret vert
mantais en dehors de sa carrière militaire. Sa mort prématurée, il y a
maintenant soixante-dix ans, en est sans aucun doute l’explication.
La clé du mystère se cachait peut-être au musée du commando n° 4, à
Ouistreham ? Si nous y avons été accueillis au téléphone avec une grande
amabilité, personne là-bas n’a pu résoudre l’énigme.
Nous nous sommes alors tournés vers le Service historique de la Défense,
où les dossiers militaires sont conservés précieusement. Nous avions
même pris rendez-vous. Las. Pour consulter une archive, il nous fallait
plus qu’un simple nom, il nous fallait le matricule de Georges Paillet.
Nous n’avions plus de temps à perdre, à errer dans les limbes, à sa
recherche.
« Que voudriez-vous savoir sur mon grand-père ? »
Nous n’attendions en fait plus qu’un miracle. Et il est arrivé. C’était
le 13 mai 2025. « Que voudriez-vous savoir sur mon grand-père ? »
Le 29 avril 2025, au hasard de nos recherches, nous étions tombés sur
une vieille publication Facebook de juin 2019 du Musée de tradition de
l’École des fusiliers marins consacrée à Georges Paillet. Quelques
lignes et une photo.
Dans les commentaires, celui d’une certaine Cess Paillette, avec ces
mots : « Quelle surprise de découvrir un post sur mon grand-père sur
Facebook ! Tellement fière de lui ! »
Un enfant unique : Michel
Messenger devait être désormais notre allié. Il le sera. Deux semaines
après, notre téléphone sonne. À l’autre bout du fil : Cécile Paillet.
Elle s’excuse d’avoir mis du temps à répondre. Pour accorder nos emplois
du temps, nous prenons finalement rendez-vous plus tard dans la journée.
L’excitation monte. Nous ne serons pas déçus.
Grâce à elle, et Michel, son père, le fils unique né de l’union de
Georges et Anna, âgé de moins d’un an à la disparition du béret vert,
nous allons enfin pouvoir reconstituer une partie de la vie de notre
héros mantais.
Emporté par une crise cardiaque
Lorsque nous nous retrouvons à l’heure dite avec sa petite-fille, la
première question qui nous brûle les lèvres, évidemment, est celle de sa
mort. Elle a été tragique. S’est-il éteint à Toulon des suites de graves
blessures en Indochine ? A-t-il succombé à une maladie, à un accident ?
La réponse qui tombe, comme un couperet, est inattendue.
« À son retour d’Indochine, il a fait une crise cardiaque. Il était
alors seul sur le bateau, à quai. Ma grand-mère n’a jamais refait sa
vie. »
Cécile Paillet, petite-fille de Georges Paillet
Sa veuve s’est éteinte en 2015
Si Georges Paillet a été inhumé à Nantes, et précisément au cimetière de
Pont du Cens, « c’est tout simplement parce que ma mère tenait un bureau
de tabac à Nantes », nous révélera plus tard Michel Paillet.
Lui et sa mère ont déménagé en 1960 à Stains (Seine-Saint-Denis). Anna
voulait ainsi se « rapprocher de son frère et de ses sœurs », précise
son fils, domicilié aujourd’hui comme sa fille dans le Val-de-Marne. La
veuve de Georges Paillet sera « employée municipale », jusqu’à sa
retraite. Elle est décédée le 15 août 2015 à l’âge de 96 ans.
Mon père, ce héros
De l’enfance du héros, nous n’apprendrons pas grand-chose. Ses parents
auraient quitté le Mantois pour Saintes (Charente-Maritime) peu après la
fin de la Seconde Guerre mondiale. « J’ai vécu en toute harmonie avec la
maman de mon père jusqu’en février 1986, date de son décès », confie
Michel Paillet, 71 ans aujourd’hui.
« J’ai été élevé dans le souvenir d’un père qui a donné sa vie pour son
pays. Avec ma mère, nous avons fait quelques cérémonies du Débarquement
avec les survivants du commando Kieffer. Le nom de mon père figure sur
la stèle érigée en remerciement au commando. »
Michel Paillet, fils de Georges Paillet
« Ma grand-mère parlait peu de mon grand-père, se remémore, elle, Cécile
Paillet. C’était très pénible pour elle. Je sentais qu’il y avait
beaucoup de douleur. La photo de leur mariage, lui en uniforme, a été en
face de son lit toute sa vie. »
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Mise à jour 6 juin 2025
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