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- Officiers et anciens élèves -

 


Raymond VERNINAC de SAINT-MAUR

(1796 - 1873)

 

 

 

Né le 11 juin 1796 à SOUILLAC (Lot) - Décédé le 17 février 1873 à SOUILLAC (Lot)

 

Entre dans la Marine en 1812

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Contre-amiral (1879)

Sous-secrétaire d'État à la Marine,

Ministre de la Marine et des Colonies

 

Il commanda l'expédition qui ramena en France l'Obélisque de Louxor

 

 

Le 15 octobre 1829, alors que l'expédition franco-toscane est terminée, après 14 mois passés en terre des pharaons, Jean-François Champollion est toujours "cloué à Alexandrie, attendant de pouvoir rentrer en France". Voici ce qu'il écrit alors : "Nous savons seulement que la corvette "L’Astrolabe" a fait annoncer qu’elle avait commission de nous ramener en France ; elle est commandée par M. de Verninac, un de mes compatriotes quercynois. Cela n’empêchera pas que nous soyons encore à Alexandrie au 15 novembre prochain… Les Toscans ont perdu patience, et se sont embarqués sur un navire marchand. Le voisinage de "L’Astrolabe" m’a détourné de la même résolution, et d’ailleurs je ne voudrais pas me séparer de mon bagage archéologique.”

C'est ainsi que Raymond Jean Baptiste de Verninac Saint-Maur entre dans la vie de Champollion… Ils resteront liés par une belle et solide amitié.

Né à Souillac le 11 juin 1794, issu de la noblesse, entré dans la marine en 1812 comme novice, Verninac ne cessera de gravir les échelons… En 1848, on le retrouvera d'ailleurs sous-secrétaire d’État à la Marine, puis ministre de la Marine !
 

Gouverneur-général de l'Inde Française.

 

Commandeur de la Légion d'honneur

 

 

 

 

Complément

La corvette "L'Astrolabe", aquarelle de François Roux, musée de la Marine

"L'Astrolabe", ce vaisseau "que Dumont d’Urville avait mené à travers pas mal d'orages et sous pas mal de cieux était réputé un peu lourd et lent, mais à l'épreuve des mauvais coups" arrive enfin à Alexandrie… Champollion trouve alors dans le commandant Verninac "un fort aimable homme, très-instruit et de la plus agréable société ; c’est quelque chose partout, bien plus encore sur mer" !

Le 9 novembre, Champollion assiste au chargement à bord de ses précieuses antiquités, notamment "le beau sarcophage de Zeher, le grand bas-relief du tombeau de Ménephtha, toutes mes caisses contenant les stèles, momies et autres objets destinés au Musée".

Le 6 décembre 1829, Champollion dit adieu à "sa terre sainte". La traversée prendra 19 jours et "le 23 décembre, l’ancre de "L’Astrolabe" mordit enfin sur la terre de France".

Dès son arrivée, il s'inquiète du transport de ses antiquités. À Toulon, elles sont encore bien loin de Paris, leur destination finale… Et, là encore, il pense au concours de celui en qui il a toute confiance : Verninac ! Ainsi formule-t-il une requête en ce sens auprès du Vicomte Sosthène de Larochefoucauld : "Ce qu’il faudrait obtenir encore, c’est d’éviter le transbordement de ces monuments, et que M. de Verninac soit chargé de conduire le chargement de "L’Astrolabe" dans le port du Havre aussitôt que la saison le permettra, vers les premiers jours de mars, je pense, pour être en avril au Havre, d’où un chaland emporterait le tout par la Seine devant le Louvre. Par ce moyen fort simple et pour lequel il suffira d’un ordre de M. le ministre de la Marine, on ne compromettrait pas, par deux ou trois transbordements, la conservation de ces richesses monumentales, qui serviront à compléter les salles basses du Musée." La demande de Champollion sera exaucée et "la gabare "L’Astrolabe", commandée par M. de Verninac Saint-Maur, lieutenant de vaisseau ; partie le 20 février de Toulon, pour se rendre au Havre ; arrive en ce port le 25 mars."

Pendant son séjour en Egypte, Champollion, avec l'appui de son frère et l'intervention de diplomates a manœuvré afin que l'obélisque qui doit embellir Paris ne soit plus l'un de ceux d'Alexandrie, mais l'un du temple de Louqsor. "Je reviens encore à l’idée que, si le gouvernement veut un obélisque à Paris, il est de l’honneur national d’avoir un de ceux de Louxor (celui de droite en entrant), monolithe de la plus grande beauté." Il sera entendu…

Et, là encore, Verninac aura un rôle prépondérant.

Un bâtiment spécial, le "Luxor", est conçu pour transporter l'énorme monolithe. "Curieux navire que cette allège ! La conception en est due à l’inspecteur général du Génie maritime Rolland. Ce bâtiment répond à des exigences contradictoires. Ses formes doivent lui assurer une stabilité suffisante pour emporter un monolithe de 230 tonnes sur la Méditerranée et l’Atlantique. Il doit caler entre 1,8 et 2,4 m pour être capable de remonter le cours du Nil et s’échouer sur le rivage. Son tirant d'air doit être suffisamment limité pour remonter la Seine en passant sous les ponts. Rolland en déduit les plans d’un "mouton à cinq quilles", construit par l’arsenal de Toulon." À la demande de Champollion, le commandement du "Luxor" est confié à Verninac, secondé par le lieutenant de vaisseau de Joannis. Le navire "appareille de Toulon le 15 avril 1831, après avoir attendu les vents favorables. À son bord, cent douze hommes d’équipage et huit officiers."

La traversée sera épouvantable ! Les récits qu'en font les passagers en témoignent. Ainsi, Joannis se souvient : "Je ne parlerai point de la manière dont le Luxor se comporta à la mer (…) mais l’on peut assurer que la plus mauvaise barque, munie de trois mâts, naviguerait tout aussi bien que lui." Quant à Apollinaire Lebas, il est catégorique : "Le Luxor manquait des qualités nécessaires à ce genre de navigation ; il dérivait beaucoup."

Après ces moments effroyables, le navire accoste enfin à Alexandrie, le 3 mai 1831. Alors que les hommes chargés d'abattre l'obélisque remontent, avec leur matériel, le Nil vers Louqsor, pour commencer leur délicat travail, le 15 juin, le "Luxor" quitte Alexandrie pour rallier Rosette. Il y attend la crue du Nil pour rejoindre Louqsor, où il arrive le 14 août…

L'obélisque, abattu le 23 octobre, sera placé à bord le 19 décembre… et le 25 août le bâtiment quitte Thèbes. Le 2 octobre, il arrive à Rosette, et trois mois plus tard, jour pour jour, il est à Alexandrie.

 

 

Vue du Luxor avant son retour en France, lavis et aquarelle, 1832.

Léon de Joannis (1803-1868). © Musée national de la Marine/A. Fux

 

Compte tenu de la mauvaise tenue en mer du "Luxor", de Verninac avait demandé, pour le retour l'assistance d'un navire vapeur. Le "Sphinx" prend en charge le “Luxor” en rade d'Alexandrie et les deux bâtiments quittent l'Égypte le 19 avril.

En ami fidèle, Verninac tiendra informé Champollion de toute l'avancée du projet qu'il avait initié… Mais, malheureusement, Jean-François n'en verra jamais l'aboutissement ; malade depuis longtemps, épuisé, il s'éteint à Paris, le 4 mars 1832…

Lui qui souhaitait que l'obélisque de droite du temple de Louxor, d'une hauteur de 22,37 m, taillé dans le granit rose d'Assouan, "soit présenté tel que le voyaient les anciens Égyptiens" avait espéré aussi que le socle d'origine, bien qu'en mauvais état, soit remonté à Paris. Mais, jugé trop lourd (240 tonnes), il a été laissé dans le temple. Seul l’ornement sculpté a été prélevé et chargé sur le "Luxor". Il s'agit d'une frise composée de babouins, symboles du dieu Thot en adoration devant le soleil… Louis-Philippe les jugera impudiques et refusera qu'ils soient exposés aux yeux des Français. Un nouveau piédestal sera fabriqué sur les plans de l'architecte Gabriel Hittorff et façonné, dans du granit breton, par l'entreprise Guillastrennec.

Cette fois-ci, à nouveau, le "Luxor" et le "Sphinx" seront affrétés, et, là encore, Verninac sera chargé du commandement du transport…

 

 

Le 25 octobre 1836, sur la place de la Concorde, Louis-Philippe, accompagné de ses proches et de la famille royale de Belgique, assiste à l'érection de l'obélisque, en présence d'une foule immense…

Érection de l'obélisque de Louqsor sur la place de la Concorde par F. Bohommé ; le piédestal de l'obélisque retraçant les phases marquantes de son périple ; l'obélisque dans les années 1880-1890

En 1839, le piédestal sera orné de dessins retraçant les phases marquantes de l'opération et du nom des personnes ayant participé à la grande aventure… On ne peut que s'étonner - et regretter - qu'après avoir tant fait, le nom de Verninac n'y ait pas été inscrit d'emblée...

Il faudra qu'il proteste, qu'il en fasse la demande afin d'être exaucé…

Raymond-Jean-Baptiste de Verninac Saint-Maur s'est éteint à Souillac le 11 février 1873.

 

Marie Grillot

Sources

Lettres écrites d'Égypte et de Nubie en 1828 et 1829, par Champollion le jeune, éditeur Didier (Paris), 1868

Champollion, une vie de lumières, Jean Lacouture, Grasset, 1988

L’obélisque de Louqsor transporté à Paris. Notice historique, descriptive et archæologique sur ce monument, avec la figure de l'obélisque et l'interprétation de ses inscriptions hiéroglyphiques, d'après les dessins et les notes manuscrites de Champollion le Jeune, par M. Champollion-Figeac, Paris, Firmin Didot Frères, 1835

Voyage du Luxor en Égypte: entrepris par ordre du roi pour transporter de ..., par Raimond-Jean-Baptiste de Verninac de Saint-Maur

 

 

Gouverneur général des Indes

Pour les objets d'art, on peut noter un coffret en vermeil, or, argent et rubis ayant été offert en 1856 au Contre-amiral Verninac, gouverneur des Indes pour son départ de Pondichéry. Né et mort à Souillac, il a été aussi ministre de la Marine et chargé par Louis-Philippe de ramener l'obélisque du temple de Louxor.

 

 

Extrait Le XIXe Siècle / 27 février 1873
 

 

Dossier Légion d'honneur / Lien web

 

 

Remerciements Stéphane Giran

Remerciements Bernard Dulou

 

 

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