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Officiers et anciens élèves -
Antoine Auguste
PAVIN de La FARGE
(1812 - 1839)
Né le 4 mai 1812 à VIVIERS (Ardèche) - Décédé
le 27 novembre 1839
Fiche Mémorial
Etudes : Ecole militaire de la Flèche
Ecole navale : 1828
Elève de 2e cl. : 1829
Elève de 1ère cl. ' : 1831
Enseigne de vaisseau : 1834
Antoine Pavin de La Farge, que sa
famille autant que ses camarades de l'expédition, appellent Tony est
né en Ardèche, le 4 mai 1812, dans une famille aisée.
Son père, ancien
officier est l'héritier d'une famille de bonne noblesse terrienne,
comme sa mère. Les deux héritages constituent un patrimoine
conséquent et la famille peut mener un grand train de vie.
Grâce à l'ancienne
situation de son père, Tony, Pavin de La Farge peut suivre les cours
du lycée militaire de la Flèche puis, esprit romantique et
aventureux, il préfère passer le concours d'entrée à l'Ecole navale.
Il se trouve alors dans
la même promotion que Jean-Marie Gourdin qu'il retrouvera dans
l'expédition, neuf ans plus tard.
En 1830, comme bien
d'autres jeunes officiers, il se retrouve devant Alger, .à en faire
le blocus sur la Syrène.
Le blocus terminé,
comme Marescot, il part pour l'expédition du Portugal. Là encore, il
ne fait que de la figuration.
Déçu par la vie
maritime qu'il n'imaginait pas comme cela, il demande à embarquer
sur des navires partant pour des missions plus lointaines. Tout ce
qu'on trouve alors à lui donner, pour le satisfaire, consiste en des
missions successives de transport au Levant ou bien sur les côtes
d'Afrique.
Il faut savoir
qu'Antoine Pavin de La Farge possède un petit défaut, il bute sur le
début des phrases. Ce petit défaut va, d'ailleurs en s'atténuant au
fil des années. Mais, il en a beaucoup souffert dans son enfance, à
l'école. De là, il possède un caractère renfermé. Très romanesque et
exalté, il rêve d'aventures et a choisi la Marine en se référant à
Cook, Bougainville et Lapérouse. Son métier est synonyme d'aventure,
de découvertes, d'îles lointaines, de cocotiers et non pas de
règlements militaires, de routine, de côtes trop connues. Il est
très déçu et même découragé par ce qu'il vit. Son ami, le lieutenant
de vaisseau Tardy de Montravel écrit à ce sujet : «Mais
l'imagination ardente du jeune marin, la tournure romanesque de son
esprit ne pouvait se familiariser avec les exigences du métier.
L'uniformité n'allait à ce cœur qui s'exaltait devant le danger, et
qu'un désir ardent d'indépendance.ne pouvait contenir dans les
limites ordinaires."(1) Ce que ses commandants de l'époque
traduisent de manière plus brutale par : «Bon sujet mais peu
capable" (2), ou encore : "Dessine assez bien, peu d'activité, peu
de goût pour son état. Bonne conduite, jolie tenue." (3).
Aussi, lorsque de retour d'un voyage sur les côtes d'Afrique, aussi
monotone que d'habitude, il entend parler de l'expédition Dumont
d'Urville, son enthousiasme se réveille.
Il écrit au Ministre :
"Désirant depuis longtemps faire une campagne autour de monde, je
viens solliciter auprès de vous la faveur de "faire partie de
l'état-major d'un des deux navires que vous avez "mis sous les
ordres de M. Dumont d'Urville." (4). Puis, pensant que cela ne
suffit peut-être pas, il demande à son camarade Tardy de Montravel,
déjà engagé, de le recommander auprès du commandant. Il va même
rencontrer personnellement Dumont d'Urville. Touché par tant de
ferveur, celui-ci l'engage et l'affecte à l'état-major de la Zélée,
sous les ordres de son ami.
Là, durant la
croisière, le personnage va se transformer. Celui qui traînait
jusqu'alors son ennui et son dégoût du métier, se métamorphose en
garçon dynamique et désireux de tout connaître. Il écrit beaucoup à
sa famille et rédige des souvenirs de l'expédition qu'il compte
publier au retour. Il s'intègre à l'équipe Jacquinot-Goupil avec eux
il plaisante, fait des farces et anime les soirées du bord. A leur
contact il développe son talent de dessinateur et se découvre une
passion pour l'entomologie. Plusieurs de ses dessins de sites sont
remarquables et seront publiés dans le compte-rendu du voyage et
dans l'atlas.
(1) Tardy de Montravel
(Louis), in Voyage au pôle Sud et dans 1 ‘Océanie . . ., T. 8,
biographies"] P. 372.
(2) 1832, commandant de la Durance.
(3) 1833» contre-amiral De Saulces de Freycinet, major-général du
port de Toulon.
(A) Service historique de la Marine - sous-série Marine CC 7:
dossier personnel des officiers.
Son activité incessante
lui avait valu, à l’égal de Marescot, l’estime de Dumont d'Urville
qui, dès le retour de la première pointe dans 1'Antarctique, avait
réclamé pour eux le grade de lieutenant de vaisseau.
Seuls Duroch et Tardy
de Montravel, les deux plus anciens enseignes de vaisseau avaient
été promus (1). D
umont d'Urville avait
alors, à plusieurs reprises, manifesté son indignation et réclamé
instamment la promotion de Marescot du Thilleul et de Pavin de La
Farge (2).
Les deux autres
enseignes de vaisseau, Gourdin et Coupvent-Desbois n'avaient pas,
alors, l'ancienneté requise pour une telle promotion.
Vers le 20 octobre
1839, Tony Pavin de La Farge est pris de violentes coliques qui
laissent présager une attaque de dysenterie.
Mais au bout de
quelques jours, bien qu'obligé de garder le lit, il semble aller
mieux. A la mi-novembre, il peut même se promener sur le pont où le
rencontre Dumont d'Urville, .lors d'une visite à la Zélée.
Mais les coliques
reprennent avec une telle violence que le jeune officier est pris de
délire.
Lors d'une courte
période de raison, il donne ses dernières volontés à son ami Tardy
de Montravel qui ne quitte plus son chevet, en dehors de ses quarts,
puis retombe dans un délire profond avant de mourir, le 27 novembre
1839 à 18 heures.
Tardy de Montravel
écrit : «C'est au fond d'une baie malsaine dont il a voulu prendre
un croquis, malgré l'opposition de ses camarades, qu'il prit le
germe de sa maladie qui devait l'enlever. A l'esquisse des mœurs des
peuples barbares qu'il visitait, il a joint une collection précieuse
d'armes et d'instruments à leur usage." (3).
Dumont d'Urville, pour sa part, écrit dans son journal personnel :
"...officier jeune encore, plein de talent, possédant de la
fortune... Son caractère enjoué, (son) esprit original, lui avait
attiré l'affection de tous ses camarades ; ses qualités solides lui
avaient déjà gagné leur estime." 41).
(1) En fait, Marescot-Duthilleul a bien été promu en même temps que
Duroch et Tardy de Montravel, mais ce n'est qu'en juillet 184-0,
lors du passage de l'expédition à Bourbon, alors que le jeune
officier était décédé, que cette promotion a été connue.
(2) Nous en avons compté trois, pour notre part, durant le temps de
la traversée du Pacifique. Cela souligne assez la satisfaction de
Dumont d'Urville à l'égard de ses deux officiers.
(3) Tardy de Montravel (Louis) in Voyage au pôle Sud et dans
l'Océanie..., T. 8, biographies. p# 373.
(4) Dumont d'Urville in Voyage au pôle Sud et dans l'Océanie..., T.
8p# 91
Source Université de Provence / Doctorat d'Histoire présenté par
Christian COUTURAUD sous la direction de M le Professeur MIEGE / "Le
Troisieme Voyage de Circumnavigation de J.S.C. Dumont d'Urville 1837
- 1840" / Avril 1986.
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