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- Officiers et anciens élèves -

 

 

Félix Denis PAQUÉ

(1822 - 1899)

 

 

Né le 16 août 1822 à NANTES (Loire Atlantique) - Décédé le 25 mai 1899 à ROSCOFF (Finistère)

Père de Félix Jean et frère d'Ernest. Son père était Armateur (dossier complet / Lien web)


 

Entre dans la Marine en 1838.

Élève de 2ème classe (Aspirant) le 1er septembre 1840, port LORIENT.

Enseigne de vaisseau le 17 octobre 1844.

Au 1er janvier 1847, sur le brick "MÉLÉAGRE" à BREST (Cdt Eugène ARNOUX).

Au 1er janvier 1849, port LORIENT.

Lieutenant de vaisseau le 21 octobre 1850

Chevalier de la Légion d'Honneur le 13 août 1859; port LORIENT.

Capitaine de frégate le 13 août 1864

Officier de la Légion d'Honneur, le 11 aout 1869

En 1874-75, Commandant le "SOUFFLEUR"

 

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Pour information :

L’accident du Souffleur

Le récit suivant est essentiellement composé à partir de documents des archives du Service Historique de la Marine à Brest, compilés en 1991-1992.

1875, 2A 601, Troisième République. Lettres du vice-amiral, baron Méquet, commandant la Marine à Brest, au ministre, l’amiral de Montaignac de Chauvance.


16 novembre 1875.

Le Souffleur qui a quitté Brest le 15 novembre à 9 heures et ½ pour porter secours au bâtiment russe Neutral a touché en passant entre les roches des Moines et Saint-Mathieu. Une forte voie d’eau s’est déclarée et le commandant (capitaine de frégate Paqué) a réussi à échouer son navire à 400 mètres de l’entrée du Conquet vers 11 heures 45. L’eau envahissant le navire. Il a fallu évacuer le Souffleur, ce qui a été fait sans le moindre accident. Le bateau est complètement submergé à marée haute, il découvre jusqu’au pont à marée basse, il est droit sur un fond de sable et de galets. Toutes les ressources du port de Brest en pompes et scaphandriers sont sur place, ainsi que les vapeurs Flambeau, Porteur et la citerne Le Mirage.

La rade de Brest se trouve démunie de stationnaire et on se propose de réarmer l’Alecton.

Lettre du 17 novembre, le 16 on a réussi à faire avancer le Souffleur d’une centaine de mètres. On a vidé les compartiments avant et arrière mais au flot le bateau s’est rempli à nouveau. On n’a pas découvert la voie d’eau qui est tout à fait dessous. Comme elle s’est produite à la suite d’un léger choc, on présume de plus en plus que le Souffleur a touché une épave. Les opérations vont recommencer aujourd’hui, je demande l’Euménide à Lorient.

Autre lettre du 17, au ministre à Versailles pour demander une ou deux pompes rotatives de la plus grande puissance mais inférieure à la force de 40 cv qui est celle de nos locomobiles.

Le 17 à 6 heures et demi du soir, le Souffleur est rapproché à 50 mètres de la jetée Saint-Christophe, il échoue dans 1 mètre d’eau à basse mer. La voie d’eau semble localisée sous le cylindre bâbord. Mais plus tard dans la soirée, au flot : « la porte du compartiment avant a cédé, le bateau est maintenant envahi d’eau, il s’est mis en travers, parallèle à la jetée et s’est incliné sur bâbord.

Le 18, l’Euménide, le Phoque et le Flambeau sont sur place, ainsi que le Porteur mais celui-ci a des ennuis de machine et sa coque est en mauvais état.

C’est alors que l’on émet l’hypothèse que le Souffleur a touché l’épave du vapeur Gabrielle naufragé le 9 novembre 1874 sur la pointe de Penzer, le Phoque va faire des sondages. Le commandant du Souffleur, Paqué est un habitué des lieux et le pilote était à bord lors de l’accident.

Les opérations de sauvetage sont dirigées par Paqué et l’ingénieur Saglio.


Lettre du 19 novembre, on a réussi à flotter le Souffleur et à le rentrer dans le port du Conquet. On annonce du mauvais temps de sud-ouest. Le bateau est maintenant échoué à 100 mètres dans l’est de la jetée Saint-Christophe, à 50 mètres de terre.

Les jours suivants :

Les déchirures de la coque sont alors bien identifiées, il y en a trois, une de 40 centimètres sur 20 centimètres, parallèle à l’axe du navire et deux autres de 6 à 8 centimètres. Le bateau a coulé à nouveau à cause du mauvais temps. Mais les réparations sont jugées possibles.

Les deux bateaux-pompes le Mirage et le Clairon sont bien utiles, mais à cause du mauvais temps les deux bugalets sont à l’abri au fond du port.

A la demande du major de la Flotte, un grill de carénage est construit en quelques jours, le 24 novembre le Souffleur est échoué sur le platin avec une gîte favorable aux travaux. Ceux-ci sont rapidement menés, le 26 novembre, le Faou, l’Euménide et le Flambeau sont prêts à remorquer le Souffleur à Brest, à 2 heures de l’après-midi le convoi met en route. A 6 heures 30 le Souffleur est à Brest, l’Euménide s’en retourne aussitôt à Lorient.

 


La litho ci-dessus extraite d'un journal de l'époque (non identifié), est légendée : "Brest, l'Euménide remorque l'aviso le Souffleur dans le port, d'après le croquis de Mr Recoing, lieutenant d'infanterie de Marine". En fait le convoi vient de sortir du Conquet.

Les travaux consécutifs au séjour sous l’eau du navire seront longs, on prévoit au minimum trois mois, il faudra en particulier démonter et mettre à terre les chaudières. (Ce qui sera fait et le Souffleur remis en état aura encore une longue carrière devant lui)

Le bateau mis en sécurité à Brest, il est temps pour l’Amirauté de convoquer la commission d’enquête, mais il convient de laisser quelques jours de repos au commandant qui est exténué. Dans une lettre du 7 décembre, le ministre de la Marine demande au vice-amiral commandant à Brest, « concernant les propositions d’avancement à l’équipage du Souffleur, veuillez me faire parvenir les propositions dont il s’agit. Je vous donne la même autorisation concernant les marins vétérans dont vous me signalez la belle conduite »

On note dans ce même dossier un télégramme de sympathie et de remerciements au commandant Paqué et à l’équipage du Souffleur.

Message venant de Saint-Pétersbourg, signé par le président Pogreboff de la Société d’Encouragement du Commerce et de l’Industrie, « Pour s’être portés au secours du navire russe Coquette »

 

Extrait Le Temps / 19 novembre 1875



Extraits du "Le Journal Illustré" N° 48 du 28 novembre 1875, pages 381-82

La perte du Souffleur

Dans la nuit de dimanche à lundi, un trois-mâts russe était signalé en détresse dans les parages de l’île de Molène. Le Souffleur reçut l’ordre de se porter à son secours. Il appareilla aussitôt.

Vers neuf heures du matin, il quittait son mouillage. Comme les opérations de sauvetage nécessitent la plupart du temps des travaux de force, outre son équipage ordinaire, le Souffleur avait embarqué 54 novices de la division, ce qui portait son effectif à 180 hommes environ.

En passant vers onze heures et demi entre la pointe Saint-Mathieu et le récif des Moines, on ressentit à bord un long frôlement, une sorte de déchirement sans secousses dont on ne put s’expliquer la cause. Aussitôt les hommes de la machine signalèrent une voie d’eau, et le navire commença à se remplir avec une rapidité effrayante. Dans cette circonstance critique une seule chance de salut restait : gagner au plus vite la plage la plus rapprochée où l’on pût trouver un abri. C’est à ce parti que se décida, avec une prompte détermination monsieur le capitaine de frégate Paqué, commandant du Souffleur. Il fit mettre le cap sur Le Conquet. Mais la mer étant basse, le Souffleur dont le tirant d’eau augmentait à chaque instant, ne put gagner le port, et échoua près de la pointe Sainte-barbe ; ce fut là que s’effectua dans le plus grand ordre, le sauvetage de l’équipage. Il ne s’était pas écoulé un quart d’heure depuis l’accident de la pointe Saint-Mathieu. On se mit à enlever du navire tout ce qu’il était possible d’emporter. Les effets de tout l’équipage, officiers et matelots furent sauvés. Les canons eux-mêmes furent débarqués ; on allégea du mieux que l’on put le navire ; mais rien n’y fit, et à marée haute le Souffleur fut entièrement couvert par la mer.

Autant qu’on a pu en juger par une visite au scaphandre, c’est dans le compartiment des machines et des chaudières que la voie d’eau s’est déclarée. Elle ne peut être aveuglée à l’extérieur vu l’ensablement du navire. Et d’autre part les pompes envoyées du port de Brest sont insuffisantes à épuiser l’eau entre deux marées, dans un temps assez court pour permettre une visite à l’intérieur du navire.

Mercredi on remarquait au Conquet les petits vapeurs de la direction du Port : le Porteur, le Flambeau, le Phoque, la Citerne, envoyés au secours du Souffleur. Dans l’après-midi, après avoir vidé du mieux qu’on a pu les compartiments extrêmes de l’aviso, on est arrivé à lui passer à l’arrière sous la quille, une chaîne qui a été raidie d’un côté par le Flambeau, de l’autre par le Porteur. On a pu ainsi soulager un peu le navire qui a été traîné de 150 à 200 mètres vers le port du Conquet.

Le Souffleur ne s’est pas échoué sur la pointe de Penzer ; mais en passant au large de cette pointe il a rencontré une épave qui a crevé ses fonds, non loin de la quille par bâbord. On suppose que l’épave doit être le grand mât de la Gabrielle, vapeur perdu en 1874 et dépecé sur la pointe de Penzer. Ce grand mât qui n’avait pas pu être enlevé était resté sous l’eau dans une position qui devait faire croire qu’il ne nuirait pas. Il a fallu que le mauvais temps de ces derniers jours le redressât pour le rendre dangereux.
 


Lithographie de Auguste Mayer

 

Source web

 

Ci-après tiré du site / http://alain.aussedat.free.fr/originesHCouannier/originesPaque.htm

Félix Denis Paqué (1822- 1899)

Celui ci, après avoir commencé ses études secondaires dans un collège jésuite fréquenté par la jeunesse légitimiste de Nantes, fut transféré au lycée public pour ne plus avoir à subir de vexations de la part de ses camarades légitimistes qui se moquaient du plumet tricolore qu’arborait son père, commandant de la Garde Nationale ! Il est admis à Navale à 17 ans, est aspirant à 19 ans et participe aux combats de Mogador (Maroc) sous les ordres du Prince de Joinville, fils du roi Louis-Philippe. Enseigne de vaisseau en 1841 : campagne de 3 ans dans le Pacifique (où il eut un temps son frère Ernest comme second). Lieutenant de vaisseau en 1847, il est détaché à l'usine de machines de la Marine d'Indret dans la région de St Nazaire (qui existe toujours et dépend de la Direction des Constructions Navales). C’est en effet au tout début des années 1840 que la Marine Royale commence à utiliser ses premiers navires à vapeur (voir vie de Jean-Baptiste Duburquois) et Félix Paqué était enthousiaste des perspectives offertes par cette nouveauté. Il épouse Victoire CATERNAULT en 1853 à Nantes (il a alors 31 ans et elle en a 22). La même année, son père est ruiné par un banquier indélicat et meurt dans son appartement de la rue des Salorges à Nantes le 19 février 1855. Pendant ce temps, Félix avait participé à des campagnes en Océan Indien puis en Baltique sur la frégate " la Sémillante ". Le choléra s'étant déclaré à bord, il avait été débarqué pour raison de santé, ce qui lui évita d'être pris dans le naufrage corps et biens de cette frégate qui eut lieu quelques mois plus tard devant Bonifacio alors qu'elle emportait des troupes de cavalerie en Crimée (15 février 1855). A sa demande, il retourne à l’Établissement d’Indret pour raison de santé puis il est officier instructeur à Navale en 1861-63. Il est arrêté deux ans suite à un accident de voiture et reprend du service comme capitaine de Frégate en 1865 (il a alors 43 ans). Campagne dans les Antilles et au Mexique.

En 1868 il est commandant en second de la frégate " l'Andromaque " stationnée à Alexandrie. C'est là qu'il fait connaissance de Ferdinand de Lesseps et qu’il aura la chance de pouvoir faire venir sa femme et ses deux filles aux fêtes de l'inauguration du Canal de Suez et être présenté avec sa famille à l'Impératrice Eugénie. Nous avons le journal de sa fille aînée Denise Paqué pendant les 6 mois que dura leur voyage en 1869-70 en Egypte et en Palestine (les 2 sœurs avaient alors 15 et 12 ans, et le petit frère Félix qui avait tout juste un an fut confié à sa grand’mère). De 1870 à 1879, il reprend divers postes de commandement sur Brest, en particulier dans la formation d'officiers mécaniciens. En 1875, le remorqueur qu’il commandait est projeté par 3 fois sur un obstacle en face de la pointe Saint-Matthieu et est fortement perforé mais renfloué. La commission d’enquête conclut à tort à une erreur de navigation (en fait on constata par la suite qu’il avait heurté une épave). En réalité tout ceci se passait sur un fond de luttes sournoises entre hommes politiques et officiers légitimistes, bonapartistes et orléanistes, et il fut en quelque sorte sacrifié dans un débat qui le dépassait largement. Il ne put donc pas passer Capitaine de Vaisseau et, compte tenu de sa santé qui se dégradait, il prit sa retraite anticipée en 1880 (à 58 ans).

Il mourut à Roscoff en 1889 et est enterré à Nantes.

 

Dossier Légion d'Honneur / Lien web

 

Remerciements à Gilles Jogerst / Généamar pour ses recherches et la mise à disposition de ses données

http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviation-marine/marine-1914-1918/liste_sujet-1.htm


 

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