-
Officiers et anciens élèves -
Emmanuel Lucien Henri OLLIVE
(1882 - 1950)
Né le 18 janvier 1882 à
REZÉ (Loire-Atlantique) - Décédé le 1er juin 1950 à La SEYNE sur MER
(Var).
Père de
Robert Bernard Alphonse Marie,
promotion 1924 et de
François Bernard Gérard Marie, commissaire de marine
Marié avec Louise
VINCENT, fille du capitaine de vaisseau Pierre VINCENT
Entre dans la Marine en 1899
Sorti de l'Ecole navale
n°1, major de promotion
Cercle de Borda offert,
précédemment offert à un autre major de promotion
Remerciements photo
Bernard Ollive
Chronomètre Major
Remerciements photo
Bernard Ollive
Aspirant le 5 octobre 1902.
Il embarque sur la
"DAGUE" en ALGÉRIE, puis passe en 1903 sur le "MONTCALM", Division
d'Extrême-Orient.
Enseigne de vaisseau le
5 octobre 1904.
Pendant la guerre
russo-japonaise, il commande le détachement du "KERSAINT" chargé de
protéger la légation française de SÉOUL.
Source /
Lien web
En 1906, sur "LA-HIRE",
Escadre de Méditerranée (Cdt Alphonse BOYER).
Au 1er janvier 1908, en
instruction à l'École des Officiers torpilleurs. Officier breveté
Torpilleur.
Au 1er janvier 1909,
sur le cuirassé "PATRIE", Escadre de Méditerranée (Cdt Charles
DIDELOT).
Lieutenant de vaisseau
le 19 octobre 1911.
Au 1er janvier 1912, en
instruction à l'École des Officiers canonniers à TOULON.
Officier breveté
Canonnier.
En 1913, sur le
cuirassé "MIRABEAU". Pendant toute la Première Guerre, il sert à
terre sur le front français où il commande une batterie de
canonniers marins, il est cité à l'ordre der l'Armée navale en mai
1915 : "Inscrit au tableau de concours du 1er janvier 1914, s'est
acquis depuis lors de nouveaux titres par la vaillance et la valeur
dont il a fait preuve dans l'installation et l'utilisation de
matériels violemment bombardés par l'ennemi".
Chevalier de la Légion
d'Honneur, le 21 mai 1915 (rang du 18 mai 1915)
Croix de Guerre. Puis en 1917, Commandant le 2ème groupe
de canonnières fluviales.
En 1918, Commandant le
torpilleur "FAUCONNEAU" au Levant et à SALONIQUE.
Capitaine de corvette
le 26 juillet 1919.
Officier de la Légion
d'Honneur, le 1er septembre 1920 (rang du 16 juin 1920)
Le 14 août 1920, Aide
de camp à l'Etat-major du Préfet maritime du 5ème arrondissement à
TOULON.
Capitaine de frégate le
13 février 1922.
Second sur le "POTHUAU",
Division des écoles de Méditerranée.
En 1924 Commandant le
torpilleur "ALGÉRIEN" et la 2ème escadrille de torpilleurs.
En 1926, Chef du
Service des transmissions radio à TOULON.
Capitaine de vaisseau
le 23 juillet 1927. Sur le "PROVENCE", Chef d'Etat-major auprès de
l'amiral commandant en chef la 1ère Escadre.
Remerciements Bernard
Ollive
En 1929, Commandant le
"GUEYDON".
Auditeur au Centre des Hautes Études Navales en 1932.
Contre-amiral en
février 1933.
Chef d'Etat-major à
l'Inspection général des forces maritimes du Nord. Major général à
BREST.
Commandeur de la Légion
d'Honneur, le 10 juillet 1934
En mai 1935, Commandant
le groupe des contre-torpilleurs de la 1ère Escadre à TOULON.
En
Juillet 1936, Commandant la 3ème Escadre légère.
Vice-amiral en février
1937.
Sous-chef d'Etat-major
général de la Marine. En mars 1937,
Vice-amiral d'escadre.
En 1938, Commandant en chef l'Escadre de Méditerranée.
Préfet maritime à
TOULON en septembre 1938.
En mai 1939, Commandant
en chef la flotte de Méditerranée, pavillon sur le "PROVENCE";
Commandant en chef les forces maritimes de l'Atlantique Sud et
d'AFRIQUE.
Grand Officier de la
Légion d'Honneur, le 29 décembre 1939
De juillet 1940 à
octobre 1942, Préfet maritime à ALGER.
Amiral en novembre
1940.
Extrait Le Nouvelliste
du Morbihan / 4 décembre 1940
Extrait La Dépêche de
Brest / 2 décembre 1940
Photos de la
cérémonie d’obsèques en avril 1941 à Nemours (Algérie) des 4 marins
tués lors d’un échange de tirs entre la batterie côtière et une
escadre anglaise le 30 mars / Le lieutenant de vaisseau Mousset,
commandant de la batterie de Nemours, avait expédié à la famille
Dognin des photos de la cérémonie. La famille a transmis les photos
à l’association “Aux Marins” pour la rédaction de la biographie de
l’enseigne de vaisseau de réserve Dognin Claude.
A partir de la
droite on trouve :
- Contre-amiral Jarry (EN 1905), adjoint au préfet maritime de la
4ème région maritime résidant à Oran
- Capitaine de frégate Dauch (EN 1916), commandant la Marine à
Nemours
- Vice amiral d’escadre Ollive (EN 1899), préfet maritime de la 4ème
région maritime, résidant à Alger
- Général Pfister
- Capitaine de frégate Dupin de Saint Cyr (EN 1919)
- Lieutenant de vaisseau Mousset (EN 1928), commandant la batterie
mobile de 155 mm de Nemours.
Alger, 21 juillet 1941
A droite, le VAE Abrial et à gauche Jean-Eugène Charbonneau,
officier d'infanterie de marine
Il quittera le service
actif en janvier 1943.
Extrait Cols Bleus / 21
juillet 1950
Dossier Légion
d'Honneur /
Lien web
Autres informations /
Résumé
Fiche réalisée par
son petit-fils, Michel PAQUET (décédé en 2005)
Mon grand-père
maternel Emmanuel OLLIVE est né à Norkiouse le 18 janvier 1882 dans
la maison de sa grand-mère maternelle BARBAN. Son père, Alphonse, né
à la Haute Île , était capitaine au long cours, avait fait le Cap
Horn avant de faire des voyages moins longs, transport de sel
jusqu’à Terre Neuve puis retour vers Nantes après avoir chargé du
bois de charpente à HALIFAX, d’où son surnom « Canadien ». Après la
naissance de son fils et de sa fille Hélène, il fait construire en
1884 « une maison de capitaine » place des Filets (entrée 12 rue
BRUNEAU) et décide de mettre sac à terre. Jusqu’à sa retraite, il
sera professeur d’hydrographie à l’Ecole de la Marine Marchande de
Nantes. Sa mère, Estelle RITEAU, était la fille d’un Maître en
Cabotage et de Françoise BESSAC, elle-même fille d’une DEJOIE. En
1939, le journal aujourd’hui disparu, le Phare, fit un article sur
l’Amiral OLLIVE. Il est dit que le jeune Emmanuel usa ses fonds de
culotte à l’école communale de Trentemoult avec les autres galopins
de son age, BOJU, BOSSIS, CHAUVELON,VIAUD et son « cousin » Arthur
OLLIVE, tous des futurs élèves de son père et aussi futurs
capitaines, tous des descendants de ces grandes et anciennes
familles de pêcheurs de la Haute Île et de Trentemoult.
Très bon élève, il
continue ses études au grand lycée de Nantes et si on en juge le
palmarès que le Comité de l’Histoire du lycée Clemenceau a bien
voulu me communiquer, il laisse peu de prix à ses condisciples. En
1897, Il est même récompensé au niveau national par le premier prix
d’anglais au Concours Général. Tout naturellement, il prépare le
concours de l’Ecole Polytechnique mais passe « pour voir » le
concours de l’Ecole Navale qu’il réussit du premier coup, second
derrière SABLE, futur Président de la Commission d’Epuration en
1944.
A l’Ecole Navale,
sa scolarité est fort simple, premier en toutes les matières dés le
début jusqu’à la sortie de l’Ecole d’Application… D’autres
condisciples de cette promotion 1899, arrivèrent aux étoiles et je
n’en citerai que deux : DARLAN, futur Chef de la Marine, MUSELIER,
inventeur de la Croix de Lorraine.
Major de sa
promotion, le jeune Emmanuel est en droit d’obtenir un poste de
choix à l’Escadre d’Extrême Orient et de Chine. Mais il préfère
choisir le poste plus formateur de Chef de Quart, en fait Commandant
en Second de l’aviso DAGUE en Algérie. Mais, deux mois après son
arrivée, la DAGUE est désarmée… En digne descendant de ces marins
connus pour ne pas aimer être embêtés et ayant horreur de
l’injustice, le 30/12/1902, par voie hiérarchique, il écrit une
lettre polie mais ferme pour dire qu’il a été blousé par la Marine
et réclame un poste conforme à son rang de sortie. Il obtiendra
rapidement satisfaction en partant sur le Kersaint en Mer de Chine.
Quelques mois après son arrivé, il est appelé à prendre le
commandement de la compagnie de débarquement chargé de protéger la
Légation française de Séoul, poste peu ordinaire pour un jeune
officier. Le jeune enseigne n’a qu’une soixantaine de marins pour
assurer la sécurité de cette Légation assiégée par des soldats
japonais particulièrement agressifs. Ce séjour à Séoul lui permet
d’assister en spectateur privilégié à la première guerre de Corée et
surtout à la guerre russo-japonaise qui sera l’avant-dernière
bataille entre cuirassés et se traduira par la destruction de la
flotte russe.
Retour en France
en 1905, la vie d’escadre à Toulon, son mariage avec la fille d’un
Capitaine de Vaisseau, l’Ecole des Torpilleurs, puis l’Ecole de
Canonnage sur le WALDECK-ROUSSEAU, un « nantais ». Il sort premier
de ces deux écoles et même avec Témoignage de Satisfaction du
Ministre pour l’invention d’un appareil de tir qui restera en
service jusqu’à l’arrivée de l’électronique. Arrive la grande guerre
et ce qu’il a vu en Corée lui a fait comprendre que c’est la fin des
grandes batailles navales. Il y en aura qu’une pendant cette guerre
alors que les belligérants possédaient une soixantaine de cuirassés.
Cela le pousse à partir au front sous les ordres d’un nantais,
JEHENNE, commandant le Régiment de Canonniers-Marins. Il commandera
ainsi une batterie d’artillerie lourde sur les fronts de Lorraine,
Verdun et Argonne, puis en 1917, une flottille de canonnières
fluviales. Début 1918, il part commander un torpilleur en Mer Noire
jusqu’à l’Armistice où il revint à Toulon. Pas pour longtemps car en
fait, au commandement du contre-torpilleur le TEMERAIRE, il part en
Mer Baltique pour assurer les opérations de police dans le cadre du
plébiscite du SCHLESWIG-HOLSTEIN à la demande du gouvernement danois
qui a peur de troubles provoqués par les Allemands. C’est là qu’il
se lie d’amitié avec le futur Amiral anglais NORTH qu’il retrouvera
à GIBRALTAR en 1940.
En fin un peu de
repos en 1920 comme Aide de Camp de l’Amiral Préfet maritime de
Toulon, mis à part les festivités officielles qu’il doit subir
malgré tout. Nommé au grade de Capitaine de Frégate début 1922, il
est nommé Commandant en second du croiseur POTHUAU mais avant de le
rejoindre, il doit assurer la mission la plus périlleuse de sa
carrière, le réarmement du vieux transport déjà à la ferraille, la
Moselle, pour assurer la rotation des fonctionnaires civils entre
Marseille et Alger pendant la grande grève des inscrits maritimes.
Ma mère se souvient encore que son père n’avait jamais eu aussi peur
de sa vie ! Après le commandement d’une flottille de
contre-torpilleurs à Brest, bien que Capitaine de Frégate, il est
choisi par l’Amiral DOCTEUR comme son Chef d’Etat Major à l’Escadre
de la Méditerranée.
Extrait
Ouest-France / 27 aout 1929
Le 24 septembre
1929, DOCTEUR note son adjoint : « le Comandant OLLIVE a été pour
moi pendant deux ans le collaborateur et l’ami le plus sur. J’ai
apprécié hautement son intelligence, son tact, ses connaissances
complètes mises au service d’une puissance de travail
exceptionnelle. Ayant une confiance absolue dans ses qualités de
marin et son jugement, je lui ai souvent délégué le commandement. Il
a toutes les qualités du chef, la Marine doit le plus tôt possible
l’utiliser dans les hautes fonctions ».
Nommé Capitaine de
Vaisseau en 1929, il prend le commandement de l’Ecole d’Application
de Tir à la Mer sur le croiseur-cuirassé GEYDON
Extrait
Ouest-France / 7 décembre 1929
Il y a souvent de
permanence à la coupé ou sur la passerelle, un jeune Enseigne de
Réserve et, contrairement aux usages et au grand étonnement de
l’équipage, le Commandant lui serre la main et lui parle un moment.
Il s’agissait tout simplement d’Arthur-André OLLIVE, le fils de son
copain et « cousin » Arthur, de Trentemoult !
Extrait
Ouest-France / 20 avril 1930
Après le passage
obligé au Centre des Hautes Etudes Navales, il est nommé début 1933
Contre Amiral avec le passage traditionnel dans un poste à terre.
Extrait
Ouest-France / 24 janvier 1933
Ce sera la
Majorité Générale à Brest.
Extrait
Ouest-France / 9 mai 1933
En 1935, il prend
le commandement du groupe des contre-torpilleurs de l’Escadre de la
Méditerranée qui deviendra rapidement la célèbre 3ème Escadre Légère
dont l’histoire, fortement romancée, a été écrite par Claude
Farrère. Il a son pavillon sur le Tartu.
le « gaulois » sur
la passerelle du RARTU Composée de 12 véritables coursiers des mers
– 2.700 à 3.200 tonnes, 45 nœuds au minimum – c’est l’orgueil de
notre Marine et l’envie des Marines étrangères, surtout anglaise. La
première année, c’est le temps de la formation des équipages et la
mise au point de la doctrine d’emploi. En 1936, c’est la guerre
civile en Espagne, les patrouilles permanentes en raison des
sous-marins prêtés et en fait armés par les Italiens. L’activité est
telle que mon grand-père est obligé de demander par écrit à son chef
à quelle date certaine il pourra prendre une permission afin de
pouvoir assister au mariage de sa seule fille, ma mère !
En octobre 1936,
son condisciple DARLAN est nommé Chef d’Etat-Major Général à/c du
1er janvier 1937. Il a le temps d’organiser son équipe, discute avec
mon grand-père qui accepte non sans discuter et rechigner de devenir
son adjoint comme Premier Sous-chef d’Etat Major Général. Alors que
ce poste était tenu auparavant par un Contre-amiral, mon grand-père
est nommé Vice- Amiral par décret présidentiel en date du
15/01/1937. Quelques jours après, par décision ministérielle, il est
précisé que le V.A. OLLIVE portera les attributs des Commandants en
Chef, c’est à dire quatre étoiles.
Cette nomination
fait un peu scandale surtout chez les protégés du prédécesseur de
DARLAN qui avait bien prévu que GENSOUL et OLLIVE seraient nommés
V.A. en 1937 mais GENSOUL étant plus âgé et plus ancien dans le
grade précédent devait passer le premier. Comme DARLAN a oublié de
nommer GENSOUL, il se voit obligé de faire annuler les décisions
puis de faire signer une nouvelle nomination par le Président LEBRUN
qui porte les deux noms, GENSOUL étant cité le premier. Un raté
jamais vu dans la Marine ! Comme mon grand-père ne sait plus dans
quelle tenue il doit arriver à Paris, Darlan lui écrit le 27 février
1937 : « j’ai résolu ton problème vestimentaire par DM (quatre *) ».
Jusque là, l’Amiral OLLIVE a toujours eu des notes extrêmement
brillantes. Je citerai celle de juillet 1936 signée par l’Amiral
MOUGET, C.E.C. de l’Escadre de la Méditerranée : « large culture
professionnelle et générale. Méthodique, prévoyant, prudent. Excelle
dans l’action méthodiquement préparée. Organisateur remarquable, a
très bien commandé son groupe de C.T. dont l’excellente préparation
militaire s’est affirmée au concours d’arme du mois de juillet.
Officier de très grande valeur, à promouvoir en 1937 ».
Extrait
Ouest-France / 20 janvier 1937
Le successeur de
Mouget à l’Escadre, ABRIAL, un protégé du prédécesseur de DARLAN,
qui savait très bien que son successeur en 1938 serait OLLIVE, et
bien qu’il l’ai jamais eu sous ses ordres, ait appelé a le noter
malgré tout en août 1937 et décide de lui « fait payer » le raté de
DARLAN en reprenant globalement les notes précédentes avec toutefois
en finale ; « les qualités de marin de l’Amiral OLLIVE ne sont pas
aussi brillantes » et de rajouter après sa signature « mon opinion
très ferme est que l’Amiral OLLIVE n’est pas doué pour commander à
la mer » ! Ce genre de réaction épidermique est courant dans les
Armées et ne porte pas à conséquence.
Extrait
Ouest-France / 24 mars 1938
Extrait
Ouest-France / 12 novembre 1938
Par la suite, en
1942, mon grand-père employa le même moyen envers un Vice-amiral
connu pour ses relations avec DARLAN en le notant ainsi : « détesté
par ses supérieurs, fui par ses condisciple, haï par ses subordonnés
»… Quel humour ! D’ailleurs DARLAN n’en tient pas compte en confiant
à mon grand-père l’Escadre de la Méditerranée, notre plus importante
force maritime, par décret présidentiel du 21 mars 1938. Nouveau
problème dû à une gaminerie de DARLAN. Toujours Vice-amiral (il n’y
avait pas de grade plus élevé à l’époque) mais avec rang d’Amiral de
la Flotte, il veut plus. En adjoignant des forces éparpillées aux
deux Escadres traditionnelles, elles deviennent des Flottes et un
Amiral de la Flotte qui commande deux Flottes ne peut être qu’un
Amiral de France ! Comme ABRIAL est plus ancien qu’OLLIVE, il
reprend le commandement de la Flotte et OLLIVE prend temporairement
la Préfecture Maritime de Toulon. Mais un temporaire qui dure et qui
ne plait surtout pas à mon grand-père qui ne se gêne pour le faire
savoir. En définitive, le Ministre ne marche pas dans la combine de
DARLAN qui reste, si je puis dire, simple Amiral de la Flotte.
Voyant cela, retour des chose, ABRIAL reprend sa Préfecture, mon
grand-père la Flotte jusqu’à son départ à Casablanca fin 1939.
Cette période de
commandement est marquée par les préparatifs de la guerre, la
formation des équipages par des manœuvre constantes. Et c’est
surtout les discussions interalliées, en particulier avec le
Commandant en Chef de la Flotte anglaise de la Méditerranée, Sir
Andrew CUNNINGHAM, qui aboutirent aux accords signés par les deux
amiraux en juillet 1939 par lequel les deux pays se partagent la
Méditerranée. Dans ses Mémoires, Andrew CUNNINGHAM a écrit « the
french Commander in Chief, Admiral OLLIVE arrived at MALTA (27
juillet 1938)… in battleship PROVENCE escorted by four destroyers
which necessitated the usual spate of calls, receptions, luncheon
parties and dinners….. Admiral OLLIVE, blessed with a large
moustache and a grat sense of humour, was very much likes by us
all”. Il faut dire qu’il y avait eu un incident comique au cours du
dîner d’adieu au siège de l’amirauté, vieux bâtiment aux sièges
vermoulus au point que Madame CUNNINGHAM se retrouva les quatre fers
en l’air. On vérifia bien entendu les autres sièges et on s’aperçut
que celui de mon grand-père était déjà à moitié cassé … Tout le
monde prit le parti d’en rire plutôt que de créer un incident
diplomatique !
Extrait
Ouest-France / 2 juillet 1939
Remerciements Lance
THOMAS
Le 21 novembre
1939, DARLAN écrit au Gal NOGUES, Résident Général au Maroc, C.E.C.
des Forces Armées en Afrique du Nord : « Mon cher Général et Ami, La
guerre maritime dans l’Atlantique prenant de plus en plus
d’importance, je viens d’être obligé d’articuler d’une façon
nouvelle mon haut commandement. Le poste de Commandant en Chef dans
l’Atlantique SUD vient d’être créé. La résidence de ce C.E.C qui
porte le nom d’Amiral AFRIQUE, est normalement Casablanca et,
éventuellement, Dakar. Il a sous ses ordres les forces mobiles mises
par moi à disposition et les Commandants de la Marine au Maroc, AOF
et AEF. Bien entendu, pour tout ce qui concerna la défense du
littoral, les commandants de la Marine continuent à dépendre
directement du Résident Général et des Gouverneurs Généraux.
L’Amiral Afrique n’a à s’occuper que des opérations en haute mer. Le
titulaire du poste « Amiral Afrique » est le Vice-amiral d’Escadre
OLLIVE qui commande actuellement la Flotte de la Méditerranée. » La
zone d’action est vaste puisqu’elle est limitée au Nord par le Cap
St Vincent (Sud du Portugal) et au Sud, par Freetown. Il passe un
accord avec son ami NORTH, qui commande à Gibraltar, par lequel
chaque Marine a une zone d’action. C’est le temps des convois de
renfort en troupes de l’Empire, la recherche des sous-marins, le
départ et l’escorte de l’or de la banque de France vers Dakar etc.
Devant les menaces espagnoles - en fait, on sait aujourd’hui
qu’elles étaient vaines- une grande partie de l’intendance de
Gibraltar est transporté à Casablanca et elle ne sera en définitive
déménagée complètement que fin juillet ce que de nombreux historiens
ignorent ou préfèrent ignorer...
Extrait
Ouest-France / 9 mars 1940
Le jour de
l’agression de Mers El Kébir, le 3 juillet 1940, OLLIVE écrit à
DARLAN pour se plaindre de NOGUES qui vient de lui refuser les
forces pour attaquer les Anglais, non à Gibraltar où commande son
ami NORTH qui a refusé de prendre la commandement de cette
agression, mais les forces encore en mer de SOMMERVILLE qui a
accepté la mission. Nouvelle lettre à DARLAN le 12 juillet pour lui
dire qu’il s’oppose à son projet d’attaquer FREETOWN le 15 juillet.
Il considère que l’attaque des forces anglaise le jour même ou le
lendemain aurait été considérée par le monde entier comme « normale
» mais qu’une attaque 15 jours après de forces n’ayant pas été dans
le coup, serait considérée comme une vengeance pouvant
irrémédiablement compromettre nos relation avec les anglais. Après
l‘Armistice, comme la Marine n’a pas démérité, DARLAN case ses
amiraux : ABRIAL est nommé Gouverneur de l’Algérie, FERNET, autre
camarade de promo, Secrétaire Général du Gouvernement, ESTEVA,
Résident en TUNISIE. Même le Préfet de Police de Paris est un amiral
! Mon grand-père refuse tout poste « civil à connotation politique
». C’est un marin et tient à le rester !
Par décision
signée le 1er août 1940 par le Mal PETAIN, mon grand-père est nommé
Commandant en Chef des Forces Maritimes du Sud, avec Q.G. à Alger où
il restera jusqu’à son retour à Toulon le 17 octobre 1942, 20 jours
exactement avant le débarquement américain.
A Alger, il
retrouve son ennemi intime, ABRIAL, mais surtout WEYGAND, nommé
Délégué Général du Gouvernement avec pleins pouvoirs civils et
militaires en AFRIQUE, sauf sur la Marine bien entendu, chasse
gardée de DARLAN ! Les relations entre ABRIAL et WEYGAND sont très
mauvaises d’autant plus que DARLAN avait réussi à coller à la
Délégation Générale le Vice-Amiral FENARD totalement inféodé à lui
qui se charge de brouiller les deux hommes…ABRIAL sera obligé de
partir quelques mois après ! En revanche, entre WEYGAND et mon
grand-père, l’entente était parfaite et le restera après la guerre.
On connaît parfaitement l’action menée par WEYGAND en Afrique, la
préparation secrète des magnifiques troupes qui permirent par la
suite à notre pays de retrouver son rang. On connaît aussi ses
relations avec Robert MURPHY, délégué personnel de Roosevelt, la
douzaine de vice-consuls chargés en principe de surveiller l’aide
économique accordée à l’Afrique du Nord.
On ne connaît pas
encore les relations exactes entre les Américains et mon grand-père.
Dans ses mémoires, un vice-consul dit qu’il aurait été contacté et
qu’il aurait accepté de prendre le commandement des troupes
françaises si Giraud avait refusé. J’en doute un peu mais il est
certain que plus tard en 1944, après avoir pris la ville de Privas,
les troupes américaines se sont empressées de mettre un cordon de
sécurité autour de la maison où mon grand-père s’était réfugié. De
plus ayant eu l’occasion de servir de porte-serviette à Michel
DEBRE, à l’époque à Alger, sachant qu’il avait connu mon grand-père
et surtout qu’il était au mieux avec mon plus jeune oncle, François
OLLIVE, son collègue du Conseil d’Etat, j’avais posé la question «
pourquoi mon grand-père a t’il était le seul amiral a ne pas avoir
de problème à la Libération ». Réponse « les Américains s’y seraient
opposés » , mais impossible d’en savoir plus. DARLAN savait-il ce
qui allait se passer en Afrique du Nord ? Certainement par FENARD,
surtout par son fils qui avait des contacts directs avec MURPHY,
probablement par mon grand-père quand ils se voyaient. Devant ce qui
se tramait, DARLAN prend ses dispositions : il fait nommé Chef de
l’Armée d’Armistice, le Gal REVERS, artilleur connu depuis 1914/18,
il fait rentrer de LATTRE de Tunisie et lui donne le Commandement de
la région considérée comme stratégique, le Languedoc-Roussillon,.
Coté MARINE, il décide de supprimer le poste d’Amiral Sud et son
remplacement à Alger et Casablanca par deux amiraux « à lui ». Il
décide de remplacer l’Amiral Comte Jean de Laborde, son « ennemi
intime » qui commande à Toulon les seuls navires qui nous restent,
par un jeune Vice-amiral de 52 ans, GOUTON, en qui il a pleine
confiance.
Extrait
Ouest-France / 2 décembre 1940
Quant à mon
grand-père, il deviendra Inspecteur Général des Forces Maritimes,
poste en général honorifique mais qui dans la période de crise
prévisible, doit prendre de l’importance. Contrairement à ce que
pensaient les Officiers Généraux plus ou moins dans le coup, les
Américains débarquent dans la nuit du 7 novembre 1942 alors qu’ils
étaient espérés au mieux au printemps 1943 aussi bien dans les trois
pays d’AFN que dans le Languedoc-Roussillon.
On sait aussi que
le jour du débarquement, DARLAN se trouvait à Alger au chevet de son
fils Alain mourant, ses accords avec les Américains, son assassinat
le jour de Noël. On sait aussi que ce débarquement se traduisit par
l’envahissement par les Allemands de la zone Sud, puis de Toulon, le
sabordage de notre magnifique flotte, etc.
Fête nautique au
centre Siroco
Source Web
Quant à mon
grand-père, rentré d’Alger le 17 octobre 1942, en congé pour deux
mois et installé momentanément chez mes parents, il put avoir, après
le sabordage, un véhicule officiel qui nous emmena mon grand-père,
ma grand-mère, ma sœur aînée et moi-même, à Privas où nous sommes
restés jusqu’à la fin de la guerre.
Comme il n’y avait
plus de Marine, mon grand-père ne rejoignit pas l’Inspection et prit
sa retraite en janvier 1943.
Revenus à Toulon,
mes grands-parents louèrent une villa à coté de chez nous, à
Tamaris, près de La Seyne. J’ai bien connu mon grand-père mais c’est
tout relatif car je n’avais que onze ans quand il est mort
brutalement le 1er juin 1950.
La Liberté / 3 juin
1950
Il était un
grand-père rêvé, bon et très attentif à ses petits-enfants. Je me
souviens surtout de ces histoires de la vieille marine et sur les
corsaires nantais. J’avais le droit de jouer avec ses nombreuses
maquettes de bateaux à voile. Un jour, il m’a même appris à me
servir d’un sextant. Mais c’était aussi un homme assez secret car il
ne parla jamais de politique et de sa carrière ni à ma mère ni à ses
quatre fils.
Sources : archives
familiales et personnelles, dossiers de plusieurs Amiraux au
S.H.M.de Vincennes, biographies DARLAN, en particulier celle de
M.COUTEAU-BECARIE & C.V. HUAN.
Dossier
/
Téléchargement PDF
Remerciements Bernard Dulou
Photos / Alain Cloarec
/ Association "Aux Marins"
Remerciements Stéphane
Giran
Remerciements à Gilles Jogerst / Généamar pour ses recherches
et la mise à disposition de ses données
http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviation-marine/marine-1914-1918/liste_sujet-1.htm
Retour Officiers
et anciens élèves
|