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Officiers et anciens élèves -
Pierre Marie Thomas comte de MAUSSION de
CANDÉ
(1878 - 1914)


Né le 22 octobre 1878 à PARIS Vème (Seine) - Tué le 19 octobre 1914
à DIXMUDE (Flandre Occidentale), BELGIQUE - Inhumé à Dunkerque-Nord
(Nord), sépulture N°646
Petit neveu d'Antoine
Marie Ferdinand, promotion 1818
Père de Pierre Marie Léon,
commissaire de marine 1938
Fiche Mémorial

Entre dans la Marine en 1896
Aspirant le 5 octobre 1899; port
CHERBOURG.
Au 1er janvier 1900, sur le cuirassé "FORMIDABLE", Escadre du Nord
(Cdt Marie De FAUQUE de JONQUIÈRES).
Au 1er janvier 1901, sur le
croiseur "GUICHEN", Escadre d'Extrême-Orient (Jules de SURGY, Cdt).
Enseigne de vaisseau le 5 octobre 1901.
Au 1er janvier 1902, port CHERBOURG.
Officier breveté Gymnaste.
Au 1er janvier 1903, sur le cuirassé "FORMIDABLE", Escadre du Nord
(Eugène LE LÉON, Cdt).
Au 1er janvier 1904, à nouveau sur le
"FORMIDABLE", Escadre du Nord (Cdt Victor IMHOFF).
Au 1er janvier
1906, Second sur le transport "LOIRET", Service du littoral (Cdt
Louis ROMIEUX).
Au 1er janvier 1908, sur le croiseur "ALGER",
Division navale d'Extrême-Orient (Cdt Émile FOURNIER).
Le 21 octobre
1908, Second de l'École de chauffe à TOULON (Cdt Joseph BOUSSÈS).
Lieutenant de vaisseau le 15 avril 1910.
Au 1er janvier 1911, port CHERBOURG.
Officier breveté Interprète d'anglais.
Officier breveté Fusilier.
Au 1er janvier 1912, Officier de tir à l'École des Fusiliers Marins
à LORIENT.
Au 1er janvier 1914, Archiviste sur le transport "CALÉDONIEN",
affecté au Bataillon d'Apprentis-Fusiliers.
Cet Officier affecté au 2ème Régiment de Fusiliers Marins, Capitaine
de la 5ème compagnie du 2ème Bataillon, sera tué au combat dans le
secteur de la ferme de BEERST, bataille de DIXMUDE, alors commandant
une compagnie de Fusiliers Marins. Cité à l'ordre de l'Armée navale
: "A été tué à la tête de ses hommes en repoussant brillamment les
attaques répétées d'un ennemi très supérieur".
Chevalier de la Légion d'Honneur.
Acte de décès transcrit le 31 décembre 1914 à CHERBOURG.


Complément
Extrait du « Journal » d’Amélie d’Horrer belle sœur de Pierre et
de Marguerite de Maussion de Candé
Dimanche 8 Novembre 1914
Copie d’une lettre de Mr de Monts à Marguerite
« Madame,
Je suis confus d’avoir tant tardé à vous dire la part que j’ai
prise à votre douleur ; vous savez assez la sincérité et
l’ancienneté de l’affection qui me liait à votre cher mari pour
vous douter de l’émotion qui m’a étreint lorsque, sur cette
route de Dixmude à Ostende où j’ai vu défiler en quelques
instants tant de camarades blessés, j’ai appris la mort
instantanée, foudroyante, du meilleur des amis. Je comprends,
Madame, votre ardent désir de connaître quelques détails, le
plus de détails possible, sur les derniers faits et gestes de
votre mari. Je suis, hélas, bien imparfaitement renseigné sur
toutes les circonstances qui ont précédé cette journée de
Dixmude, où son bataillon a été particulièrement éprouvé. Tout
ce que je pourrai vous dire n’est qu’approximatif, n’ayant pu
être vérifié. En campagne, on s’ignore d’un régiment à un autre
; dans son propre régiment, on reste parfois des semaines sans
pouvoir serrer la main d’un camarade. On est donc forcé de s’en
rapporter aux « on-dit », aux racontars qui souvent sont loin de
la vérité. Quoi qu’il en soit, voici quelle fut notre vie depuis
le 6 Octobre. Ce jour-là, toute la brigade s’embarquait en
chemin de fer à destination de la Belgique : le 1er rég. à
Pierrefite, le 2e – si je ne me trompe – à St Denis. Six trains
nous emmenèrent ainsi se succédant de 7 h du matin à 4 h du
soir.
Le lendemain, le 7 par conséquent, ns étions débarqués à Gand.
Le soir même, le 2e rég. en partie ou en totalité, je ne sais,
était dirigé sur Melle, d’où il se portait le lendemain 8 sur
Quatrecht. Le 9 eut lieu un combat assez acharné où le 2e rég.
prit une part assez considérable. La compagnie de votre mari fut
relativement peu éprouvée – Le 12 au soir, à 6 h, nous quittions
nos tranchées à la barbe des Allemands, puis par une marche de
nuit exceptionnellement longue, ns traversions Gand, puis
gagnions Aalt et de là Thielt. Après deux étapes à Tourhout et à
Peereboom, nous arrivions à Dixmude le 16. La 1ère partie de
notre mission : protéger la retraite des troupes Belges sortant
d’Anvers, était remplie. Restait à arrêter vers l’Ouest la
marche des troupes qui venant les unes d’Anvers (qui s’était
rendu) les autres de Bruxelles par Alost et Gand, avaient comme
objectif Dunkerque et Calais. Ces troupes allemandes, ainsi que
ns avions pu ns en rendre compte à Gand, étaient de second
ordre, mais leur nombre compensait leur qualité et elles
allaient bient^to disposer d’un important matériel d’artillerie
lourde.
Nous étions à ce moment-là, les seules troupes françaises depuis
Béthune jusqu’à Nieuport. Les Anglais étaient à notre droite,
nous avions une division Belge à droite et deux à notre gauche.
Les journées des 17 et 18 se passèrent sans affaires
importantes. Ns avions entouré Dixmude d’une véritable enceinte
de tranchées, garnies en permanence d’infanterie et de
mitrailleuse. Je ne sais quel poste occupe votre mari pendant
ces 2 journées ; j’étais pour mon compte dans une tranchée.
Le 19 dans l’après-midi, les Allemands resserrant de plus en
plus leur cercle d’investissement autour de Dixmude, seul point
resté en notre possession sur le rive droite de l’Yser, on
décida de prendre l’offensive vers le Nord, et cette tâche fut
confiée au Bataillon de votre mari, commandé par le Capitaine de
frégate Pugliesi-Conti.
L’affaire fut engagée un peu à la légère. Un village, Keiem, que
l’on croyait libre d’ennemis, était au contraire occupé ; aussi,
quand la compagnie Pertus, qui était d’avant-garde, arriva aux
premières maisons du village, fut-elle brusquement attaquée de
tous côtés. Pertus enleva ses hommes, s’empara des premières
maisons du village et s’y maintint en demandant du secours. Il
fut blessé. Presque au même instant, votre mari qui s’avançait
sans méfiance à la tête de sa compagnie vers un autre groupe de
maisons, fut aussi subitement que Pertus accablé d’une pluie de
balles. L’une des premières balles tirées l’atteignit – m’a-t-on
dit – en plein front, tandis qu’une seconde balle l’aurait
blessé à la jambe. Les compagnies engagées réussirent à tenir
leurs positions, ce qui permit d’emporter les blessés et même la
majeure partie des morts. Là furent blessés Hébert, de Roucy,
Comdts de vaisseau ; du Réau, de Blois, enseignes.
Ici s’arrête ce que je sais de source certaine, mais je crois
pouvoir vs affirmer que le corps de votre mari fut pieusement
rapporté par ses hommes et même transporté à Dunkerque où il
aurait été inhumé. J’ai eu sous les yeux un article d’un journal
de Dunkerque ou de Calais, je ne puis préciser, sans doute
l’Écho du Nord, de Dunkerque, où on relatait les obsèques de
plusieurs officiers, dont le Lt de vaisseau de Maussion. Vous
pourrez être fixée sur ce point en vous adressant au Commandant
de la Marine à Dunkerque. C’est un Capitaine de vaisseau qui se
fera un devoir de vous renseigner sur tous les points qui
peuvent vs toucher.
Comme je vous le disais, trop rare ont été les occasions de nous
revoir, votre pauvre mari et moi, depuis ma départ de Lorient.
Chaque fois il regrettait, ns regrettions ensemble, d’avoir été
séparés. Le matin même de sa mort, sur la grande place de
Dixmude où je devais deux jours après recevoir un éclat d’obus
bien bénin, nous nous serrâmes la main avec cette émotion
qu’éprouvent deux amis qui savent qu’ils peuvent ne pas se
revoir. Je revenais d’une tranchée pr gagner la rive gauche de
l’Yser ; lui au contraire, se dirigeait vers la partie Nord de
la ville, d’où il devait quelques heures après prendre
l’offensive … Les évènements se sont précisés si brutalement du
19 au 21 que je n’ai pu recueillir aucune autre précision sur la
mort de votre mari. Je me ferai un devoir dès ma rentrée dans le
rang, c'est-à-dire vers le 12, d’accroître le trop maigre
faisceau des tristes mais glorieux souvenirs auxquels votre
tendresse doit attacher un si pieux intérêt. Je sais toute la
sollicitude infiniment affectueuse que votre mari avait pour
vous et pour tous les siens. Son sacrifice n’en est que plus
grand et plus méritoire.
L’idée qui nous soutient, tandis que nous sentons la mort
voltiger autour de nous sous toutes ses formes, c’est le
sentiment du sacrifice, pieusement consenti, et l’espoir que
notre pays revivra plus grand et plus fort, que nous préparons
pour nos enfants un temps plus glorieux que celui où nous avons
grandi.
J’espère, Madame, que votre courage vous aidera à surmonter le
coup terrible qui vous accable, que vous obéirez au conseil que
votre mari vous donnerait certainement si sa voix pouvait
arriver jusqu’à vous : vs conserver moralement et physiquement
pr vos enfants qui sont votre consolation comme ils auraient été
la joie de leur père. Je vous prie de croire, Madame, à toute la
profonde et respectueuse part que je prends à votre immense
douleur et d’agréer l’hommage de mon plus respectueux
dévouement. Le Cte B. de Monts »


Photos


A droite / Date ?
Lettre




Lettre où il est mentionné / Dunkerque, 20 octobre 1914

Remerciements document / Jean-Michel Bergougniou
Remerciements complément et photos / Geneviève Bujon
Remerciements Bernard Dulou
Remerciements à Gilles Jogerst / Généamar pour ses recherches
et la mise à disposition de ses données
http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviation-marine/marine-1914-1918/liste_sujet-1.htm
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