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Officiers et anciens élèves -
Jacques MARESCOT du
THILLEUL
(1812 - 1839)
Né le 26 octobre 1809 à BOULOGNE sur
MER (Pas de Calais) - Décédé le 23 novembre 1839 à bord de
l'Astrolabe en Océan Indien
Fiche Mémorial

Etudes : Collège de Marine d'Angoulême
Ecole navale : 12 septembre 1826
Elève de. 2e cl. : 1828
Elève de 1ère cl. : 1830
Enseigne de vaisseau : Janvier 1832
Lieutenant de vaisseau
: 21 août 1839
Au physique, d'après les divers témoignages de ses camarades, on
imagine Jacques Marescot-du-Thilleul comme Bonaparte à Arcole.
De petite taille, les
cheveux bruns et très longs, le regard noir et perçant.
C'est un garçon très
studieux, de caractère doux et agréable, de contact facile avec ses
semblables, mais ferme et autoritaire avec les hommes d'équipage. Il
est beau, cultivé cet avantage et, grâce à lui, sait se faire aimer
de tous ceux qu'il rencontre.
A bord de l'Astrolabe,
il est l'enfant chéri de ses supérieurs, l'ami de tous ses égaux,
l'officier préféré de 1'équipage.
A la sortie de l'Ecole
Navale, représentée à cette époque par le vaisseau-école Orion,
Marescot-du-Thilleul est dirigé sur Toulon où il embarque sur la
frégate la Vénus qui croise en Méditerranée.
Peu de temps après,
l'affaire algérienne nécessitant beaucoup de monde, il part sur la
corvette la Victorieuse, faire le blocus des côtes de ce pays. La
navigation continue des navires qui font le blocus est monotone et
sans intérêt. Il passe alors, à sa demande, sur le vaisseau Ereslau,
et prend le commandement des troupes de Marine du bord qui
débarquent à Siddi-Ferruch. Mais après les premiers combats qu'il
trouve exaltants, c'est l'occupation et la vie de garnison.
Jacques Marescot-du-Thilleul
a toujours été de santé délicate et c'est pour cela que son goût
très vif pour la Marine est combattu activement par ses parents.
La région de Siddi-Ferruch
où il est cantonné, n'est pas des plus saines et sa santé fragile en
souffre. Il tombe malade. Aucune précision n'est donnée, nulle part,
sur sa maladie, vraisemblablement le paludisme.
Aussitôt remis sur
pied, il navigue sur un transport entre Toulon et l'Afrique, la
frég.ate 1 'Arthémise.
Mais son cœur avide
d'exploits ou d'originalité n'y trouve pas son compte.
Il obtient alors de
participer à l'opération montée contre le Portugal, en 1831 et
embarque sur la flutte la Didon.
On ne sait pas par
quelle action il trouva le moyen de se distinguer mais il y parvint
puisque son commandant, événement exceptionnel, le félicite devant
tout l'équipage réuni sur le pont et demande officiellement au
Ministre, sa promotion au grade d'enseigne de vaisseau.
Il est promu dès
janvier 1832 et nommé second de la goélette Daphné.Fatigué par
toutes ses navigations, et peut-être les
de sa maladie
algérienne, il prend un congé de trois mois qui lui redonne la
forme.
On est au début de la
navigation à vapeur et cette nouveauté l'intrigue.
Il embarque donc, à sa
demande, sur le vapeur le Souffleur.
Déçu par le manque
d'aventure et de charme de cette navigation il demande à partir loin
de France.
En 1831, déjà, il avait
demandé, sans résultat, à participer à une campagne hydrographique
au Levant. Cette fois, il a plus de succès et fait connaissance avec
1’ Astrolabe qui part justement au Levant. De retour, et toujours
curieux de destinations lointaines, il obtient d'embarquer sur la
corvette l’Oise qui va conduire en Inde le nouveau gouverneur de
Pondichéry.
C'est lors de ce voyage
qu'il fait une rechute terriblement grave.
Au retour, le
médecin-major de la corvette confiera à ses supérieurs sa surprise
d'avoir pu le maintenir en vie.
Marescot-du-Thilleul
refuse un congé et repart sur les côtes d'Afrique à bord de
l'Egérie.
Nous sommes en 1835.
Mais il est trop faible et doit à nouveau prendre six mois de repos.
Durant cette période
tous ses rapports sont élogieux : "Conduite parfaite ; de la
fermeté, beaucoup de zèle ; capable de commander un quart." (1) ; ou
bien encore : "je n'ai qu'à me louer "du zèle, de l'activité et de
la subordination de M.Marescot...très soigneux de son service, il
s'occupe beaucoup de son état, et mérite sous tous les rapports
d'être recommandé au Ministre."(2).
Guéri et en pleine
forme, il apprend de ses camarades intimes, Barlatier-Demas et de
Tardy de Montravel, que Dumont d'Urville prépare une expédition et
qu'ils en font partie. Il veut aussi en être et, sourd aux dangers
que cela peut représenter pour sa santé et que lui rappellent ses
deux camarades, il fait acte de candidature. Aussitôt accepté grâce
à ses deux recommandations,
(1)1831, contre-amiral
Ducrest de Villeneuve, major-général du port de Toulon.
(2)1837, commandant de 1'Egérie
Il ne tarde pas à être
un des pivots de la vie du bord.
Spécialiste de
l'hydrographie, il dessine aussi admirablement et est l'auteur de la
plupart des portraits de l'Album du voyage.
Il est très apprécié de
Dumont d'Urville qui loue son zèle et la qualité de son travail.
A plusieurs reprises,
dans ses rapports, le commandant attire l'attention du Ministre sur
les mérites de ce jeune officier.
De même, il demande
pour lui, et finit par obtenir, le grade de lieutenant de vaisseau.
Mais avec la navigation
dans les latitudes équatoriales, les séquelles de sa maladie se
réactivent et, l'affaiblissant, font de lui une des premières
victimes de la dysenterie.
A l'escale de Samarang,
Dumont d'Urville trouve un navire de commerce français dont le
commandant accepte de les rapatrier, lui et l'enseigne de vaisseau
Lafond, également très malade.
Voici ce que nous dit
l'un de ses camarades (1) : "Un bâtiment de commerce français allait
"partir pour la France ; nous l'engageâmes tous vivement à en
"profiter. M. d'Urville, qui lui portait le plus grand intérêt, se
joignit à nous. Il répugnait à Marescot de quitter l'expédition ; il
allait cependant céder à nos instances, lorsque nous apprîmes "que
le commandant avait l'intention de tenter une seconde exploration
dans les régions polaires. Désormais nous ne pûmes rien "obtenir : -
Je veux être là pour partager vos dangers ; ce serait une lâcheté
que de quitter la corvette et, du reste, les latitudes "tempérées
dans lesquelles nous allons bientôt entrer me remettront, j'en ai la
conviction." (2).
(1) Probablement Barlatier-Demas ou Tardy de Montravel, le texte est
signé "un camarade de l'expédition".
(2) Dumont d'Urville (J.S.C.) : Voyage au pôle Sud et dans
l'Océanie. T.8 .biographies. P. 370
Effectivement, dans les jours qui suivirent, il y eut un mieux
certain dans sa maladie, qui fit espérer tout le monde.
Mais la rechute fut
brutale et définitive. Il envisageait alors la mort avec le plus
grand calme. Il s'éteignit le 23 novembre 1839, à 18 heures, après
avoir confié ses dernières volontés à 'son ami Barlatier-Demas. On
l'immergea dans la nuit, avec la plus grande discrétion, afin de ne
pas alerter son ami Gourdin, malade comme lui, et les autres
dysentériques du bord.
Dumont d'Urville est
très affecté et écrit : «La nouvelle de sa mort jeta un deuil
général. Cet officier avait su capter "l'affection des matelots,
auxquels il inspirait une confiance "sans bornes4 par son mérite et
son savoir. Tous les officiers, "ses camarades, le pleurèrent comme
un frère... Zélé dans son "service (il était) entièrement dévoué au
succès de la mission."(1).
(1) Dumont d'Urville (J.S.C.)
: Voyage au pôle Sud et dans l'Océanie. T8, P.88.
Source Université de Provence / Doctorat d'Histoire présenté par
Christian COUTURAUD sous la direction de M le Professeur MIEGE / "Le
Troisieme Voyage de Circumnavigation de J.S.C. Dumont d'Urville 1837
- 1840" / Avril 1986.


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