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Officiers et anciens élèves -
Henri Thomas Marie Le SORT
(1874 - 1951)

Né le 10 mars 1874 à COUTANCES (Manche)
- Décédé le 14 aoput 1951 à PARIS XVIe (Seine)
Entre dans la Marine en 1892
Aspirant le 5 octobre 1895; port
CHERBOURG.
Au 1er janvier 1896,
sur le frégate "MELPOMÈNE", École des Gabiers (Cdt Pierre DANIEL).
Au 1er janvier 1897,
sur le croiseur "ÉCLAIREUR", Division navale d'Extrême-Orient (Cdt
Louis TEXIER).
Enseigne de vaisseau le
5 octobre 1897.
Au 1er janvier 1899,
sur le cuirassé "AMIRAL-DUPERRÉ", Escadre du Nord (Cdt Frédéric
PISSÈRE).
Au 1er janvier 1900,
port CHERBOURG.
Au 1er janvier 1901,
Officier-Élève à l'École des Officiers Torpilleurs à TOULON.
Officier breveté
Torpilleur.
Aux 1er janvier 1902,
1903, sur le cuirassé "MAGENTA", École des marins torpilleurs,
Adjoint au professeur des apprentis-torpilleurs (Cdt Joseph MALLET).
Au 1er janvier 1904,
sur le cuirassé "SAINT-LOUIS", Escadre de Méditerranée (Cdt Jules
NÉNY).
Lieutenant de vaisseau
le 19 juillet 1905.
Au 1er janvier 1906,
sur le croiseur cuirassé "JULES-FERRY", en essais à CHERBOURG (Cdt
Louis DUFAURE de LAJARTE).
Le 7 avril 1906, en
service à la Défense fixe de TOULON.
Idem au 1er janvier 1908.
Au 1er janvier 1909,
sur le croiseur "DUGUAY-TROUIN", École d'application des Aspirants
(Cdt Jules KÉRAUDREN).
Chevalier de la Légion
d'Honneur.
Au 1er janvier 1911,
sur le cuirassé "LÉON-GAMBETTA", 1ère Escadre (Cdt Louis La PORTE).

Illustration - 24 mai 1913
"Avec l'aimable
autorisation des Éditions Marius Bar - Toulon"
© Photo Marius Bar
http://www.mariusbar-photo.com
Officier breveté de
l'École Supérieure de la Marine, promotion 1912.
Au 1er janvier 1914,
sur le cuirassé "PATRIE", 2ème Escadre, 1ère Armée navale (Cdt
Laurent MARIN-DARBEL).
De mars 1915 à mars
1916, Commandant le torpilleur "BISSON", il est cité à deux reprises
à l'ordre de l'Armée navale; " Commandant le BISSON. Officier de
tout premier ordre, a dirigé avec succès l'opération de destruction
d'un câble télégraphique et de la station de ravitaillement de
sous-marins et d'aéroplanes de Lagosta le 11 juillet 1915, montrant
beaucoup d'énergie et de sang-froid pour terminer son œuvre sous le
feu de l'ennemi." --- " A effectué la destruction d'un sous-marin
ennemi, le 13 août 1915, grâce aux dispositions qu'il a ordonnées,
ainsi qu'à l'esprit de décision et d'à propos dont il a fait
preuve.".




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13 Août 1915 le
contre-torpilleur BISSON vient de s'amarrer dans le port de Brindisi
après avoir coulé le sous-marin autrichien U 3. L'amiral italien
Milo, commandant les flottilles, monte à bord pour féliciter le
lieutenant de vaisseau Le Sort.

Capitaine de frégate le
8 décembre 1915.
De décembre 1916 à
1918, Commandant le torpilleur "COMMANDANT-RIVIÈRE", il est à
nouveau cité à l'ordre de l'Armée navale en janvier 1917 : " A
manœuvré avec autant de jugement et de décision que de bravoure pour
secourir son chef de groupe qui chargeait l'ennemi et prendre part
au combat.".







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Rapport du Capitaine de
Frégate LE SORT, commandant le COMMANDANT RIVIERE et la 6ème
Escadrille de torpilleurs d’Escadre, au Capitaine de Frégate,
commandant supérieur.
Combat de nuit du
22 au 23 décembre 1916 dans l’Adriatique
J’ai l’honneur de vous rendre compte des circonstances dans
lesquelles le COMMANDANT RIVIERE a pris part à l’engagement du 22
décembre avec des torpilleurs autrichiens.
Deux torpilleurs de la 1ère Escadrille et 4 torpilleurs de la 6ème
Escadrille avaient appareillé de Brindisi à 16 heures le 22 décembre
pour se rendre à Tarente. A la sortie des barrages, ces torpilleurs,
d’après les ordres donnés à l’avance par le chef de groupe,
s’étaient rangés en ligne de file dans l’ordre suivant :
1ère Escadrille : CASQUE, portant le guidon du Capitaine de Frégate
de BOISANGER, commandant la 1ère Escadrille et chef de groupe ;
PROTET
6ème Escadrille : COMMANDANT RIVIERE, portant mon guidon
COMMANDANT BORY
DEHORTER
BOUTEFEU
Temps superbe. Brise très faible. Mer calme. Visibilité bonne.
A 21h30, j’aperçus droit devant, sous l’horizon, les lueurs très
vives d’une intense canonnade. Aucun bruit n’était encore perçu. Il
était évident, d’après note position, que cette canonnade avait lieu
dans la zone des drifters. Ma première pensée fut que des drifters
avaient surpris un sous-marin ennemi ; je fis rappeler aussitôt aux
postes d’alerte contre les sous-marins.
Mais bientôt, la durée prolongée de cette canonnade me mit l’esprit
en éveil, un sous-marin ne restant jamais exposé aussi longtemps,
sans plonger, à un feu aussi nourri. Au bout de 2 ou 3 minutes
environ, les lueurs cessèrent. Je pensai alors qu’il s’agissait bien
d’un sous-marin et que les drifters avaient continué à tirer sur
l’endroit où il avait disparu.
Mais, après un très court instant, le feu reprit avec plus
d’intensité que jamais. Je n’eus plus aucun doute : les drifters
étaient attaqués par des torpilleurs ennemis. Je fis faire aussitôt
le branle-bas et rappeler aux postes de combat.
Connaissant le caractère du Commandant de BOISANGER, j’étais très
sûr qu’il allait sans retard prendre la vitesse maximum. Je serrai
donc le PROTET à moins de 200 m. avec l’intention de m’attacher à
tenir mon poste le plus exactement possible. La visibilité n’était
pas suffisante pour que je puisse distinguer la coque du CASQUE. Au
bout de quelques instants, je m’étonnai que la vitesse n’ait pas été
augmentée dans la proportion que j’attendais ; je déboîtai
légèrement sur la gauche pour tâcher d’apercevoir le CASQUE. Je
m’aperçus alors que le CASQUE avait allumé sa ratière et que ce feu
blanc paraissait déjà très éloigné, presque sur le point de
disparaître.
Me rappelant à ce moment que le PROTET n’avait allumé que deux
chaudières, je compris immédiatement ce qui se passait : le CASQUE,
ainsi que je l’avais prévu, avait augmenté de vitesse dès le début
de la canonnade et le PROTET se trouvait dans l’impossibilité de le
suivre.
Sans hésiter, je commandai aux machines 580 tours (27 nœuds) puis, «
le plus vite possible », je déboîtai franchement sur la gauche pour
dépasser le PROTET et je fis faire des éclats blancs brefs à la
ratière pour prévenir la ligne que j’augmentais de vitesse. Mes
machines obéirent très rapidement aux ordres donnés. En quelques
instants, je dépassais et perdais de vue le PROTET. Malheureusement,
je perdais de vue également les torpilleurs de mon escadrille,
lesquels probablement surpris par cette brusque et énorme
augmentation de vitesse, n’eurent pas la possibilité de me
rattraper. Je ne devais plus les revoir avant le jour.
Malgré cela, je n’hésitai pas à conserver l’allure maximum. Il
fallait absolument que je rejoigne le CASQUE avant qu’il ne
s’engageât dans la lutte qui, à ce moment, paraissait de plus en
plus chaude. Je me rendais compte en effet, par le grand nombre de
coups de canon tirés de tous côtés, que les combattants devaient
être nombreux et j’avais la notion que si le CASQUE pénétrait dans
la mêlée sans que j’aie pu le rejoindre, je ne pourrais plus le
retrouver. J’eus la satisfaction de l’atteindre juste au moment où
il s’engageait.
Pendant l’action, il y eut deux phases très nettes pour le RIVIERE.
1ère phase
Le CASQUE en arrivant sur le champ de bataille, avait beaucoup
diminué de vitesse. Emporté par son erre, malgré un ralentissement
considérable, je dus déborder un peu sur sa gauche.
Le champ de bataille me produisit l’impression suivante : devant
moi, à petite distance (200 ou 300 m.) dans un secteur de 100 à
120°, une barrière lumineuse, probablement formée par des faisceaux
de projecteurs et les lueurs des canons. Dans cette clarté ou
au-delà de cette clarté, aucune coque visible ; on voyait seulement
plusieurs fanaux blancs très brillants (que je pensai être des
fanaux de drifters) et les éclairs éblouissants de la canonnade.
Tous ces coups de canon paraissaient dirigés sur nous, mais le tir
était extrêmement mal réglé. Pendant cette phase qui me parût assez
longue, sans que je puisse en préciser la durée (peut-être 3 minutes
ou 4 minutes), aucun obus ne frappa le RIVIERE. On les entendait ou
on les voyait (car plusieurs semblaient laisser une traînée
lumineuse) passer au-dessus de nos têtes, ou bien au contraire,
tomber à la mer dans un tir trop court.
Je cherchais fébrilement un objectif sans pouvoir le trouver, ne
distinguant aucune coque de navire dans cette sorte de rideau
lumineux que j’avais devant moi.
J’avais l’impression que tout le monde tirait sur nous, aussi bien
les drifters que les ennemis, sans qu’il me soit possible de
reconnaître les uns des autres. A la fin cependant, voyant sur
l’avant du CASQUE un fanal très haut et très brillant au-dessous
duquel fulguraient de nombreux éclairs de canon, indubitablement
dirigés sur nous, je fis ouvrir le feu dans la direction de ce
fanal. Mais le bruit était tellement assourdissant que j’eus les
plus grandes difficultés à faire parvenir mon ordre à la pièce de
10AV (pourtant très proche de la passerelle) et à lui désigner
l’objectif. Pendant cette phase, le CASQUE et, à son imitation, le
RIVIERE, venaient lentement sur la gauche.
2ème phase
A un moment donné, alors que nous avions à peu près le cap au N.E.,
en regardant par hasard du côté de bâbord, j’aperçus deux énormes
nuages de fumée, produits évidemment par les bâtiments en fuite vers
le Nord. C’était l’objectif cherché. Le CASQUE, lui aussi, les avait
aperçus, car je le vis aussitôt venir sur la gauche et augmenter de
vitesse. Je l’imitai.
A cet instant, j’entendis sur mon arrière de nombreux coups de canon
tirés de très près. Je me retournai et je vis alors à 45° sur
l’arrière du travers, une coque indistincte mais très rapprochée
(100 m. au maximum) qui portait dans sa mâture 2 feux bleus très
atténués, et qui nous canonnait à bout portant. En même temps, on me
cria de l’arrière : « Une torpille ! ». Les gens de l’arrière
avaient vu la torpille tomber à l’eau ainsi que l’inflammation de la
gargousse de lancement. Personnellement, je ne vis pas le lancement,
mais j’eus la chance de voir nettement le sillage à son début
(peut-être cette torpille a-t-elle eu un affleurement). J’ordonnai
immédiatement « à gauche toute », et comme je venais précisément
d’augmenter de vitesse à l’imitation du CASQUE, le bâtiment obéit à
sa barre instantanément et vint se ranger parallèlement à la
trajectoire de la torpille qui nous manqua.
Mais, pendant ce temps, le tir de l’ennemi nous causait du mal. Il
dura très peu de temps, peut-être 20 secondes.
Le RIVIERE reçut quatre obus.
- un du calibre de 10 cm. environ, dans la cheminée AR, qui explosa
en criblant d’éclats le pont et les manches à vent, et coupant les
garants de la baleinière.
- un du calibre de 10 qui traversa la drome, puis une grande caisse
en tôle pleine de charbon, la cloison du rouf de la chaufferie avant
et qui creva le coffre à vapeur de la chaudière 2.
- un du calibre de 75 environ qui explosa dans le voisinage du
télémètre, broyant le télémétriste, perforant le télémètre en
plusieurs endroits, coupant tous les étais de bâbord, les rambardes
de la plate-forme, etc. Un gros éclat atteignit sur le gaillard un
des servants du 10 AV qui fut tué net. Plus de 50 petits éclats
traversèrent le toit (en bois et toile peinte) de la passerelle,
sans blesser personne ; ces éclats étaient heureusement dirigés vers
l’avant.
- un du calibre de 75 qui traversa, sans exploser, le compas AR.
J’avais ordonné bien entendu, dès le début, d’ouvrir le feu. Je ne
crois pas que mon ordre, dans le vacarme assourdissant où nous nous
trouvions (en plus de la canonnade, il y avait le bruit de la vapeur
fusant de la chaudière 2 par le trou du coffre) ait été entendu de
la section AR, la seule pouvant tirer. Mais le chef de cette
section, Monsieur l’Enseigne de Vaisseau PLANTE, prit l’initiative
voulue. La pièce de 10 AR. n’eut que le temps de tirer deux coups,
mais il est certain que ces deux coups, tirés comme ceux de
l’adversaire, à bout portant, ont atteint le but. Tout le personnel
de l’arrière vit les explosions de nos projectiles.
L’ennemi, auquel je montrais l’arrière par suite de ma manœuvre pour
éviter la torpille, fit une manœuvre identique après avoir reçu mes
deux coups de dix cm. et disparut dans la nuit. Notre combat
singulier n’avait pas duré plus de 20 secondes.
Le RIVIERE, perdant toute sa vapeur par la blessure de la chaudière
2 perdit également toute sa vitesse qui tomba à 4 ou 5 nœuds. Le
CASQUE n’était plus visible. Je vins alors sur la gauche pour
m’éloigner du champ de bataille, et en particulier des drifters que
je jugeais dangereux.
Quand, après avoir bouché l’ouverture de la cheminée AR. et isclé la
chaudière 2, Le RIVIERE fut en mesure de reprendre une vitesse
raisonnable (17 nœuds au maximum), l’ennemi était trop loin pour que
je puisse entreprendre de le poursuivre. J’avais d’ailleurs des
renseignements sur sa vitesse et sa position par les télégrammes du
CASQUE.
Je mis en route vers le Nord en veillant avec soin tous bâtiments
pour éviter une méprise.
A l’heure du matin, je recevais l’ordre du CASQUE de me diriger sur
Brindisi, et je réglai ma route en conséquence…
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Officier de la Légion
d'Honneur.
Croix de Guerre.
Capitaine de vaisseau
le 25 mars 1919.
Au 1er janvier 1921,
Secrétaire du Conseil supérieur de la Marine, Membre du Comité
technique de la Marine, Membre de la Commission permanente de
contrôle et de révision du règlement d'armement.
Versé dans le cadre de
réserve le 1er novembre 1922; port CHERBOURG.
Commandeur de la Légion
d'Honneur en juillet 1928

Source Twitter / 13 août
2019
Remerciements Bernard Dulou
Remerciements à Gilles Jogerst / Généamar pour ses recherches
et la mise à disposition de ses données
http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviation-marine/marine-1914-1918/liste_sujet-1.htm
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