- Pharmaciens de la Marine -
Eugène François Marie Le JANNE
(1848 - 1932)

Né le 31 juillet 1848 à
PLOUNÉVEZ-MOËDEC (Côtes-d'Armor) - Décédé le 26 mai 1932 à CARHAIX
(Finistère).
Fils d'Olivier et de
Marie Yvonne Le THAO
Marié le 8 décembre
1889 à HUELGOAT (Finistère) avec Marie Élisabeth QUERNEAU.
Éloge funèbre d'Eugène
LE JANNE, prononcé par Monsieur SAINT-SERNIN, pharmacien en chef de
la Marine.
Avec celui que nous
accompagnons aujourd'hui à sa dernière demeure, s'achève une noble
existence longtemps consacrée à l'expansion française, à la marine,
à la mise en valeur de notre empire colonial, à la famille et à
l'exercice d'une profession orientée vers le bien public.
Eugène François
Marie LE JANNE, né à Plounévez-Moëdec le 31 juillet 1848, entrait,
après de solides études secondaires, en qualité d'étudiant en
Pharmacie à l'école de médecine navale de Brest le 27 octobre 1867.
Doué d'une
intelligence extrêmement vive et d'une activité inlassable, il
obtint des succès remarqués à ses examens de fins d'année.
La guerre de 1870
interrompt ses études.
Il sert à l'armée de
Paris durant le siège, achève ses études à la fin de la guerre, ce
que feront à leur tour ses vaillants fils après 1918.
Il est promu aide
pharmacien de la Marine le 16 novembre 1871 et affecté à Cherbourg.
Le 7 juillet 1872,
il entreprend sa première campagne coloniale et sert à l'hôpital de
Saigon pendant deux années.
A son retour, il
passe quelques mois à Paris, complétant son instruction aux
meilleures sources, sert à Brest et est promu pharmacien de seconde
classe le 7 novembre 1876.
Il est embarqué
quelques mois sur La Bretagne puis sur Le Coligny, sert à terre à
Cherbourg puis à Toulon et repart en Cochinchine où il séjourne du
30 octobre 1877 au 19 novembre 1879.
Après ces deux
campagnes successives en extrême orient, il passe du 1er janvier
1879 au 1er juin 1880 en mission d'études à Paris.
C'est à la fin de
son séjour dans la capitale que Mr LE JANNE rencontre le déjà
célèbre explorateur et médecin de la Marine, le Docteur Jules
CREVAUX.
Il désirait un
compagnon pour entreprendre son troisième voyage dans l'Amérique du
Sud.
Il trouve que LE
JANNE remplissait les conditions nécessaires, joignant à une culture
scientifique étendue, une force physique peu commune, un sang froid
imperturbable, une volonté tenace, de réels talents d'artiste
dessinateur.
Les deux jeunes
officiers de santé s'embarquèrent à Saint Nazaire le 6 août 1880 à
bord du Lafayette, accompagnés du nègre APATOU et du matelot BURBAN,
compagnons de CREVAUX lors de ses deux précédents voyages.
La mission avait
pour but de rechercher une communication entre le Rio Magdéléna et
l'Orénoque.
L'expédition remonte
le Magdéléna reconnut et descendit le Guyabéro, affluent de
l'Orénoque, qu'elle baptisa Rio de Lesseps, qui n'avait jamais été
exploré.
Au milieu de
difficultés inouïes, les Andes avaient été franchies et la descente
vertigineuse commença le 25 octobre sur un radeau improvisé. Sur la
rive, où ils touchent à certaines heures, les jaguars épient tous
leurs pas ; Dans le fleuve, de monstrueux caïmans les guettent ;
Nuit et Jour, des nuées de moustiques tourbillonnent autour d'eux.
Enfin, le 9
novembre, ils rencontrent quelques indiens, le 13 ils arrivent au
village de San Fernando, au confluent du Guaviaro et de l'Orénoque,
et s'y reposent quelques jours avant d'entreprendre la descente de
l'Amazone.
APATOU eut un jour
le mollet saisi par les terribles mâchoires d'un caïman.
Le fidèle
matelot BURBAN, piqué par une raie venimeuse, mourut malgré les
soins dont il fut entouré après trois jours d'horribles souffrances.
Mr LE JANNE, épuisé
par les efforts déployés, malade, dût, cédant aux instances de son
ami CREVAUX, s'embarquer pour la France le 7 février.
CREVAUX poursuivit
sa mission quinze jours encore chez les indiens Guanaranos ; A son
tour, il tomba gravement malade.
La mission avait été fertile en résultats : elle apportait une
importance contribution à la géographie de la Colombie et, à travers
la Nouvelle Grenade et le Venezuela, les observations
météorologiques avaient été nombreuses.
La faune et la flore
avaient été étudiées, fait l'objet de nombreux croquis, diverses
variétés de quinquinas, d'hévéas, le poisson curare avaient été
observés.
LE JANNE rentrait
porteur de lettres de CREVAUX pour les ministres de l'instruction
publique et de la marine, faisant connaître les travaux de la
mission et le Docteur CREVAUX ajoutait en parlant de Monsieur LE
JANNE : « Je le propose en raison des services qu'il a rendu à
l'expédition pour une haute récompense bien méritée ».
De telles missions
enrichissent la science mais elles honorent plus encore ceux qui ont
le bonheur de les exécuter. La mission s'était montrée fidèle à la
devise, véritable programme de son chef : « Tiens bon ! ».
Monsieur LE JANNE
servit quelques temps à terre à Cherbourg, Brest, Toulon avec dans
l'intervalle quelques courts séjours à Paris.
C'est à cette
époque, en 1883, qu'il veilla pieusement à la publication des récits
de voyage de CREVAUX, de Cayenne aux Andes, après la mort de
celui-ci, massacré par les indiens Tabas en avril 1882.
Monsieur LE JANNE
servit encore quelques temps à la Guadeloupe du 26 mai 1884 au 7
avril avril 1886 où il était promu pharmacien de première classe le
18 juillet de la même année.
Son séjour en France
fut de courte durée car le 24 décembre 1886, il était à la
Martinique qu'il ne quittera que deux ans plus tard le 31 décembre
1888.
Le 8 décembre 1889,
il se marie à l'épouse admirable qu'entourent le respect et la
sympathie générale.
Du 31 mars 1890 au 8
février 1891, il fait campagne de guerre au Tonkin, passe du 14 mars
1891 au 1er octobre 1891 à Brest et arrive au Sénégal le 13 octobre
1891 pour y servir jusqu'au 18 juin 1893.
Par décret du 14
juillet 1894, il était nommé pharmacien principal de réserve. Peu
d'existences auront été aussi bien remplies que celle du pharmacien
principal LE JANNE.
Sa carrière
militaire, traversée d'épidémies, de campagnes, de travaux que je
viens de vous faire parcourir bien imparfaitement et à laquelle il
avait prématurément mis un terme, s'est doublée chez lui d'une
exemplaire carrière de pharmacien praticien.
L'étendue de ses
connaissances, sa haute valeur professionnelle acquise dans les
laboratoires et les pharmacies des hôpitaux de la marine en France
et aux colonies , la droiture de son caractère, sa modestie, son
jugement sain, son inépuisable bonté pour les déshérités lui
assurèrent bientôt une clientèle fidèle et dévouée.
En 1920, il songea
enfin à prendre un repos bien gagné et il chargea son fils, mon cher
et distingué camarade le pharmacien chimiste de 1ère classe de
réserve, Eugène LE JANNE, de continuer les traditions de science et
de probité qui existaient dans l'officine depuis sa fondation.
Au nom du corps de
santé de la marine, je m'incline respectueusement au bord de la
tombe de celui qui l'a grandement honoré, comme pharmacien, comme
naturaliste, comme historiographe, comme explorateur.
Puisse les
témoignages de sympathie de cette foule nombreuse et attristée, les
regrets de ceux qui n'ont pu assister aux obsèques, tempérer dans
votre cœur, Madame, et dans celui de vos enfants et de tous les
vôtres, une douleur assurément bien vive, adoucie cependant je le
souhaite, par ce sentiment de fierté que laisse le souvenir d'une
existence aussi belle que celle qui nous est léguée à tous en
exemple.
Pharmacien principal LE
JANNE, cher et vénéré camarade, reposez en paix.

Chevalier de la Légion d'Honneur le 5 juillet 1888.
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