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Officiers et anciens élèves -
Pierre Antoine
DELAFOND
(1814 - 1890)
Né le 6 mars 1814 à VILLIE-MORGON (Rhônes)
- Décédé le 12 novembre 1890 à La GARDE (Var).
Fils d'Antoine et de Marie GAUDET
Marié le 3 décembre 1858 à PARIS
(Seine) avec Eugènie POUJACE, Comtesse de SORNAY.
Élève de l'École polytechnique
promotion 1834, opte pour la Marine.

Aspirant le 29 octobre 1836.
Enseigne de vaisseau le 21 août 1839.
Chevalier de la Légion d'Honneur le 26
avril 1845.
Lieutenant de vaisseau le 8 septembre
1846.
Officier de la Légion d'Honneur le 13
août 1859; port TOULON.
Capitaine de frégate le 27 juillet
1862.
Aux 1er janvier 1863, 1864, port
TOULON.
Au 1er janvier 1869, Commandant la
station des Bouches du Danube.
Au 1er janvier 1872, en retraite,
inscrit au tableau d'avancement.
Complément
Pierre-Antoine Delafond est issu d'une famille de noblesse terrienne
très aisée.
Il est intelligent et
surtout très curieux de tout ce qui l'entoure.
Cette curiosité
conduira toute sa vie en même temps qu'elle sera indirectement un
obstacle permanent à sa carrière.
Polytechnicien, il veut
connaître le monde, et pour cela il profite des facilités offertes
par la Marine aux élèves de son école.
Il entre donc à l'Ecole
Navale, en compagnie de son camarade Gervaize, qu'il retrouvera deux
ans plus tard à bord de l'Astrolabe, lors de l'expédition de
circumnavigation.
A sa sortie de l'Ecole
navale, il est affecté sur le brick (2) du Couëdic et part pour une
campagne de quelques mois au Levant.
C'est au retour de
cette campagne qu'il apprend l'armement de l'Astrolabe et de la
Zélée pour un voyage autour du monde.
Il se porte candidat,
mais il est trop tard, les états-majors sont complets.
La chance veut qu'il
retrouve son condisciple Gervaize, déjà engagé sur l'Astrolabe,
auquel il fait part de sa déception.
Lorsque quelques jours
plus tard, Gervaize apprend que l'un de ses collègues, Garreau,
malade, ne pourra pas partir, il contacte aussitôt Lafond qui se
représente à Dumont d'Urville et est engagé séance tenante. Nous
sommes le 2 août 1837.
(1) Les Polytechniciens
accèdent directement au grade d'Elève de 1 ère classe.
(2) Au XIXe siècle, dans la Marine Française, on dit aussi btig
L'engagement de Lafond
est une bonne affaire pour l'ambiance de l'Astrolabe.
Durant deux ans, ce
curieux invétéré sera 1'animateur inépuisable des longues soirées du
carré des élèves et des officiers, ainsi que de toutes les escales.
Au cours de celles-ci,
il organise des visites touristiques et est à l'origine de
découvertes multiples.
Peu intéressé par la
navigation et l'hydrographie, il collabore cependant activement aux
travaux ethnologiques de Dumont d'Urville, en compagnie du
secrétaire Desgraz.
Il sera l'objet de nombreuses aventures qui alimentent les
conversations du carré.
Ainsi, le 28 septembre
1838, à Apia, aux îles Samoa, est-il précipité dans un piège par son
guide indigène qui, en échange de la vie, le fait se déshabiller
totalement.
On imagine le spectacle
de l'officier nu, rentrant sur 1'Astrolabe. Dumont d'Urville fit
descendre une escouade à terre pour demander réparation. L'affaire
fut oubliée moyennant une amende en nature de dix cochons.
Plus tard, aux îles
Salomon, s'aventurant au centre des montagnes en compagnie de
Ducorps, il assiste à une exhibition de chants et de danses dans un
village qui les accueille pour la nuit.
Mais en remerciement il
doit, lui aussi, faire une démonstration de folklore de son pays. Et
devant les indigènes enthousiasmés il se livra à une interprétation
de la Marseillaise et à l'exécution de plusieurs danses, nu, encore
une fois, comme ses hôtes.
Malheureusement pour
lui, le voyage de circumnavigation s'arrête en Indonésie, au bout de
deux ans, à Semarang, sur la côte Nord de l'île de Java.
Depuis plusieurs
semaines il souffre de douleurs violentes, qualifiées sans autres
précisions, de maladie chronique: "Depuis longtemps M. Lafond
éprouvait des "douleurs aiguës qui l'empêchaient de remplir son
service ; et même, depuis quelques jours, le chirurgien-major
m'avait prévenu que malgré tous ses soins, il n'espérait sauver les
jours de cet élève que par un prompt retour en Europe... le
capitaine (1) se prêta de très bonne grâce à un arrangement...
J'ajouterai que c'est aux soins empressés du capitaine de ce navire
que M. Lafond dut, d'après son aveu, de pouvoir revenir
graduellement à la "santé." (2)
Lors de l'arrivée de
l'expédition à Toulon, Lafond, en bonne santé, attendait ses
camarades sur le quai et se chargea de toutes les manœuvres et
formalités d'arrivée, afin de leur permettre de rejoindre plus vite
leurs familles.
Ayant été promu
enseigne de vaisseau en 1839 il ne pouvait espérer un nouveau grade
au retour des deux corvettes ; il obtint la décoration de la Légion
d'Honneur.
Dès lors, sa carrière
prend un tour nouveau grâce à la découverte de la machine à vapeur.
En 1844 il propose un
système de machine à vapeur à rotation directe qu'il est chargé de
mettre au point à Toulon, puis à Paris. En 1846, il étudie à Brest
un projet de machine à vapeur fonctionnant selon un mélange
éther-hydrique.
En 1847, lieutenant de
vaisseau, il est nommé second à bord du Comte d'Eu, le nouveau yacht
à vapeur du Roi Louis-Philippe, dont le commandant est le capitaine
de vaisseau Paris, ancien officier de Dumont d'Urville lors de son
second voyage.
(1 ) Il s'agit du capitaine du navire marchand français, le Bombay,
en rade de Samarang et s'apprêtant à rentrer en France. Il avait
accepté de prendre Lafond a son bord.
(2) Dumont d'Urville (J.S.C.) : Voyage au pôle Sud et dans
l'Océanie... T. 8, P. 25, en date du 25 septembre 1839.
En 1848, il est de nouveau à Paris, pour étudier une modification de
sa machine à vapeur. Il remplace l'éther, trop inflammable, par le
chloroforme.
Le projet, jugé sain et
économique, il est chargé de construire une machine de 120 chevaux,
selon ses plans et de la monter sur le Galilée.
En 1853, le montage
terminé, il est nommé commandant du Galilée pour procéder aux essais
en mer, et commandant de la station navale de Granville. Là, il sait
se faire apprécier, au point que les pêcheurs envoient, en 1856, une
pétition au Ministre pour exiger qu’il reste.
En 1858, son nom est
transformé en Delafond. C'est sous ce nom que son dossier figure au
Service Historique de la Marine.
Officier de la Légion
d'honneur, le 13 aout 1959
En 1860, il étudie, à
Paris, un appareil à surchauffer la vapeur. Sa renommée est grande
dans le milieu de la mécanique. C'est pourquoi, en 1861, il demande
un congé de quatre ans et part travailler pour une compagnie civile
de vapeurs, qui lui fait un pont d' or.
En 1864, il reprend du
service et étudie les plans d'une batterie flottante, l'Implacable,
qu'il est chargé de construire, commander et essayer. Tous ces
travaux de recherches l'ont tenu éloigné des navigations, .ce qui
lui a valu d'attendre 16 ans pour être promu capitaine de frégate en
1862.
En 1868, il est nommé
au commandement de l'aviso Bisson et de la station navale des
Bouches du Danube.
En 1872, touché par la
limite d'âge, il prend sa retraite. Toujours actif, il devient le
conseiller de la compagnie civile de navigation à vapeur qui, mieux
que la Marine d'Etat, avait su apprécier et rémunérer ses qualités
et talents, quelques années auparavant.



Compléments concernant
les machines à vapeur : changement de nom en Delafond





Dossier Légion
d'honneur /
lien web
Source Université de Provence / Doctorat d'Histoire présenté par
Christian COUTURAUD sous la direction de M le Professeur MIEGE / "Le
Troisieme Voyage de Circumnavigation de J.S.C. Dumont d'Urville 1837
- 1840" / Avril 1986.
Remerciements Georges
Gadioux
Remerciements Bernard
Dulou
Remerciements à Gilles Jogerst / Généamar pour ses recherches
et la mise à disposition de ses données
http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviation-marine/marine-1914-1918/liste_sujet-1.htm
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