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Officiers et anciens élèves -
Eugène Alphonse KERBOUL
(1872 - 1916)
Extrait Le Matin / 13
octobre 1916
Né le 16 novembre 1872 à BREST
(Finistère) - Décédé le 4 octobre 1916 en mer, au large de l'Ile
SAN-PIETRO, SARDAIGNE.
Fiche Mémorial
Entre dans la Marine en 1889
Aspirant le 5 octobre
1892; port BREST.
Remerciements Bruno Combier
Au 1er janvier 1894,
sur le cuirassé "FORMIDABLE", Escadre de Méditerranée (Cdt Hilaire
FIÉRON).
Enseigne de vaisseau le
26 février 1895; port BREST.
Au 1er janvier 1896,
sur le cuirassé garde-côtes "CAÏMAN", Escadre de réserve de
Méditerranée (Cdt Arthur De SALES de BANIÈRES).
Au 1er janvier 1897,
sur le croiseur-torpilleur "WATTIGNIES", Escadre de Méditerranée
(Léon de MAZENOD, Cdt).
Au 1er janvier 1899,
sur l'aviso "FULTON", Division navale de l'Océan Atlantique (Léonce
PASSERAT de SILANS).
Au 1er janvier 1900, en
instruction à l'École des Officiers torpilleurs.
Officier breveté
Torpilleur.
Au 1er janvier 1901,
sur le cuirassé "HOCHE", Escadre du Nord (Marie BAUDRY-LACANTINERIE).
Au 1er janvier 1902, à
l'École des Mécaniciens torpilleurs.
Lieutenant de vaisseau
le 15 mai 1902.
Le 15 juin 1902,
Commandant un groupe de torpilleurs de la Défense mobile du 1er
arrondissement maritime à CHERBOURG.
Au 1er janvier 1904,
port CHERBOURG.
Au 1er janvier 1906,
sur le croiseur cuirassé "GLOIRE", Escadre du Nord (Cdt Edouard
JACQUET).
Chevalier de la Légion
d'Honneur le 29 décembre 1907.
Au 1er janvier 1908,
port CHERBOURG.
Le 25 février 1908,
Commandant le sous-marin "AIGRETTE", 1ère Flottille de sous-marins
de la Manche.
Au 1er janvier 1911,
sur le "GLOIRE", annexe, Centre administratif à CASABLANCA (MAROC).
Au 1er janvier 1912,
sur le cuirassé "CONDORCET", 1ère Escadre (Cdt Ferdinand De BON).
Officier de la Légion
d'Honneur le 11 juillet 1912.
Le 21 avril 1913,
Commandant le torpilleur "CHASSEUR", 3ème escadrille, 1ère Armée
navale.
Officier de la Légion
d'Honneur.
Croix de guerre.
Extrait Journal Officiel
/ 12 mai 1916
Le 4 octobre 1916,
Commandant le croiseur auxiliaire "GALLIA", transport de troupes, il
disparaît en mer avec le bâtiment torpillé et coulé au Cap MATAPAN à
35 nq de l'Ile SAN-PIETRO, par le sous-marin allemand U35 lors d'une
traversée de TOULON à SALONIQUE.
Extrait Le Journal / 10
octobre 1916
Extrait Le Matin / 13
octobre 1916
Extrait Le Figaro / 3
novembre 1916
Cité à l'ordre de
l'Armée navale : " A été pour tous lors du torpillage de son
bâtiment, un exemple de sang-froid et de courage. Est mort
héroïquement à son poste de commandement sur la passerelle.".
Extrait Ouest-France /
10 octobre 1916
Extrait Ouest-France /
11 octobre 1916
Jugement déclaratif de
décès rendu le 12 juillet 1917 à TOULON et transcrit dans cette
commune le 31 octobre suivant.
Dossier Légion d'Honneur
/
Lien web
Complément sur le
GALLIA
En 1915, comme beaucoup
d'autres bâtiments, il est réquisitionné pour assurer le transport
de troupes. Il est transformé en croiseur auxiliaire, et naviguera
pour l'Armée d'Orient en Méditerranée.
Le 3 octobre 1916, le convoyeur le Guichen n'ayant pu l'attendre à
la suite d'un incident, il part seul de Toulon vers Salonique
(Grèce), avec à son bord 2 350 personnes (1 650 soldats français,
350 soldats serbes et 350 marins).
Le 4 octobre, un message parvient au Gallia, le prévenant de la
présence d'un sous-marin ennemi venant des Baléares et se dirigeant
vers la mer Adriatique. Le lieutenant de vaisseau Kerboul,
commandant du navire, fait aussitôt modifier la route pour éviter la
rencontre. Le Gallia se trouve entre les côtes de Sardaigne et la
Tunisie, lorsqu'une torpille vient le toucher par le travers de la
cale avant, chargée de munitions. L'explosion est considérable et le
navire coule en moins de quinze minutes. La torpille avait été
lancée par le sous-marin allemand U-35, commandé par le Kapitän-Leutnant
Lothar von Arnauld de la Perière.
Le 5 octobre, le Chateaurenault aperçoit des rescapés ; il réussit à
recueillir près de 600 personnes.
Le croiseur auxiliaire sera cité à l'ordre de l'armée dans le
Journal officiel du 5 décembre 1919 avec le texte suivant : « Le
Croiseur auxiliaire "GALLIA" : torpillé le 4 octobre 1916 par un
sous-marin ennemi, au large de San-Pietro (Sardaigne), alors qu'il
transportait des troupes. Tous à bord ont donné le plus bel exemple
de courage, de sang-froid et de discipline. »
Rapport de
l'enseigne de vaisseau Le Courtois du Manoir, officier en second du
GALLIA
Le 3 octobre 1916, le
Gallia a embarqué à Toulon environ 2 050 passagers à destination de
Salonique. Il y avait 1 550 soldats français, 350 serbes et à peu
près 50 marins.
Il faisait complètement nuit quand nous sommes sortis des passes et
nous avons aussitôt pris l'allure de nuit à 75 tours, soit 15 nœuds,
en suivant les routes prescrites. Je me suis assuré alors que tous
les passagers avaient reçu une ceinture de sauvetage. Le lendemain
matin à 4 heures, j'ai pris le quart jusqu'à 8 heures. Au jour vers
5 h 45, j'ai mis les machines à 85 tours, soit 17 nœuds et j'ai
commencé à faire des embardées de 50° tous les 1/4 d'heure autour de
la route moyenne le 5.8 E., ce qui donnait une vitesse de 15 nœuds
sur le fond. Je n'ai rien vu pendant ce quart. A 8 heures, le
Commandant m'a dit : « Pour le passage de San Pietro, fous ferez
doubler les quarts, c'est un passage dangereux. » Je suis descendu
de la passerelle et j'ai été parler au Capitaine (Hyacinthe de
Couessin) qui était le plus ancien officier de l'armée présent à
bord et je lui ai indiqué les endroits où il devait faire réunir les
troupes en cas d'évacuation du bâtiment. Puis je l'ai prié de donner
l'ordre à ses hommes de s'y rendre à titre d'exercice. Quand il me
fut rendu compte que les hommes étaient réunis, je suis passé
partout moi-même, faisant à chaque groupe les recommandations qui me
paraissaient les plus indispensables. J'ai constaté que la plupart
des hommes n'avaient pas leur ceinture de sauvetage sur eux. J'ai
alors donné l'ordre formel d'avoir sur eux leur ceinture jour et
nuit et attachée comme elle doit l'être. Rien de particulier ne
s'est passé jusqu'à 14 h 15, heure de l'appel du Guichen signalant
un sous-marin sur notre route à 15 milles en avant de nous. J'étais
à ce moment sur la passerelle et nous étions dans le Sud de San
Pietro, dont nous étions passés à 9 m. 15 dans l'Ouest vers 13 h 45.
Le Commandant m'a dit alors : « C'est un sous-marin qui vient de
l'ouest et qui rentre ; nous allons venir à l'ouest. » Puis, à la
réflexion, le Commandant a pensé que ce sous-marin devait voir nos
cheminées au-dessus de l'horizon, le temps était remarquablement
clair, et qu'ainsi il nous voyait venir à droite. Il m'a dit alors :
« Assurez-vous que nos hommes veillent bien. Il y aura un passage
dangereux entre 17 h 15 et 18 h 30. Vous monterez sur la passerelle.
» Je suis alors descendu de la passerelle et j'ai fait des rondes
recommandant aux hommes de veille de faire la plus grande attention.
Je me suis assuré plusieurs fois que mes ordres étaient exécutés.
À 17 h 15 je suis monté sur la passerelle. J'ai regardé la carte, et
autant que je me le rappelle, les routes étaient depuis 14 h 5 : 14
h.15, W.- 15 h.15, S.45 W.- 16 h.30 Sud - vitesse 17 nœuds -
embardées de 50° tous les 1/4 d'heure - vitesse sur le fond 15
nœuds. A 17 h 44 exactement, j'étais à bâbord avec le Commandant et
le chef mécanicien, quand un homme a crié « une torpille par tribord
». Le Commandant a aussitôt crié avant d'avoir rien vu « A gauche
toute », puis presque aussitôt après, comme nous arrivions à tribord
: « Nous sommes fichus ». La torpille n'était plus en effet qu'à
quelques mètres de nous. Le Commandant a manœuvré les machines et je
crois me rappeler qu'il a mis bâbord en arrière toute, puis tribord
en arrière toute. A ce moment l'explosion s'est produite. Elle a été
violente, mais j'avoue que je m'attendais à un bruit plus fort et
surtout à un ébranlement plus grand du bâtiment. Le Commandant a
alors mis le télégraphe des machines sur « Attention », puis a donné
l'ordre d'évacuation. La torpille avait touché par le travers de la
cale arrière, ce qui a permis un gros dégagement d'air par en haut
et a empêché les cloisons étanches de céder. Aussitôt j'ai quitté la
passerelle et me suis rendu sur le pont des embarcations, en criant
aux hommes qui montaient : « Coupez partout les saisines des
embarcations et radeaux ». Après avoir constaté que mon ordre était
exécuté, je me suis rendu dans les logements des troupes du pont B
et j'ai dit aux soldats : « Mettez-vous en rang comme je vous ai
placés ce matin ». J'ai alors admiré le sang-froid de ces hommes
qui, sans un cri, sans un murmure se sont placés comme je leur
disais. J'ai ajouté : « Enlevez vos bandes et vos souliers ». Puis
je suis allé à l'arrière du pont B. Là j'ai vu le mécanicien de 2e
classe Acher qui m'a dit : « Toutes les portes étanches sont fermées
». J'ai répondu : « Mais le bateau étale, il ne prend pas de bande
». A ce moment est arrivé le Commandant qui a dit : « Eh ! bien ».
Monsieur Acher a alors répondu je crois : « Les machines se
remplissent, la cloison va céder ». J'étais étonné de ne pas
entendre le crépitement de l'antenne de TSF, mais à ce moment j'ai
aperçu nettement à 300 mètres sur l'arrière un périscope. J'ai crié
: « Amenez les embarcations » et je me suis précipité à la pièce
extrême arrière du pont C pour faire ouvrir le feu. Mais quand je
suis arrivé, j'avais de l'eau jusqu'aux chevilles et ne voyais plus
rien. J'ai dit : « Jetez-vous à l'eau » et ai essayé de regagner
l'avant. Je suis arrivé jusqu'à la grue tribord arrière ; là une
cuisine roulante déplacée m'a barré la route. L'eau gagnait de plus
en plus. J'ai retiré mon veston en criant à des soldats près de moi
: « Larguez tout, à l'eau », puis j'ai perdu pied. A ce moment, j'ai
entendu un coup de sirène prolongé et j'ai compris que c'était
l'adieu du Commandant. J'ai nagé un peu pour me dégager des remous.
Et, à environ 15 mètres, j'ai vu le Gallia dressé verticalement. A
ce moment, je suis moi-même disparu et quand je suis remonté il n'y
avait plus rien qu'une mer couverte d'embarcations, de radeaux et
d'épaves. Le Gallia a coulé à 17 h 57. J'ai nagé alors vers un
radeau où j'ai été recueilli par le canonnier Bellot. Nous avons
encore recueilli quelques naufragés jusqu'à la nuit. Je savais
qu'aucun signal par TSF n'avait été fait et j'ai pensé à armer un
canot pour me rendre en Sardaigne. Malheureusement, la nuit est
venue et, malgré mes appels réitérés, aucun canot n'a voulu
m'accoster. Plusieurs cependant sont passés à portée de voix, dont
quelques-uns très peu chargés, mais dans l'obscurité je n'ai pu
distinguer qui les montait. Le temps absolument calme nous a permis
de passer la nuit sans trop de peine. Vers 21 h j'ai été appelé par
mon nom, j'ai cru reconnaître la voix du chef mécanicien M. [L.P.N]
Ollivier ; j'ai répondu, mais je n'ai rien entendu ensuite.
Le 5 octobre à l'aube, j'ai vu les embarcations armer leurs avirons
et deux groupes se former, l'un allant vers le Sud, l'autre vers le
Nord. J'ai regretté qu'aucune d'elles ne vienne près de moi. La
situation était assez critique car il n'y avait aucune raison qu'on
vienne à notre secours. J'ai aperçu à environ 1 500 mètres de moi un
canot qui ne bougeait pas et avait à bord une soixantaine de
soldats. J'ai déposé ces hommes sur différents radeaux et j'ai formé
un équipage de 30 hommes sachant bien nager. J'ai gardé à bord deux
blessés, qui étaient déjà dans le canot et le lieutenant
d'infanterie Libis. Il n'y avait malheureusement ni voile, ni compas
dans le canot.
A 11 heures je me suis mis en route au nord-est me guidant sur le
soleil. J'avais réparti mes hommes en 3 équipes qui se relayaient
toutes les demi-heures. Vers 15 h 30 j'ai aperçu un bateau que j'ai
reconnu peu après pour être le Châteaurenault. J'ai fait des signaux
qui, je crois, n'ont pas été vus. Mais le croiseur faisait route
vers le lieu du naufrage et j'avais la presque certitude qu'il avait
aperçu les radeaux.
J'ai pensé à faire demi-tour, mais je savais qu'il y avait des
canots devant moi et j'ai considéré comme mon devoir de continuer.
Vers 17 heures j'ai rejoint un canot, conduit par le docteur
Varenne. Ce dernier m'a demandé ce qu'il fallait faire. Il avait à
bord une voile et un compas. Nous nous étions éloignés de 14 à 15
milles déjà. Aussi lui ai-je dit de suivre route au nord-est. Il a
été convenu que nous échangerions des signaux pas Coston à 0 h et à
3 h. J'ai continué ma route. La nuit je me suis dirigé sur la
Polaire et vers 3 heures j'ai vu le feu de San Pietro. A 0 h.et à 3
h les signaux convenus furent échangés. Plusieurs fois nous
aperçûmes des lueurs de projecteur. Au jour on voyait distinctement
la terre et près de nous il y avait le canot n° 8, conduit par le
maître de manœuvre et le premier-maître mécanicien Cassaulet.
L'embarcation du docteur n'était pas en vue. Je suis arrivé
facilement à 8 ou 10 mille de terre. Mais là un courant portant au
nord-ouest nous empêchait de gagner et il a fallu mettre deux ou
trois hommes sur chaque aviron pour avancer. Nous avons ainsi réussi
à dépasser le N.S. du feu de San Pietro, mais un vent frais de
nord-ouest s'est levé qui nous a obligés d'atterrir sur l'île d'Antiocco.
Pendant ce temps l'autre canot avait mâté et réussi à tourner la
pointe sud de San-Pietro. A environ 1 500 mètres de la terre, une
tartane de Carlo Forte nous a pris à la remorque et peu après un
vapeur qui avait déjà recueilli le canot 8 venait à notre rencontre
et nous débarquions en ville à 19 heures. Je tiens à signaler
l'accueil particulièrement cordial que nous avons reçu de la
population. Mes hommes ont été logés, nourris et vêtus avec la plus
grande attention. Monsieur le lieutenant de vaisseau, Capitaine du
port, et Monsieur l'agent consulaire se sont particulièrement
dévoués.
Sur ma demande ils ont immédiatement signalé le lieu de naufrage du
Gallia. Le lendemain à 16 h 30, l'Aldébaran arrivait sur rade. Les
autorités ont mis à ma disposition un vapeur pour rejoindre la
Normandie qui nous a menés à Bizerte.
Je tiens à signaler l'entrain et le courage des hommes qui sont
allés avec moi à l'aviron jusqu'à San Pietro et particulièrement
Monsieur le lieutenant Libis, qui nous a aidés autant qu'il a pu.
J'ai constaté de nombreux cas de bravoure et d'abnégation chez les
soldats passagers, mais, ne les connaissant pas, il m'est impossible
de rapporter leurs noms et je serais même malheureusement incapable
de les reconnaître. Amiral, je ne puis terminer sans rappeler la
conduite sublime de notre Commandant, qui voyant tout perdu, s'est
suspendu à la sirène et nous a dit adieu dans un long cri d'alarme.
Source Twitter / 4 octobre 2020
Extrait La Baille / Avril 2021
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Remerciements Daniel Laheyne
Remerciements Bernard
Dulou
Remerciements à Gilles Jogerst / Généamar pour ses recherches
et la mise à disposition de ses données
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