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Officiers et anciens élèves -
Charles Louis André Paul JOUBIN
(1896 - 1928)
Né le 23 février 1896 à
BESANCON (Doubs) - Décédé le 18 mai 1928 à TOULON (Var).
Entre dans la Marine en 1915.
Enseigne de vaisseau de
2ème classe le 1er juin 1917; port BREST.
Enseigne de vaisseau de
1ère classe le 13 juillet 1918.



Extrait Ouest-France /
25 décembre 1920


Extrait Excelsior / 25
décembre 1920

Extrait Le Petit
Courrier / 31 décembre 1920
Au 1er janvier 1921,
sur l'aviso "ARRAS", École de perfectionnement des Officiers de
Marine.
Chevalier de la Légion
d'Honneur
Le 10 juillet 1921 : "A
donné lors du naufrage du "BAR-LE-DUC" sur les côtes de GRÈCE un bel
exemple d'énergie et de courage en portant à terre une amarre qui
permit de sauvetage d'une partie de l'équipage puis, en faisant
malgré les blessures reçues aux pieds une longue marche en montagne
pour aller chercher du secours".


Lieutenant de vaisseau

Extrait Ouest-France /
30 décembre 1927

Extrait Le Temps / 15
mai 1928

Extrait Le Temps / 17
mai 1928

Complément
12/12/1920 : appareille de Constantinople à destination de Bizerte
en escortant une partie de la flotte russe blanche de mer Noire. Ce
convoi comprend le croiseur Almaz, quatre grands torpilleurs
remorqués par quatre remorqueurs, le brise-glace Iliaz Mourometz
(acheté ultérieurement par la Marine et transformé en mouilleurs de
mines sous le nom de Pollux), le bâtiment école Svoboda, l’aviso
Yakout, les canonnières Stray et Grosny, le navire base Dobitcha, le
dragueur Kitovoi, quatre sous-marins, dont les Outka et AG 22, et un
remorqueur. Le convoi est rapidement dispersé par une violente
tempête.
13/12/1920 : la brume ayant diminué encore plus une visibilité déjà
réduite, vient se jeter vers 1h00 sous les falaises du cap Doro (île
Eubée). La coque crevée sur des rochers à une soixantaine de mètres
du rivage, le navire coule rapidement. L’enseigne de vaisseau Joubin
parvient à porter une amarre à terre par laquelle trente-cinq hommes
purent se sauver. Quarante-quatre autres parviennent à gagner le
rivage à la nage mais vingt-six autres dont le commandant, capitaine
de corvette Blanchot, et tous les autres officiers disparaissent
avec le bâtiment. Les soixante dix neuf survivants sont recueillis
par le croiseur cuirassé Ernest Renan.
« Le Bar le Duc faisait route de Constantinople vers la France, en
convoyant les bateaux russes évacués de Sébastopol. Il faisait très
mauvais temps et le convoi faisait route à 4 nœuds.
Dans la nuit du 12 au 13, il y eut un choc violent. Une partie de
l'équipage avait été surprise dans son sommeil. Le commandant
ordonna de battre en arrière et le bâtiment se dégagea. Un message
fut adressé sur la TSF: " Bar le Duc échoué sur Doro".
Rapidement les machines stoppèrent car les tubes de la chaudière en
fonction avaient joué. La pression chuta, la dynamo stoppa et le
bâtiment fut désemparé car la deuxième chaudière n'était pas en
pression.
Le navire fut drossé une deuxième fois à la côte. Ce deuxième choc
intervint 15 minutes après le premier. Le commandant donna l'ordre à
son second, Joubin, d'établir une corde tendue entre le bateau et la
terre.
La nuit était noire, la pluie tombait en rafales et la mer brisait
sur les récifs.
Joubin se jeta à l'eau avec une corde qu'il amena à terre sur un
rocher distant de 7 à 8 mètres de l'étrave. La coque du Bar le Duc
protégeait, par sa masse, l'espace compris entre le bâtiment et le
rocher. Pendant ce temps, des feux «Costons» étaient tirés pour
éclairer Joubin.
L'évacuation du personnel fut entreprise dès que la corde fut fixée.
Les hommes passaient un à un, à la lueur des «Costons». Ils
rejoignaient le rocher puis se remettaient à l'eau sur une dizaine
de mètres pour rejoindre un autre banc de rochers plus élevés, avant
d'atteindre la terre ferme. Le mouvement devait se faire rapidement
pour dégager, au fur et à mesure, la place nécessaire sur le premier
rocher.
Le Bar le Duc continuait à s'enfoncer et le pont était, à présent, à
hauteur de la mer. Une première lame emporta le commandant, suivie
d'une seconde qui enleva l'officier de quart.
Soixante hommes avaient atteint le deuxième banc de rochers. Une
quarantaine était restée sur la première ligne de récifs. Il n'y
avait plus de «Costons» pour s'éclairer.
La météo était toujours aussi mauvaise, et personne ne pouvait
bouger sans risquer de tomber dans un trou. Il était entre 03h00 et
04h00, il fallait attendre trois heures encore avant que le jour ne
se lève. Au début, la coque du Bar le Duc protégeant la côte, les
hommes du premier banc étaient à l'abri.
Quand le Bar le Duc coula, glissant sur les fonds escarpés, la
situation devint plus difficile. La mer balayant les rochers
obligeait les hommes à se cramponner pour ne pas être emportés. De
temps à autre, on entendait des cris et un des hommes du premier
banc constatait que son voisin avait disparu.
Après deux heures d'attente, le jour apparut. Sur les 40 hommes du
premier banc, il n'en restait plus que 8. Ils parvinrent à gagner la
terre, et tous les rescapés se regroupèrent sur un éperon de la
côte.
Il y avait une cabane. Un berger fit du feu et donna un peu de lait.
Un ruisseau proche permit de laver les plaies des blessés.
Dans l'après-midi, les rescapés virent passer, et repasser l'Ernest
Renan et d'autres patrouilleurs. Ils firent du feu et des signaux,
mais sans succès, car la météo était encore trop mauvaise.
Joubin décida qu'il fallait prévenir par le télégraphe le plus
proche, à 50 km. Il prit la décision de s'y rendre lui-même, protégé
par la capote d'un second-maître, et muni d'un billet de 100 francs.
Sans chaussures, les pieds enveloppés tant bien que mal, il se mit
en route, guidé par un villageois.
Au bout de 25 km à pieds sur les cailloux, il put profiter d'une
mule et parvint dans cet équipage, au village d'où il télégraphia.
Les autorités grecques lui fournirent des vêtements militaires grecs
et des espadrilles.
Pendant ce temps, l'Ernest Renan avait récupéré les rescapés. »
Source Forum.pages14-18 / Capu Rossu
Dossier Légion d'Honneur /
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