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Ingénieurs du Génie maritime -
André GEMPP
(1920 - 2005)

Né le 22 juin 1920 à TOULON (Var). Décédé le 14 août 2005 à
SOLLIES-TOUCAS (Var).
Fils d’Etienne, capitaine de frégate et d’Aimée VANGAVER.
Marié avec Pierrette, petite fille d l’Amiral DAVELUY.
Elève du Prytanée jusqu’à 19 ans
1939 : il entre à l’Ecole Polytechnique.
1941 :Opte pour le Génie maritime à la sortie.
A l’issue de l’Ecole du Génie maritime, il est affecté à Toulon,
chargé de l’entretien des sous-marins, flotte hétéroclite d’origine
française et allemande.
Peu avant la fin de son séjour, il prend part à la conception et la
construction du bathyscaphe FNRS 3 avec lequel le commandant HOUOT
et Pierre WILMM, ingénieur de Génie maritime, atteindront les 4050
mètres de profondeur en février 1954, au large de Dakar.

Extrait Cols bleus / 27 février 1954
1954 : il est nommé à la Direction des constructions navales à
Saigon, pour participer à l’entretien de la flotte engagée en
Indochine.
1956 : il est chef de la section sous-marins au Service technique
des constructions et armes navales à Toulon.
Le Général de GAULLE décide de doter la force de dissuasion de la
France d’une composante navale sous-marine.
Dans ce but, l’organisation Coelacanthe est mise en place.
Elle
donne à deux ingénieurs des fonctions majeures.
Un maître d’œuvre principal (MOP), chargé de la cohérence technique
et calendaire de l’ensemble du projet, et le maître d’œuvre
construction navale, architecte du navire, chargé du projet d’un
sous-marin innovant.
Il est désigné pour ce dernier poste.
Il dirige la construction d’un sous-marin expérimental, le Gymnote,
qui servira à la mise au point du M1 pour le Redoutable et du M4
inclus.
1966 : Ingénieur Général, il est nommé MOP.
Jusqu’en 1972, il étend son action vers les autres composantes du
programme, environnement à terre (Ile Longue), pyrotechnies, station
VLF à Rosnay.
Février 1972 : le Redoutable réalise sa première patrouille
opérationnelle.
19 janvier 1972 : il est promu à la Direction des Constructions
Navales et Armement (DCAN) de Toulon, la plus importantes avec ses
8000 emplois.
1979 : il est admis en deuxième section des officiers généraux.

Extrait Cols bleus / 13 octobre 1979
Salué « pour son action remarquable qui a trouvé son aboutissement
dans la mise en service du premier sous-marin lanceur d’engins le
Redoutable ». (Robert DEBRE).
Officier de la Légion d’Honneur en 1967.
Commandeur de la Légion d’Honneur.
Grand Officier de l’Ordre national du Mérite.
Commandeur du Mérite Maritime.
NECROLOGIE
André GEMPP, promotion 1939, nous a quittés le 14 août dernier ; il
venait d'avoir 85 ans. Nous étions nombreux, du Génie maritime,
officiers ou ingénieurs sous-mariniers, à Solliès-Toucas, près de
Toulon pour assister à ses obsèques et aux honneurs militaires qui
lui ont été rendus.
Entré à l'X à 19 ans, il choisit à la sortie le corps du Génie
maritime. Après l'école d'application, il est affecté à Toulon où,
très vite, on le charge de l'entretien des sous-marins, flotte
hétéroclite d'origine française et allemande, avec une documentation
et des rechanges à un très faible niveau.
Vers la fin de son séjour, il a la charge de la mise au point du
premier bathyscaphe. En effet, si la validité du concept imaginé par
le professeur Piccard avait été démontrée, l'engin qu'il avait conçu
s'était révélé incapable d'une exploitation normale.
André Gempp enveloppe la sphère dans une structure remorquable en
mer et transforme le sas d'accès en un véritable ballast de
sous-marin. Il en résulte des relations difficiles avec le
professeur qui quitte le projet pour ceux des Trieste, italien puis
américain, qui reprennent les solutions imaginées à Toulon, validées
par la plongée record à plus de 4 000 mètres au large de Dakar avec
Houot et Willm (45) à bord, en février 1954.
À cette date, André Gempp avait quitté la métropole pour Saigon où
la Direction des constructions navales assurait l'entretien
opérationnel de la flotte engagée en Extrême-Orient, mais il ne sera
pas oublié dans l'attribution des récompenses qui suivront ce
record, aujourd'hui trop oublié.
Après Saigon et un bref séjour toulonnais, de février 1954 à mars
1956, il est désigné pour prendre le poste de chef de la section
sous-marins du Service technique des constructions et armes navales
à Paris, car, du fait de nombreux départs, il se trouve être le plus
ancien des ingénieurs du Génie maritime sous-mariniers.
La charge de cette section aux effectifs réduits était lourde avec
l'achèvement des Narval, la construction des Aréthuse et des Daphné,
le suivi de la flotte en service et, à la fin des années 1950, le
projet de sous-marin à propulsion nucléaire à uranium naturel qui
échoue pour des raisons techniques. Mais on avait pu constater, à
cette occasion, que l'organisation de liaison "Marine CEA" n'était
pas satisfaisante et ne laissait pas assez d'initiatives au chef de
la section sous-marins du STCAN.
Aussi, lorsque le général de Gaulle a décidé de doter notre force de
dissuasion d'une composante navale sous-marine, une organisation,
Cœlacanthe, a été mise en place, donnant à deux ingénieurs des
fonctions très importantes : un maître d'œuvre principal chargé,
entre autres, de la cohérence technique et calendaire de l'ensemble
du projet, le MOP, et le maître d'œuvre constructions navales,
architecte du navire, chargé du projet d'un sous-marin, innovant
dans presque toutes ses performances, intégrant un système d'armes
en cours de développement et devant être conduit avec un grand
nombre de coopérants, de la DCAN, de la Marine, des services
étatiques et de l'industrie privée !
Bensussan (27) a été le premier MOP, André Gempp, le premier
architecte du navire. On lui doit, en particulier, l'initiative
particulièrement féconde, d'avoir fait construire un sous-marin
expérimental, Le Gymnote, qui servira à la mise au point des
systèmes stratégiques, du M1 pour Le Redoutable jusqu'au M4 inclus,
sans pénaliser le programme de mise au point des SNLE.
La réussite d'André Gempp dans ce rôle d'architecte sera reconnue
puisque, devenu ingénieur général, il sera désigné pour prendre la
suite de Bensussan comme MOP, à l'été 1966. Il étend alors son
action vers les autres composantes du programme, dont
l'environnement à terre : base de l'île Longue, pyrotechnies,
station VLF de Rosnay, centres d'entraînement… Tous ceux qui ont
travaillé à ses côtés, ingénieurs civils et militaires, officiers de
marine évoquent toujours son action avec admiration, avec émotion.
Il occupe ce poste jusqu'à fin janvier 1972, date importante du
programme puisque Le Redoutable appareille pour sa première
patrouille opérationnelle tout début février. À la réunion du
Conseil des ministres qui décide de sa nouvelle affectation, la
direction de la DCAN de Toulon, le 19 janvier 1972, le ministre
d'État chargé de la Défense nationale, Michel Debré, rend hommage à
André Gempp " pour son action remarquable (…) qui avait trouvé son
aboutissement dans la mise en service du premier sous-marin lanceur
d'engins, Le Redoutable ". Déjà, en 1967, à l'occasion de la
promotion spéciale suivant le lancement du Redoutable, il avait été
promu officier de la Légion d'honneur.
Il restera à la tête de la DCAN de Toulon jusqu'à fin septembre
1979. C'était alors la plus " grosse " direction locale des
constructions navales, avec plus de 8 000 emplois : entretien de la
flotte, dont les porte-avions, entretien d'avions à Cuers,
pyrotechnies, centres d'études et expérimentations pour les systèmes
d'armes, les sous-marins… Avec compétence, avec autorité, avec
l'entière confiance du directeur central, il dirige ce grand
ensemble industriel dans le souci permanent du plein-emploi et de la
productivité.
Il n'avait pas atteint la limite d'âge de son grade lorsqu'il décide
de partir en deuxième section et de mettre ainsi un terme à sa
carrière, entièrement au service des constructions navales
militaires. Il était commandeur de la Légion d'honneur, allait
devenir grand officier de l'ordre national du Mérite, commandeur du
Mérite maritime et titulaire d'autres décorations.
Il aura été un ingénieur du génie maritime au sens plein du terme,
alliant compétences techniques et scientifiques, sens de
l'organisation, aptitude à la gestion de programmes complexes, un
exemple pour beaucoup. Son autorité ferme sous une apparence
bourrue, ses avis donnés de sa voix grave restent dans les mémoires.
Il s'est retiré à Solliès-Toucas, dans son mas au milieu de ses
oliviers ; ses problèmes de santé s'étaient aggravés ces dernières
années. Il vivait assez mal certaines évolutions de la société
française. Tout récemment, il s'était indigné (il n'était pas le
seul) de la façon dont la presse locale commentait le procès à
Marseille, dit de la DCN de Toulon. Lui qui l'avait dirigée plus de
sept ans connaissait l'intégrité des ingénieurs, leur souci
d'accomplir leur mission, au détriment le cas échéant du strict
respect de règles administratives de moins en moins adaptées à la
conduite de tâches industrielles à incidences opérationnelles.
Peu après sa première affectation à Toulon, en 1946, il a épousé
Pierrette. Elle est une petite-fille de l'amiral Daveluy qui est
devenu célèbre, il y a une centaine d'années, par ses prises de
position souvent prophétiques, pour les sous-marins en particulier.
Ils ont eu sept enfants ; deux d'entre eux sont disparus dont l'un
au printemps dernier. André Gempp m'avait annoncé en 1996 le début
de la troisième génération…
SOURCES : bio, éloge Gempp, La Jaune et la Rouge, février 2006.
Remerciements Patrick Labail
Remerciements Bernard Dulou
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