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Commissaires de la Marine -
Antoine Marie Auguste FREZOULS
(1860 - 19..)

Extrait Le Journal / Décembre 1920
Né le 7 juillet 1860 à ALBI (Tarn) - Décédé
Fils de Pierre Auguste Pascal, commis négociant, et de Célina Sophie
PUJOL
Marié le 21 mai 1906 à Anne Marie Louise PRÈRE , à AMBOISE (Indre et
Loire) (3 enfants)
Elève commissaire en 1881
En 1883 aide commissaire
Embarqué sur La CREUSE (Opérations de Madagascar), sur le TRIDENT,
sur le Cécille
En 1890 prend part aux opérations de Guinée sur le SANE
Chevalier de la Légion d’Honneur le 11 juillet 1896
En 1895 inspection de la colonie, détaché au ministère des finances,
Inspecteur de 3ème classe des colonies en 1896
Après une mission d’inspection au SENEGAL en 1896, est détaché au
secrétariat général du ministère des colonies du 1er juin au 6
octobre 1896
Directeur des douanes et régies de l’Indochine de 1896 à 1901
Inspecteur de 2ème classe des colonies le 1er février 1898
En 1904 -1906, gouverneur de la GUINEE (intérim du 16 mai 1907 au 25
juillet 1907, puis titulaire du 15 octobre 1904 au 27 mars 1906)



Extrait Les Annales coloniales / 29 juillet 1909

Extrait Le Journal / 18 juin 1922

Extrait L'Intransigeant / 3 août 1923
Officier de la Légion d’Honneur le 29 juillet 1901
Médaille de Madagascar en 1886
Médaille du Dahomey en 1893
Officier du Nishan en 1894
Médaille du Cambodge en 1895
Commandeur du Cambodge en 1899



Complément
L’extravagant périple d’Antonin Frézouls
14 décembre 1920. Depuis huit jours, M. Frézouls a disparu.
L’affaire fait la Une de tous les journaux. L’ancien gouverneur des
colonies, ex-administrateur de la Banque industrielle de Chine, et
actuel patron fondateur du Crédit International et colonial, aurait
été aperçu dans différentes villes, et ce jusqu’à Marseille.
Certains reporters envisagent la thèse du suicide, voire un
guet-apens avec assassinat, d’autres prétendent que le malheureux
sexagénaire est devenu totalement amnésique, échoué dans un hôpital
de province, d’autres encore sont persuadés d’un départ précipité
vers la Chine…
Finalement, c’est sur le trottoir de la rue aux huiliers à Vernon
que le commissaire local reconnaît l’homme au sortir de l’armurerie
Lecomte. Ce fonctionnaire est frappé par un fort contraste dans
l’habillement d’Antonin Frézouls : il est correctement vêtu, ses
souliers sont de belle facture mais couverts de poussière et usés au
niveau des talons. Le banquier au comportement étrange rejoint la
rue Carnot d’un pas indécis.
Entrant à son tour dans l’armurerie, le commissaire y apprend que
Frézouls vient d’acheter un revolver neuf millimètres avec des
cartouches à blanc et d’autres à balles. L’inconnu s’est justifié
ainsi auprès du commerçant : « C’est pour faire du bruit. Je suis
artiste dramatique. Et les vraies balles sont pour mon usage
personnel… »
Le commissaire rattrape Frézouls qu’il prend en filature jusqu’à
l’hôtel du Soleil d’Or (actuel Normandy). Le directeur de
l’établissement ne tarde pas à confesser ce qu’il sait de son client
:
La nuit précédente vers trois heures du matin, un employé de la gare
de Vernon a indiqué à M. Frézouls, hagard, un établissement en face
où passer la nuit : l’hôtel du Chemin de fer. Sur le registre
d’arrivée, l’homme a prétendu s’appeler M. Félix Arnoux, ingénieur à
Meulan.
Le lendemain vers 8h30, après avoir réglé sa note, il a pris la
direction de la place de Paris pour y rejoindre l’hôtel du Soleil
d’or où il avait vécu six mois lorsque son fils était mobilisé dans
la garnison de la ville. C’est dire si le patron de l’hôtel et lui
se connaissent. Face à son récit un brin extravagant et son
insistante demande de discrétion, le directeur a accepté de prêter
au banquier la somme de 200 francs. Frézouls veut s’acheter des
chaussures neuves ainsi qu’une arme afin d’être en mesure de «
récupérer son bien »…
Prévenue par le commissariat de Vernon, la Sûreté générale
parisienne recommande une surveillance discrète de Frézouls jusqu’à
l’arrivée de deux inspecteurs de la police judiciaire. De son côté,
inquiet de l’usage que son client pourrait faire du revolver,
l’armurier ferme boutique et tente de le retrouver. Il finit par le
localiser aux abords des casernes. Prétextant s’être rendu compte
que l’arme vendue ne fonctionnait pas correctement, le commerçant
demande à Frézouls de la lui restituer ainsi que les cartouches
contre un remboursement immédiat. Interloqué mais pris de cours, M.
Frézouls s’exécute en lâchant : « c’est bien embêtant ».
Au volant d’une voiture, le commissaire rattrape à son tour le
financier qui errait, hagard, sur la route de Rouen en direction de
Gaillon. Le fonctionnaire de police prétend avoir eu le fils de
Frézouls au téléphone et que celui-ci va venir le chercher. Docile
et déprimé, l’homme monte sagement dans l’automobile. D’un premier
interrogatoire au commissariat, il ressortira les éléments suivants
:
Il y a huit jours, le banquier avait rendez-vous à Melun avec un
homme qui lui aurait remboursé une dette d’un demi-million. Dans le
compartiment de train du retour vers Paris, deux hommes bruns
seraient montés et l’auraient endormi au moyen d’un narcotique
puissant avant de le soulager de sa sacoche.
Reprenant ses esprits, Frézouls se serait mis en tête de retrouver
ses voleurs. C’est ainsi que son périple fou aurait démarré.
Antonin Frézouls gagne Saint-Cloud, Suresnes, puis dort dans la gare
de Franconville. Le lendemain il prend le train pour Enghien où il
aurait entendu deux Espagnols évoquer le vol dont il avait été
victime la veille. Il les suit jusqu’à un bois d’où ils
disparaissent. Choisy-le-Roi, Étampes, Chartres, Dreux, Louviers,
Saint-Pierre-du-Vauvray. Il effectue alors une partie du trajet
menant à Vernon dans une automobile louée qui tombe en panne au
Goulet. Tandis que son chauffeur reste sur place pour réparer le
véhicule, Frézouls termine le chemin à pied jusqu’à la gare de
Vernon d’où aucun train pour Paris n’est affiché vu l’heure tardive.
Fin de l’interrogatoire qui boucle avec la nuit passée à l’hôtel du
chemin de fer la veille.
Ce qui est certain, c’est que ces derniers temps, Frézouls a réalisé
des opérations financières malheureuses. Depuis sa disparition,
plusieurs plaintes de clients, inquiets de ne plus pouvoir retirer
leurs avoirs dans la banque fermée en l’absence de son directeur,
ont été déposées. M. Frézouls quitte Vernon pour Paris entre deux
policiers. Après avoir répété dix fois le récit de son extravagante
aventure, il finit par déclarer ne plus se souvenir de rien.
Surmenage ? Crises de paludisme depuis son retour des colonies ? La
police cherche à déterminer sous l’empire de quelles obsessions cet
homme à la vie ordinairement bien réglée s’est enfui : dérangement
cérébral ou embarras financiers ? Son récit paraît inventé pour
masquer les détournements dont il est accusé.
Frézouls dort le soir même dans une cellule du Quai des Orfèvres. Un
médecin va le déclarer irresponsable. Il restera interné dix mois à
l’asile de Picpus avant qu’une contre-expertise soit ordonnée par le
juge. Cette fois, les experts concluent à la totale responsabilité
de M. Frézouls qui écopera de quinze mois de prison et 5000 francs
d’amende.
Quatre ans plus tard, Antonin Frézouls mourut.
Il prétendit être toujours vivant mais cette fois, plus personne
pour le croire.
Source Facebook / Agence de tourisme temporel vernonnaise

Première page du quotidien Le Matin, 14 décembre 1920.
Dossier Légion d'honneur /
Lien web
Remerciements Bernard Dulou et André Fourès
Remerciements à Gilles Jogerst / Généamar pour ses recherches
et la mise à disposition de ses données
http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviation-marine/marine-1914-1918/liste_sujet-1.htm
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