-
Officiers et anciens élèves -
Jean Baptiste Henri FÉRETIER
(1765 - 1832)
Né le 18 décembre 1765 à NANATES (Loire
Atlantique) - Décédé le 11 janvier 1832
Fils de Jean Feretier, tailleur nantais
Epoux de Louis Modeste Bellanger à
Nantes en 1806
En 1795, capitaine de pavillon à bord
de la corvette l’Insolent
Lieutenant de vaisseau en 1803
Lieutenant de vaisseau, adjoint à
l’Etat major, au port de Lorient en 1804
En 1809, commande La Caroline, fait
campagne et réussi à faire amener leurs pavillons à deux vaisseaux
anglais.
Capitaine de frégate le 1er février
1810
Commande une division
dans la rade de Mindin, comprenant l’Ariane sous son commandement et
l’Andromaque, capitaine Morice, le Mameluck commandé par Galbert
Le 22 mai 1812, à leur retour de la
mission aux Açores et aux Bermudes ils tombent sur le Northumberland
de 74 canons.
Le combat se termine par la fin de
l’Andromaque qui prend feu et explose, l’Ariane a été brulée pour
évité d’être capturée
Féretier et Morice
furent traduits en cour martiale pour la perte de leurs navires,
déchus de leur grade et interdits de commander le navire pendant
trois ans. Mais ils ont été rapidement réintégrés


Chevalier de la Légion
d’Honneur
Chevalier de Saint
Louis en 1814
Complément
Revenant d’une course
de 134 jours qui l’avait menée des Açores aux rivages Caraïbes, une
division formée par le brick Mameluk et les frégates de 44 canons
l’Ariane et l’Andromaque, se présente le 22 mai 1812 au sud de l’île
de Groix.
Les frégates sont
riches de 14 prises. A ce moment, l’escadre menée par le commandant
Feretier aperçoit deux bâtiments anglais, le vaisseau de 74 canons
H.M.S. Northumberland et la corvette de 18 canons H.M.S. Grauler qui
manœuvrent pour barrer la route aux navires français.
Compte tenu de
l’infériorité apparente des bâtiments français, mais surtout des
conditions maritimes (vents d’ouest sud-ouest et début de jusant),
la logique, sinon le bon sens, aurait dû conduire les Français à
fuir vers la haute mer. La vélocité des frégates les aurait
rapidement mis hors de portée de l’ennemi. Ainsi l’escadre aurait pu
attendre le flot et la nuit, pour se représenter à l’entrée du port
de Lorient.
Ce n’est pas la
décision que prennent les capitaines Feretier et Morice. Se fiant au
jeune enseigne de vaisseau Legrand, familier des parages, ils
décident de forcer le passage en longeant la côte de Ploemeur. Hélas
l'enseigne Legrand va périr au combat…
L’escadre est aussitôt
engagée par les navires britanniques. Les deux frégates, sous le
vent du combat d’artillerie, se trouvent perdues dans la fumée.
Hélas, elles talonnent
sur la basse rocheuse du Grasu. Echouées en début de jusant,
couchées sur leur hanche bâbord, impuissantes, l’Ariane et
l’Andromaque, sont soumises au feu roulant du H.M.S. Northumberland.
La situation est vite désespérée. Un incendie ravage le pont et la
mâture de l’Andromaque.
L’ordre est donné
d’abandonner les navires. On met le feu volontairement à l’Ariane.
Les deux frégates se disloquent dans l’explosion de leurs soutes à
poudre... Egalement échoué à proximité, évacué dans la soirée du 22,
le Mameluk est sauvé le lendemain par son commandant, le capitaine
Malabée.
Ce dénouement prouve
que l’Ariane aurait également pu être sauvée si on n’avait pas, dans
la panique, entrepris d’y mettre le feu.
Gravement mis en cause
par la commission d’enquête, qui les accusa de lâcheté et les jugea
coupables d’impéritie, Feretier et Morice furent cassés et déclarés
incapables de servir pour trois ans.
Né à Nantes en 1765,
Jean-Baptiste-Henri Féretier est enseigne de vaisseau en 1797,
lieutenant de vaisseau en 1803 et promu capitaine de frégate en
1810. Il est membre de la Légion d'honneur et deviendra en 1814
Chevalier de Saint-Louis. Il s'était distingué " dans l'Inde " où il
s'était emparé de deux vaisseaux anglais alors qu'il commandait la
frégate La Caroline.
Il est enterré à Nantes
le 11 janvier 1832.
Lettre de Feretier,
commandant de l'Ariane, au ministre - le 23 mai 1812
"J'ai l'honneur de
rendre compte à votre excellence, qu'hier 22 mai 1812 à cinq heures
du matin, je me trouvais avec la division sous mes ordres, composée
des frégates l'Ariane, l'Andromaque et de la corvette le Mamelouk à
vue des Penmarck et les relevant au nord, distance de cinq à six
lieues. Je faisais route sous toutes voiles avec une faible brise de
O.N.O. A midi, j'avais doublé les Glénan. Les vents étaient alors de
la partie du N.O. et avaient un peu fraîchi. Je filais 4 à 5 nœuds.
A onze heures et demi mes vigies apercevaient un trois mâts supposé
bâtiment de guerre dans le S.O. de Groix à distance d'environ dix
lieues de cette isle, courant bâbord amures et faisait des signaux
avec ses voiles. La brise fraîchissait et avec les vents regréant,
je jugeai que le bâtiment (reconnu pour un vaisseau de 80) ne
pouvait passer au vent de Groix et dans ce moment il arriva pour
passer sous le vent. Lorsqu'il me fût masqué par cette isle, je fis
des signaux de reconnaissance à la côte auxquels Groix répondit. Les
vents ayant passé à l'Ouest et O.S.O. et fraîchi de manière à me
faire filer de sept à huit nœuds, je continuai ma route sous toutes
voiles possibles en ordre de bataille, le Mamelouk ayant donné ordre
de se tenir par ma hanche de bâbord à portée de voix.
A une heure, apercevant
que le vaisseau ennemi avait doublé Groix qu'il serrait le vent pour
attendre la division aux passes des courreaux je tins le vent bâbord
d'amures pour faciliter le ralliement de la division, et me
concerter avec les capitaines sur la détermination qu'exigeait la
circonstance et qu'elle serait. J'ordonnai par un signal de se
préparer à mouiller une grosse ancre avec une croupière pour
présenter tribord à l'ennemi. Environ une demi-heure après
l'Andromaque passant en poupe demanda mes ordres. Je répondis
qu'étant sûr des équipages de la division, j'avais pris la
résolution de forcer le passage. A quoi Monsieur Morice répondit que
c'était le seul parti à prendre, qu'il avait à bord une pratique qui
affirmait connaître assez la passe pour répondre d'y passer la
division à portée de pistolet de terre. D'après cela je lui ordonnai
en conséquence de prendre la tête de la ligne et le prévint que je
le suivrai beaupré sur poupe. Au même instant, je laissais, par un
signal, le capitaine du Mamelouk libre de manœuvre pour la sûreté de
son bâtiment, et laissant arriver, je suivis l'Andromaque ainsi que
j'en étais convenu sous toutes voiles possibles pour forcer le
passage. Je consultai mon pilote pour savoir si la route tenue était
praticable. Il me répondit que, vu l'heure de la marée, il devait y
avoir assez d'eau pour les frégates.
Le vaisseau ennemi
venait de virer de bord et courait tribord amures. Un quart d'heure
après, il prit l'autre bord, tint le vent afin de se mettre
(laissant arriver) en position de nous combattre à portée de
pistolets ce qui ne tarda pas à avoir lieu. A trois heures et quart
je fis rentrer les bonnettes à l'abri des huniers pour ne pas
dépasser l'Andromaque. Peu après un feu très vif s'engagea de part
et d'autre et dura près d'une heure à portée de mousqueterie. Je
remarquai que celle de l'ennemi était bien nourrie. Après trois
quarts d'heure de combat, la fumée était si épaisse, enveloppait
tellement l'Andromaque que j'avais peine à apercevoir ses mâts et ne
voyais nullement les roches environnantes.
Je faisais sonder
continuellement et l'on trouvait encore quatre brasses d'eau par le
travers des grands haubans, lorsque je m'aperçus que l'Andromaque
avait touché. J'ordonnais à l'instant de venir sur tribord, mais
malgré cette manœuvre, je touchais de suite. Le vaisseau serra le
vent pour doubler les roches qui me restaient à une longueur de
frégate dans le sud. Le combat dura encore quelques minutes, et le
vaisseau désemparé de son petit hunier prit le large pour réparer
ses avaries.
Au même moment, le Mamelouk me passait par tribord, donna dans la
même passe que nous, prit mes ordres qui furent de se rendre à
Lorient pour y demander des chaloupes avec des ancres à jet. Mais
presque aussitôt il toucha par notre bossoir de tribord à une
demi-longueur de frégate. Les frégates commençaient à donner une
bande très forte sur bâbord et la mer perdant, l'inclinaison devint
telle qu'il était impossible de se servir de la batterie et pour ne
pas chavirer, j'ordonnai de faire jeter à la mer les canons et
canonnades de bâbord, de vider les pièces à l'eau et enfin de
débarquer de l'entrepont et de cale tous les objets qui pouvaient
alléger la frégate. Le grand mât étant très endommagé par les
boulets et tomba à la mer en coupant seulement les rides il entraîna
avec lui nos mâts de hune. Je prenais toutes ces dispositions qui
étaient approuvées par les pilotes du port de Lorient venus à bord
une demi-heure après l'échouage des bâtiments.
Vers cinq heures et
demie le vaisseau anglais accompagné d'un brick vint s'embouer par
le travers des frégates et là, pendant deux heures, fit feu roulant
sur nous, sans pouvoir lui riposter. Le brick se tenait sous voiles
à une demi-portée de ses canons et tirait aussi. Après les premières
volées le feu se manifesta dans la hune de misaine de l'Andromaque
et fit des progrès si rapides qu'en peu de minutes son gaillard
d'avant fut embrasé. Alors son grand mât tomba. J'envoyai à bord un
aspirant de première classe pour demander au capitaine Morice l'état
de sa frégate. Le canot de retour m'amena un officier qui me fit le
rapport qu'il était de toute impossibilité d'éteindre le feu ni de
noyer les poudres.
Dès cet instant
j'ordonnai d'embarquer les malades, au nombre de quatre vingt six,
et les prisonniers dans les canots qui étaient venus de Lorient
apporter du secours. Les capitaines du vaisseau F... et Le Fay
étaient à bord avec leurs officiers. Je les consultai sur les
dispositions que je prenais et ils approuvèrent. Monsieur le Préfet
maritime s'étant aussi rendu sur les lieux, je lui rendis compte que
la frégate était pleine d'eau et que la carène du côté de tribord
était extrêmement endommagée par les boulets, que d'ailleurs de la
manière dont elle était échouée les pilotes assuraient qu'il y avait
impossibilité de la relever. L'Andromaque brûlait toujours, et à
chaque instant menaçait de couler. Monsieur le Préfet voyant toutes
ces malheureuses circonstances, m'ordonna d'envoyer à terre ce qui
restait de mon équipage et d'abandonner la frégate, qu'il allait
même m'envoyer un canot pour me prendre.
Avant de l'abandonner,
j'ordonnai à mes officiers d'y mettre le feu, ce qui fut exécuté de
suite. A huit heures et demie, tout mon équipage étant à terre,
j'embarquai avec mes officiers et, à peine étions nous débarqué, que
l'Andromaque sauta. Je vis plusieurs débris embrasés tomber à bord
de ma frégate."
Remerciements Bernard
Dulou
Retour Officiers
et anciens élèves
|