-
Officiers et anciens élèves -
Marcel Georges Charles DUVAL
(1911 - 2005)
Né le 26 décembre 1911
à PARIS VIIIe (Seine) - Décédé le 10 octobre 2005 à PARIS Ve
Fils de René Valentin
Eugène, ingénieur civil des Mines et de Antoinette Marie Aimée LAMY,
son épouse
Epouse 1/ à Toulon
(Var) le 22 mai 1940 Anne Louisa ISOARD
Epouse 2/ à Mézy
(Yvelines) le 20 avril 1966 Madeleine Augustine Denise BAUD
Entré à l’Ecole navale
en 1931
Affecté en Extrême-Orient à partir de 1934 à bord des
croiseurs Primauguet puis La Motte-Picquet, Marcel Duval est breveté
de l’Ecole des officiers de transmissions (1937) et sert sur le
contre-torpilleur Cassard.
En 1940, il est affecté
à l’amirauté de Casablanca.
En 1944, il commande l’escorteur
l’Eveillé puis rejoint l’Etat-major de la Marine à Paris (1947).
Après l’Ecole de guerre navale, il est affecté sur l’escorteur
Châteaurenault puis commande l’escorteur Kabyle (1951).
Professeur à l’Ecole de
guerre navale (1952), en poste à l’O.T.A.N. à Washington, il
commande la frégate l’Aventure (1955), occupe des postes
d’Etat-major puis commande le porte-avions La Fayette (1961).
De nouveau en
Etat-major, il est nommé commandant de l’Ecole supérieure de guerre
navale (1966) puis directeur du personnel militaire de la Marine
(1968).
Vice amiral d'escadre,
il est admis en 2e section en 1971.
Complément
Eloge funèbre
Il était né le 26
décembre 1911 dans une famille de l’Est marquée par la guerre : la
maison de Château-Thierry, malencontreusement située au débouché du
pont, avait été détruite en 1870 et en 1914. Il manifesta très tôt
le désir d’entrer dans la Marine, contre la volonté de son père qui,
en bon polytechnicien, aurait préféré qu’il s’orientât vers l’X.
Admis en 1931 à l’École navale, sa première affectation fut en
Extrême-Orient, privilège réservé aux mieux classés. L’amiral Esteva
le prit dans son état-major, ce qui lui permit de découvrir très tôt
les questions stratégiques et géopolitiques, suscitant chez lui un
intérêt qui ne devait plus le quitter. En 1940, revenu en France, il
participait à la campagne de Norvège pendant que la maison familiale
était détruite pour la troisième fois. Il a laissé de cette
expédition un récit particulièrement drôle dans des souvenirs dont
il a voulu qu’ils ne soient publiés qu’après sa mort. Affecté après
l’armistice à Marine Maroc, au SR de Casablanca, le lieutenant de
vaisseau Duval a annoncé à l’avance le débarquement allié de 1942 ;
bien entendu, on ne l’a pas cru, ce qui lui a laissé un certain
scepticisme sur l’utilité des services de renseignements. Il a
ensuite pris son premier commandement à la mer, l’escorteur
L’Éveillé qu’il est allé armer aux États-Unis et avec lequel il a
participé au débarquement de Provence. Un de ses officiers m’a
raconté qu’il était très exigeant avec ses hommes, ajoutant aussitôt
: « mais il était sur sa passerelle dix-huit heures par jour, il n’y
avait rien à dire ! ». Après la guerre, il a commandé trois autres
bâtiments, l’escorteur Kabyle, la frégate L’Aventure, affectée à la
surveillance des pêches dans le Grand Nord, et le porte-avions La
Fayette. Il a été, par deux fois, chef d’état-major de l’Escadre,
notamment durant l’expédition de Suez. Breveté de l’École de guerre,
il a occupé plusieurs postes importants en état-major : de 1953 à
1955 au groupe permanent de l’Otan à Washington, où il s’est initié
à la stratégie nucléaire et d’où il a suivi la crise de Diên Biên
Phu, avec la vaine demande d’assistance aux États-Unis ; en 1959 et
1960 en tant que chef du bureau des affaires alliées à l’EMM où il a
travaillé au grand dessein de la Marine qui voulait obtenir, au sein
de l’Otan, un commandement Atlantique Sud-Est/Méditerranée
occidentale : il y était presque parvenu quand le général de Gaulle,
qu’on s’était bien gardé d’informer, mit un terme à l’entreprise. En
1963-1964, il a présidé le groupe de prospective de la Marine, à
l’origine de ce qui allait devenir le plan Bleu. Devenu
contre-amiral, il a commandé l’arrondissement maritime de Brest
avant d’être appelé en 1966 au commandement de l’École supérieure de
guerre navale où il avait été professeur d’état-major en 1952. Il
s’y était alors déjà signalé en faisant adopter une nouvelle méthode
de rédaction des plans d’opérations, librement inspirée des modèles
américains. En deux ans, il y a imprimé sa marque, réformant
profondément les études, notamment pour introduire les méthodes
modernes d’analyse et de prospective. Cela ne l’empêcha pas de
rétablir aussi l’enseignement de l’histoire, lui qui n’avait qu’un
goût très modéré pour cette discipline. Il présida les premiers
exercices incluant les SNLE, qui furent présentés au général de
Gaulle au cours de visites mémorables. Vice-amiral d’escadre, il fut
enfin directeur du personnel militaire et des écoles de la Marine de
1968 à 1972 et membre du Conseil supérieur de la Marine. Là aussi,
il imprima sa marque, réformant la sélection et la formation des
officiers et créant l’École militaire de la flotte.
Ayant quitté le service actif, l’amiral Duval a appartenu pendant
dix ans à la Datar, où il a notamment présidé la mission
interministérielle chargée de l’aménagement du parc d’activités
scientifiques de Sophia-Antipolis. En même temps, il a pu donner
libre cours à son goût pour la réflexion internationale en tant que
président du Comité d’études de défense nationale et, à ce titre,
directeur de la revue Défense Nationale de 1976 à 1983, et surtout
en tant qu’auteur. Il a publié deux livres sur l’histoire des armes
nucléaires françaises, collaboré à une trentaine d’ouvrages
collectifs, écrit des dizaines d’articles et de notices de
dictionnaires (notamment le Dictionnaire de stratégie et le
Dictionnaire d’histoire maritime) et plus encore de recensions.
Celles-ci étaient toujours bienveillantes, témoignage de son
libéralisme intellectuel. Lui qui était de l’ancienne école,
soucieux du respect des formes et des hiérarchies, était en même
temps très accueillant à l’égard des jeunes chercheurs dont il
soutenait les travaux et pas seulement par de bonnes paroles.
14 octobre 2005
Hervé COUTAU-BÉGARIE
Source web




Ecrivain
A côté de l’histoire officielle issue des archives il y a l’histoire
vécue par les acteurs au jour le jour, plus prosaïque mais aussi
plus vraie. C’est à travers les souvenirs que l’on comprend vraiment
le fonctionnement d’une institution, les mécanismes de prise de
décision. Le vice-amiral d’escadre Marcel Duval, entré à l’Ecole
navale en 1932, a servi dans la marine pendant quarante ans pour
terminer comme directeur du personnel militaire de la marine en
1972, au moment de la constitution de la force océanique
stratégique. Il a traversé les épreuves de la seconde guerre
mondiale, les espérances et les déchirements de la libération, les
difficultés et les réussites de la reconstruction de la marine .Sur
l’histoire de celle-ci après 1945, encore à peine défrichée par les
historiens, il apporte une information exceptionnelle mêlant
l’anecdote et l’analyse de fond, dans un style toujours très vivant
et accessible. Son témoignage sera dorénavant une source de premier
ordre pour l’histoire de la marine au XXème siècle.


Sources : SHD/DM Vincennes : CC7 4e moderne 3502 / 9 165 GG².
Documents concernant l'Ecole navale et le croiseur Jeanne-d'Arc, les
Forces navales d'Extrême-Orient, la seconde guerre mondiale, la
politique navale après-guerre; plaquettes relatives au porte-avions
La Fayette et à l'aéronautique navale ; cours à l'Ecole de guerre
navale et notes concernant l'amiral Castex et la stratégie navale ;
documents relatifs à sa carrière ; manuscrit de son ouvrage
Souvenirs d'un marin sous trois Républiques ; transcription
d'entretiens relatifs à l'histoire de l'armement nucléaire. Dates
extrêmes : 1931 – 1997 Instrument de recherche : Répertoire
numérique détaillé par P. Geneste, 1999, 7 p. ; complément : liste
sommaire par V. Berne, 2010, 1 p. Archives nationales : 551 AP Duval
(Marcel-Georges-Charles), Hommage à l’amiral Castex. L’amiral Raoul
Castex à l’Ecole de guerre navale, Paris, Académie de Marine, 1968
(3 S 2508) Duval (Marcel-Georges-Charles), Histoire des forces
nucléaires françaises depuis 1945, Paris, PUF, 1993 (Que-sais-je ?)
(12° 4636) Duval (Marcel-Georges-Charles), La dynamique du
désarmement nucléaire au nord : ses conséquences pour la France,
Bruxelles, Bruyland, 1996 (8° 8424)
Remerciements André
Coutard
Remerciements Bernard
Dulou
Remerciements Stéphane
Giran
Remerciements Gilles
Tribouillard
Retour Officiers
et anciens élèves
|