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Officiers et anciens élèves -
Joseph Antoine DUROCH
(1812 - 1884)
Né le 2 mars 1812 à Bastia - Décédé le 20 juin 1884 à TOULON (Var)
Père de
Charles Louis Marie, promotion 1863
Ecole navale 1827
Elève de 2e classe le 19 octobre 1828
Elève de 1ère classe le 16 juillet 1830
Enseigne de vaisseau le 30 octobre 1831
Lieutenant de vaisseau le 21 août 1839
Capitaine de frégate le 11 juin 1853
Capitaine de vaisseau
en mars 1861
Corse et fils d'un chirurgien des hôpitaux militaires,
Joseph-Antoine Duroch est un cas à part, au milieu des autres
officiers, un homme à énigmes.
Tous ses supérieurs
nous le décrivent comme un officier intelligent, de bons contacts,
doux, dévoué, passionné par l'hydrographie et tous les aspects de
son métier.
Il sort de l'Ecole
Navale à 16 ans, le plus jeune de tous les officiers de
l'expédition, est élève de 1ère classe à 18 ans, encore le plus
jeune, enseigne de vaisseau à 19 ans ce qui est un record, et
toujours le plus-jeune.
A 27 ans, il est promu
lieutenant de vaisseau, ce qui est toujours exceptionnel, seul le
remarquable Coupvent-Desbois a fait mieux d'un an.
Cependant, à ce stade
apparait une première ombre.
Il est resté huit ans
enseigne de vaisseau, alors que les autres le sont en moyenne cinq à
six ans.
Et là, lieutenant de
vaisseau, il détient un record moins enviable encore, celui d'être
resté quatorze ans dans ce grade.
Il devient capitaine de
frégate à 41 ans.
Seul Barlatier-Demas a
accédé à ce grade plus vieux que lui, d'un an.
Même Boyer, en dépit de
ses deux démissions et de ses huit ans d'absence n'a pas fait
pire!...
Lorsqu'il embarque sur l'Astrolabe en 1837, il est depuis près de
quatre ans sur le même navire, la Béarnaise, et toujours enseigne de
vaisseau.
Le tour du monde de
Dumont d'Urville le tente. Il est bien placé pour en entendre parler
puisque son beau-frère, l'ingénieur Lefébure de Cerisy est, depuis
plus de trente ans, l'ami intime du chef de la future expédition.
Cette parenté sera un atout absolu pour se faire engager.
Il sera promu
lieutenant de vaisseau pendant l'expédition, en août 1839.
Tous les témoignages le
dépeignent comme très actif, hydrographe de tous les instants et de
la meilleure compagnie. Pourtant, au retour, seul des six
lieutenants de vaisseau, il ne recevra aucune récompense, et cela
sans la moindre explication ni l'ombre d'une justification. :
Aussitôt rembarqué, dans les jours qui suivent son retour, il fait
une campagne de près de trois ans sur la Didon. Jacquinot, qu'il
rencontre à Toulon, s'inquiète de son sort auprès des autorités et
écrit, le 9 avril 1843 : "Permettez-moi, M. le Ministre, de vous
demander la Croix de la Légion d'Honneur pour M. Duroch, lieutenant
de vaisseau qui était embarqué sur l'Astrolabe. Cet officier, loin
de se décourager parce qu'il n'avait rien obtenu, ne se donna même
pas le temps de prendre "un repos devenu nécessaire après tant de
peines et de fatigues», il se hâta d'acquérir de nouveaux titres, et
dans ce but il sollicita un embarquement sur la frégate la Didon
qu'il n'a quitté qu'après y avoir servi plus de deux ans. M. Duroch
est instruit, bon officier de mer, plein de zèle et de dévouement.
(1).
En 1850, il est affecté
comme second de la Capricieuse, en Extrême-Orient, dont le
commandant est le capitaine de vaisseau de Roquemaurel.
Celui-ci, qui l'estime
pour l’avoir dirigé durant trois ans sur l'Astrolabe, ne ménage pas
sa peine ni son courrier vers le Ministre pour obtenir une promotion
en faveur de son second. Aucune réponse ne lui sera jamais faite à
ce sujet.
Lorsqu'en 1854 de
Roquemaurel doit rentrer en France pour raison de santé, il obtient
enfin que Duroch, capitaine de frégate depuis un an, lui succède au
commandement de la Capricieuse.
En 1855 il rentre en
France et refuse pour raison de santé, le commandement d'une frégate
en partance pour les Antilles.
Il obtient celui du Du
Couédic en Méditerranée.
Puis en 1856, il est
nommé commandant supérieur de la Marine à Saint-Louis du Sénégal, où
il reste deux ans.
En 1861, il est fait
capitaine de vaisseau et commandera alors successivement cinq
vaisseaux, ce qui n'est pas chose habituelle.
Le 2 mars 1872, à 60
ans, il prend sa retraite de capitaine de vaisseau, après onze ans
de grade et non sans avoir espéré, on peut le supposer, que la
malchance terminée, il pourrait accéder au corps des contre-amiraux.
(1) Service historique de la Marine : Sous-série Marine CC7 :
Dossiers personnels des officiers. Lettre adressée au vice-amiral
baron de Mackau, alors ministre de la Marine.
Nous avons qualifié Duroch, au début de cette rapide biographie,
d’homme à énigmes et nous ne pouvons résister à l'envie d'en exposer
les plus criantes :
1° - Pourquoi une
carrière si brillamment commencée, s'effondre-t'elle brutalement,
sans aucune cause apparente ?
2° - Pourquoi Dumont
d'Urville, après n'avoir fait que des éloges de Duroch dans son
compte-rendu de voyage, le laisse-t'il, seul des six lieutenants de
vaisseau, sans récompense à l'arrivée ?
3° - S'il s'agit d'une
erreur ou d'un oubli, pourquoi personne ne songe-t'il à le signaler
ou à le réparer ?
4° - Pourquoi, au
retour de l'expédition, alors que tous ses camarades sont en congés,
1'embarque-t'on sur la Didon à peine quinze jours après son arrivée
(1) ?
5° - Pourquoi,
contrairement aux traditions et règlements de la Marine, reste-t'il
second de la Capricieuse durant un an après avoir bénéficié d'un
avancement en grade ?
6° - Pourquoi Duroch
a-t'il dû attendre l'âge de 42 ans et le grade de capitaine de
frégate pour obtenir son premier commandement, alors que tous ses
rapports sont élogieux ?
7° - Pourquoi,
brusquement, à partir de 1854 et durant 17 ans, obtient-il sans
discontinuer et en contradiction avec les règlements, une
impressionnante série de commandement (3 frégates, une station
navale, cinq vaisseaux) ?
8° - Pourquoi, un homme
digne de confiance au point d'avoir tant de commandement, est-il mis
à la retraite sans promotion au grade de contre-amiral ?
(1) Il est matériellement impossible que dans un*tel délai, il ait
pu demander personnellement, son affectation sur la Didon, qu'on en
ait débattu et qu'on la lui ait adressée à Toulon. Par ailleurs, on
peut se demander ce qui aurait pu justifier une telle procédure
d'urgence !...
Dossier Légion
d'honneur /
Lien web
Source Université de Provence / Doctorat d'Histoire présenté par
Christian COUTURAUD sous la direction de M le Professeur MIEGE / "Le
Troisieme Voyage de Circumnavigation de J.S.C. Dumont d'Urville 1837
- 1840" / Avril 1986.
Extrait La Justice / 24 juin 1884
Extrait La Justice / 25 juin 1884
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