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Officiers / Hors EN -
Charles Alexandre Léon DURAND de LINOIS
(1761 - 1848)
Né le 27 janvier
1761 à BREST (Finistère) - Décédé le 2 décembre 1848 à VERSAILLES
(Yvelines)
Fils de Charles,
Écrivain principal de la Marine, Aide-commissaire de la marine. Né
le 14 mars 1713 - Versailles (Yvelines)
Décédé en novembre 1795 et de
Marie-Anne LE VACHER de BOISVILLE
Demi frère de Louis
Charles Augustin Durand de Linois. Trésorier des Invalides de la
Marine de Brest. Né le 22 avril 1755 - Brest (Côtes-d'Armor). Décédé
le 22 mai 1820 - Brest (Côtes-d'Armor)
Est parent du célèbre
ingénieur Sané.
Il fait ses études à Brest, et entre dans la Marine en 1776, an tant
que volontaire. Il a alors 15 ans.
Lieutenant de frégate auxiliaire en 1779, il est nommé enseigne de
vaisseau en juillet 1781.
Il effectue de nombreux embarquements qui le conduiront à l'île de
France en 1784.
En 1789, il est Brest, où il est fait lieutenant de port, avant
d'être reclassé en tant que lieutenant de vaisseau.
Il devient alors second de la frégate Atalante et part faire
campagne aux Indes dans la division du marquis de Saint-Félix, de
janvier 1791 à mars 1794.
A son retour en France, il obtient le commandement de l'Atalante.
Envoyé avec deux corvettes pour aller au devant d'un convoi de blé
en provenance des Etats-Unis, il doit livrer combat au vaisseau
anglais de 74 Swiftsure.
Au terme d'un dur combat, il ne se rendra que parce qu'un boulet
anglais, fauchant le mât d'artimon, emporte son pavillon
Le commandant anglais lui rend son épée : "on ne désarme pas un
homme tel que vous".
Libéré en mars 1795, il est promu capitaine de vaisseau, et reçoit
le commandement du vaisseau de 74 canons le Formidable, avec lequel
il participe au désastreux combat de Groix, dans l'escadre de
Villaret-Joyeuse.
Il est l'un de ceux qui résiste le plus longtemps à l'amiral anglais
Bridport.
Blessé, il perd l'œil gauche au cours de l'affrontement.
Prisonnier, il est rapidement échangé.
En 1796, il participe à l'expédition d'Irlande, aux commandes du
Nestor.
En avril 1799, il devient contre-amiral. Il devient alors chef
d'état-major de Bruix sur l'Océan,l ors de l'expédition d'Egypte,
puis second de Ganteaume lorsque celui-ci tente le sauvetage du
corps expéditionnaire, en 1801.
Linois est alors chargé de conduire trois vaisseaux, les Formidable,
Desaix et Indomptable, ainsi qu'une frégate, la Muiron, rejoindre
l'escadre franco-espagnole de Cadix.
Prévenu que l'amiral anglais Saumarez bloque ce port avec 7
vaisseaux et 2 frégates, il décide de mouiller à Algésiras, le 4
juillet.
Le 6, la division du contre-amiral Saumarez, composée de 6
vaisseaux, vient jeter l'ancre devant sa division et ouvre le feu.
Au terme d'un féroce combat, l'Hannibal, échoué, est forcé de se
rendre, alors que Saumarez se replie surGibraltar.
Linois est victorieux
L'escadre de Cadix arrive en rade d'Algésiras le 9 juillet; Linois a
déjà renfloué ses vaisseaux, effectue quelques réparations, et
repart le 12.
Mais sur la route de Cadix, les alliés sont attaqués, de nuit, par
Saumarez.
Celui-ci sème la confusion dans nos lignes : deux trois-ponts
espagnols, le Réal Carlos et le San Hermenegildo, se canonnent,
prennent feu et finissent par exploser.
Un français, le Saint-Antoine, est pris.
Le Formidable, seul à l'arrière garde, livrera un superbe combat, à
un contre quatre.
L'escadre combinée arrive finalement à Cadix le 13juillet dans
l'après-midi.
Durant la paix d'Amiens, Linois est sur l'Intrépide dans l'escadre
de Villaret Joyeuse, et participe à l'expédition de Saint Domingue.
Il est de retour en France en avril1802.
Le 31 janvier 1803, il est nommé commandant des forces navales
françaises à l'est du cap de Bonne Espérance.
Le 6 mars 1803, peu avant la rupture de la paix d'Amiens et alors
que la tension avec l'Angleterre est déjà très vive, il est promu
Commandant des forces navales de l'Océan Indien et quitte Brest à la
tête d'une petite division (un vaisseau de 74, le Marengo, 2
frégates de 40 canons, L'Atalante et la Belle-Poule, et une frégate
de 36 canons, la Sémillante).
Sa mission est de voguer vers l'océan Indien, de récupérer les cinq
comptoirs de l'Inde et d'y débarquer, avec quelques troupes, le
nouveau gouverneur des "Etablissements français de l'Inde", le
général de division Decaen
Mais la situation se dégrade très vite entre la France et
l'Angleterre.
Le 16 mars, Decrès fait appareiller d'urgence un brick, le Bélier,
afin de rattraper Linois et de lui annoncer la reprise
quasi-certaine de la guerre et l'ordre de se replier sur l'île de
France.
Le brick n'arrive à la colonie hollandaise du Cap que 40 heures
après le départ de Linois vers Pondichéry...
Le 11 juillet 1803, la division Linois arrive à Pondichéry, où se
trouve déjà l'escadre anglaise des Indes, forte de 5 vaisseaux et 3
frégates. Les négociations commencent immédiatement, les Anglais
refusant tout net de restituer quoique ce soit.
Ce n'est que le 12 juillet que Linois est averti, par le Bélier qui
vient d'arriver sur zone, de la reprise quasi-certaine de la guerre.
Il apprend alors ses nouveaux ordres, qui sont de se replier sur
l'île de France.
Les Anglais connaissent déjà la situation politique depuis le
5juillet...
Encerclé à Pondichéry, il invite alors l'amiral anglais, Rainier, à
venir déjeuner à son bord le lendemain, 13juillet.
Rainier accepte, mais découvre avec stupeur le lendemain que les
Français ne sont plus là, ne laissant sur leurs mouillages que des
chaloupes vides : Linois a profité de la nuit pour s'éclipser
discrètement !
Seuls 180 hommes et un colonel, débarqués trop tôt, ont dû être
abandonnés aux Anglais.
Ils seront ramenés en Europe par la suite.
Le 21 août, il arrive enfin au port du Nord-Ouest, à l'île de
France.
La dépêche de Decrès annonçant la reprise de la guerre n'arrive à
l'île de France que le 25 septembre.
Le 8 octobre, il appareille pour chasser le commerce anglais.
Sa division est amputée de l'Atalante mais renforcée par le Bélier.
Il se rend sur la côte de Sumatra, passe par Batavia, monte jusqu'en
mer de Chine, et finit par rentrer en mai 1804, après avoir fait de
nombreuses prises.
Il aura tout de même essuyé un échec près de Poulod'Aor, laissant
filer un riche convoi de 20 indiamen, prenant ces grands navires
pour des navires de guerre.
Cet épisode va l'opposer à Decaen, qui va ruiner sa réputation.
"Il a rendu le pavillon français la risée de l'Europe (...) C'est
l'honneur que je veux qu'on conserve, et non quelques morceaux de
bois et quelques hommes. Je voudrais pour beaucoup que ce malheureux
événement ne fût pas arrivé; je préférerais avoir perdu trois
vaisseaux" : c'est ce qu'écrit Napoléon à Decrès, suite aux rapports
qu'il reçoit sur cette affaire.
Napoléon ordonne en outre de publier toutes les dépêches de Decaen
dans le Moniteur, humiliant encore plus le pauvre Linois.
Cela ne l'empêche pas de reprendre la mer du 20 juin au 31 octobre
1804, pour une seconde campagne.
Il passe par les Comores, se dirige sur les Maldives et sur Ceylan,
avant d'écumer le golfe du Bengale : il arrive en rade deVisigapatam
où se trouve le vaisseau anglais de 60 canons Centurion, dont il
force l'échouage.
Le Marengo et la Sémillante entrés en cale sèche, Linois reste à
terre, envoyant ses frégates faire la course de façon isolée.
Le 21 mai 1805, il quitte l'île de France avec le Marengo et la
Belle Poule pour rentrer en France.
Se ravitaillant sur ses prises, il attend plus d'un mois près de
Sainte-Hélène en espérant capturer un convoi de Chine.
Il apprend alors la chute du Cap, qui vient de tomber aux mains des
Anglais, et décide de remonter en France.
Le 13 mars 1806, il tombe de nuit sur l'escadre de Warren, qui
recherche celle de Willaumez.
Les Anglais, forts de 5 vaisseaux dont 1 trois ponts, de 2 frégates
et d'1 corvette, finissent par avoir raison des Français, qui sont
finalement pris après un violent combat.
Grièvement blessé, Linois est capturé.
Fait comte d'Empire en 1810, il ne sera échangé qu'en avril 1814,
après la restauration de Louis XVIII.
L'étonnante longueur de cette captivité ne pouvant que traduire une
volonté de l'Empereur de ne pas le récupérer, en dépit de l'éloquent
tableau de chasse qu'il aura acquis en deux ans (le comptoir anglais
de Benkoelen dévasté, 25 navires marchands dont 5 indiamen capturés,
au prix d'1 vaisseau de 74et de 3 frégates).
Le roi le nomme gouverneur de la Guadeloupe en avril 1815.
Il se rallie à Napoléon durant les Cent-Jours, mais doit capituler
devant l'attaque de l'île par les Anglais, le 10août.
Il sera jugé et acquitté par un tribunal militaire en mars 1816.
Il part alors en retraite, et se retire à Versailles, où il meurt à
l'âge de 95 ans, en 1848, après avoir été fait vice-amiral honoraire
le 22 mai 1825.
Grand officier de la légion d'honneur
En savoir plus /
Lien web
Extrait Histoire des combats d'Aboukir, de Trafalgar, de Lissa, du
cap Finistère,
et de plusieurs autres batailles navales, depuis 1798 jusqu'en 1813
Source: CC Eric Brothé
Le Parcours de l'amiral de Linois est d'autant plus exceptionnel
qu'il symbolise à lui tout seul cette génération d'officiers bleus
issue de la marine de Louis XVI, éclatée par les soubresauts
révolutionnaires.
Après avoir soutenu vaillamment l'honneur du pavillon dans les
désastres héroïques de la jeune république, il acquiert ses lettres
de noblesse en battant les anglais à Algésiras en 1801.
Lavant ainsi l'affront fait aux marins français par Nelson en Egypte
(1798), il devient pour eux comme pour la nation le "vengeur
d'Aboukir".
Envoyé en océan indien pour harceler le commerce britannique, il
tombe finalement dans l'opprobre impérial lorsqu'il manque le
célèbre convoi de Chine.
Précipité dans sa chute, lente et inexorable, par sa mésintelligence
avec le général Decaen, gouverneur de l'Isle de France, il est
victime d'un "lynchage médiatique" avant l'heure et passera le reste
de sa vie à justifier de son intégrité face aux compromis
inévitables de l'histoire.
Sculpture présente dans l'escalier d'honneur de la préfecture
maritime de l'Atlantique - Brest
Remerciements photos / JP Pons - Marine Nationale
Dossier Légion d'honneur /
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Source web
Remerciements Arnaud Guyot-Sionnest
Remerciements Stéphane Giran
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