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Officiers / Hors EN -
Louis Isidore DUPERREY
(1786 - 1865)
Né le 21 octobre 1786 à
PARIS (Seine) - Décédé le 25 aout 1865 à PARIS (Seine)
Fils de Louis Honoré,
bourgeois de Paris et de Catherine Clothilde GRAS
Engagé en 1803 dans la
marine comme novice, commence à naviguer le 22 juin 1803
Embarqué sur le
Vulcain, sur le Républicain,
Aspirant de 1ère classe
en novembre 1806
Participe à l’attaque
des brulots anglais en avril 1809
Enseigne de vaisseau en
juillet 1811, après une mission hydrographique sur les cotes de
Toscane
Embarqué à bord de
l’Uranie (Cdt Louis de Freycinet) il effectue une circumnavigation
comme hydrographe de marine
Lieutenant de vaisseau
le premier mars 1821, dépôt des cartes et plans où il travaille sur
les résultats scientifiques de l’expédition de Freycinet.
Chevalier de Saint
Louis le 28 avril 1821
Il propose une nouvelle
expédition scientifique pour compléter le travail entrepris sur
l’Uranie.
Commande la Coquille
avec pour second Jules Dumont d’Urville en 1822
Départ de Toulon le 11
aout 1822, Iles Malouines, Chili, Pacifique avec abordage sur les
Tuamotu en avril 1823 (Hao, Mururoa, Réao) reconnaissance des Iles
Gilbert.
Capitaine de frégate le
22 mai 1825, de nouveau au Dépôt des Cartes et Plans où il rédige
sept volumes de son expédition qui seront publiés entre 1825 et
1830.(Détails en fin d’article)
Chevalier de la Légion
d’Honneur le 29 octobre 1826
Officier de la Légion
d’Honneur le 29 avril 1836
Membre de l’Institut,
élu membre de l’Académie des sciences
Président de l’Académie
des sciences en 1850.
Extrait Le Siècle / 27
août 1865
Marques de mémoire :
Une rue et deux stations de bus (Collège Duperrey) lui sont
consacrés dans la ville de Thiais
Un buste se trouve au musée de la civilisation au Québec
Préparation du voyage de la Coquille
À la suite du succès du voyage de l'Uranie le long de la côte ouest
de l'Australie, Duperrey, encouragé par Dumont d'Urville, propose au
ministre de la Marine, le marquis de Clermont-Tonnerre, un nouveau
voyage dans la même zone géographique. Il s'agit de renouer avec les
grandes expéditions de la Marine des Lumières et de compléter les
résultats de la campagne de l'Uranie4. Dumont d'Urville, alors
lieutenant de vaisseau, est le second de Duperrey lors de cette
expédition. Duperrey organise un programme avec un budget limité. Il
se contente d'une seule gabare, la Coquille, gabare-écurie de 380
tonneaux, élevée au rang de corvette. Fort de son expérience à bord
de l'Uranie, Duperrey influence l'armement du navire et la façon
dont il conduit l'expédition. Les gabares sont depuis Lapérouse et
D'Entrecastreaux les navires privilégiés pour les expéditions
lointaines et ce en raison de leur résistance. La Coquille a été
choisie en fonction du volume de sa cale qui devait permettre de
stocker en plus de l'eau et des vivres, tous les échantillons qui
seraient récoltés au cours de l'expédition.
L'état-major est constitué presque exclusivement de membres de la
Marine car les scientifiques civils lors des précédentes expéditions
(Lapérouse, D'Entrecatreaux, Baudin) se sont mal adaptés aux règles
de la vie militaire parfois au point de compromettre certaines
expéditions (expédition Baudin). Lors du voyage de l'Uranie, des
équipes de scientifiques appartenant aux corps des médecins, des
chirurgiens et des pharmaciens de la Marine sont constituées et face
au succès de cette initiative, l'expérience est renouvelée pour le
voyage de la Coquille. L'équipage se compose de plus de
cinquante-huit membres. Duperrey répartit les responsabilités
scientifiques entre les membres de son équipage en fonction des
goûts et des compétences de chacun. Dumont d'Urville est chargé de
la botanique et de l'entomologie. Le chirurgien de deuxième classe
Prosper Garnot et le pharmacien de deuxième classe René-Primevère
Lesson doivent traiter de la zoologie. Duperrey s'occupera de la
physique et de l'hydrologie.
Les enseignes de vaisseau Auguste Bérard, Théodore de Blois de la
Calande, Charles Jaquinot, Victor Lottin, Charles Lesage et Jules
Poret de Blosseville sont chargés de l'exécution. Jules-Louis Le
Jeune, peintre, est le seul civil à bord, privilège qu'il doit
certainement au fait qu'il est le neveu du général Louis-François Le
Jeune, baron de l'Empire.
Duperrey préconise l'exploration systématique de l'archipel des
Carolines, de la Nouvelle-Guinée, la visite des îles de Pâques et de
la Société et la reconnaissance de la Nouvelle-Shetland.
La démarche adoptée est typique du siècle des Lumières : embrasser
toutes les sciences (ethnologie, zoologie, botanique, géographie,
hydrographie, astronomie, météorologie, ...). Duperrey veut
expliquer la formation et le peuplement des îles océaniennes.
L'étude du langage, du caractère, des mœurs, de la physionomie des
insulaires font également partie de son programme.
Duperrey quitte Toulon le 11 août 1822 avec en cale 454 jours de
vivres et de nombreuses marchandises destinées au troc avec les
indigènes.
Le voyage de la Coquille
Expédition Duperrey sur La Coquille. Vue de côtes de l'Île de
l'Ascension, entre 1826 et 1830, mouillage à Sandy Bay, dessin
attribué à Antoine Chazal, Archives nationales de France.
L'escale à Tahiti est une déception car des missionnaires anglais
installés sur l'île ont évangélisé les habitants qui désormais sont
vêtus, vont à l'église et à l'école. L'état-major de la Coquille
procède à de nombreux relevés astronomiques et magnétiques, continue
sa collection d'animaux, de plantes et de roches. Les portraits de
Tahitiens réalisés par Lejeune constituent un véritable témoignage
ethnologique et ses paysages représentent une nature luxuriante. En
raison d'une série de tempêtes, Duperrey qui voulait rejoindre
l'Australie, est contraint à un détour. Il reconnaît les Iles
Santa-Cruz. Sans le savoir, il passe près du lieu du naufrage de
Lapérouse situé à Vanikoro. Il longe l'archipel des Salomon, les
îles Bougainville et Bouka. Le 12 août 1823, l'expédition fait une
escale à Port-Praslin en Nouvelle-Irlande. Poret de Blosseville qui
s'est aventuré jusqu'au village de Likiliki, est agréablement
surpris par l'accueil des indigènes. Le 21 août, Duperrey repart à
destination des Moluques dont il cartographie la zone, longe les
côtes de Nouvelle-Guinée et atteint l'île volcanique de Waïgou.
Blosseville s'aventure dans la jungle pour apercevoir les habitants
de l'île mais il ne trouve que des villages vides, les Malais ayant
pris la fuite à son arrivée. Lesson découvre des oiseaux rares et
précieux dont la femelle de paradisier rouge. Sur l'île de Bourou
(Moluques), l'accueil des missionnaires hollandais est glacial.
Duperrey obtient difficilement l'autorisation de se ravitailler. À
Amboine, siège du gouverneur et des autorités des Moluques,
l'accueil est radicalement différent. Duperrey assiste à de
nombreuses fêtes et rencontre les notables des communautés
européennes, malaise et chinoise. Après plusieurs détours, la
Coquille atteint enfin Port Jackson (Australie) le 17 janvier. Le
gouverneur sir Thomas Brisbane organise pour les naturalistes une
expédition dans les montagnes bleues de la plaine de Bathurs. Le 3
avril, la Coquille atteint le Nouvelle-Zélande. Même si les
populations maories se montrent amicales, elles demeurent
anthropophages et restent des populations guerrières. Puis la
Coquille remonte vers le Pacifique central et atteint l'île de
Rotouma le 1er mai. Duperrey et ses hommes tombent sous le charme de
ses habitants. Le 5 juin, la Coquille mouille au nord d'une île
jusque-là inconnue ne figurant sur aucune carte. Cette île est
aussitôt baptisée La Coquille. Les habitants se montrent d'un abord
aisé et agréable. La Coquille poursuit sa route à travers l'Archipel
des Carolines jusqu'ici mal connu. Pour éviter les perturbations de
la mousson, Duperrey bifurque vers le sud-ouest en direction de la
côte septentrionale de la Nouvelle-Guinée qu'il rejoint le 26
juillet 1824. Cette escale permet à Lesson d'observer à loisir les
oiseaux de paradis et d'en collecter un certain nombre. Le 9 août,
Duperrey quitte cet eldorado pour naturalistes et entreprend le
voyage de retour. La Coquille arrive à Marseille le 24 avril 1825.
Résultats scientifiques de l’expédition
Les Annales maritimes et coloniales ont relaté les pérégrinations de
l'expédition et donc le retour de la Coquille est très attendu. Ce
voyage qui n'a essuyé aucune perte et aucune avarie majeure, suscite
l'enthousiasme.
Les contemporains de Duperrey sont impressionnés par la réussite
sanitaire et la portée scientifique de la campagne. Duperrey
attribue la bonne santé des équipages à la qualité de l'eau
conservée dans les caisses de fer et l'usage de ces mêmes caisses
pour conserver plus efficacement les aliments. Il faut y ajouter
l'utilisation de nourritures déjà préparées (sucs de viande et de
légumes en tablettes, gélatine et "bœuf mode" stérilisées dans les
nouvelles boîtes de conserves inventées par Nicolas Appert).
Les résultats de l'expédition sont évalués par une commission
d'éminents scientifiques de l'Académie des sciences comme
l'astronome François Arago : "L'académie trouvera, dans les analyses
qui précèdent, la preuve que le voyage de la Coquille mérite
d'occuper un rang distingué, parmi les plus brillantes expéditions
scientifiques exécutées, soit par la marine française, soit par
celle des autres nations .Les collections récoltées sont d'une
richesse surprenante en quantité et en qualité. Les collections
zoologiques s'élèvent à près de 1900 échantillons (insectes,
poissons, oiseaux, reptiles) et 3000 espèces ont été recueillies en
botanique. Le naturaliste Lesson a méthodologiquement dessiné ces
espèces.
Des témoignages sur le mode de vie des Carolins, Tahitiens,
Zélandais, Papous et Alfourous ont été recueillis. Gabert a
constitué des lexiques et glossaires des mots les plus utilisés par
les populations visitées. Les croquis réalisés par Jules-Louis
Lejeune sont remarquables et constituent un véritable témoignage
ethnologique. Ses dessins (calques, croquis, dessins aquarellés)
sont en grande partie gravés pour être intégrés aux albums de
l'expédition. Il a réalisé 43 portraits, 40 « petits tableaux », 43
vues ou paysages, 59 dessins "représentant des armés, des ustensiles
de ménage et divers autres objets"11. L'enseigne de vaisseau Bérard
a étudié les aspects maritimes des civilisations océaniennes et
dessiné différents types de pirogues.
Des observations ont été réalisées en astronomie, en magnétisme, en
météorologie, des études sont effectuées sur les marées, la
zoologie, la botanique. Le voyage constitue également une source
pour la médecine navale et coloniale puisque les maladies survenues
à bord et les maladies diagnostiquées parmi les indigènes ont été
recensées.
53 cartes ont été élaborées. Elles complètent les cartes établies
lors de précédents voyages par d'autres explorateurs et en corrigent
les erreurs grâce aux avancées technologiques (notamment l'invention
des chronomètres) permettant le calcul de la longitude14. En effet,
si la configuration du Pacifique est déjà connue grâce à
Bougainville, Cook, Lapérouse et d'Entrecastreaux, les connaissances
géographiques, ethnologiques et biologiques de certains espaces sont
superficielles, lacunaires voire totalement erronées. La
cartographie de l'Océanie est approximative car le calcul de la
longitude est mal maîtrisé jusque-là. C'est ainsi que figurent sur
certaines cartes des îles imaginaires, des écueils, des bancs de
sable qui n'existent pas. Duperrey est le premier à élaborer une
carte où figurent les méridiens et les parallèles magnétiques.
La relation du « Voyage autour du monde exécuté par la corvette la
Coquille » est publiée moins de cinq ans après le retour en sept
volumes et quatre atlas in-folio.
Remerciements Bernard Dulou
Remerciements Stéphane Giran
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