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Officiers et anciens élèves -
Marie Roch Charles Henri de GAILHARD-BANCEL
(1884 - 1944)
Remerciements Michel Massé / Extrait livre d'o école Sainte
Geneviève
Né le 16 janvier 1884 à MARSEILLE
(Bouches-du-Rhône) - Décédé le 29 septembre 1944 à ALLEX (Drôme).
Entre dans la Marine en 1900
Aspirant le 5 octobre 1903; port
TOULON.
Au 1er janvier 1904, sur le croiseur cuirassé "GUEYDON",
Escadre d'Extrême-Orient (Cdt Edouard GOUDOT).
Enseigne de vaisseau le 5 octobre 1905.
Au 1er janvier 1906, port TOULON.
Au
1er janvier 1908, sur le croiseur "DU-CHAYLA", Escadre de
Méditerranée (Cdt Henri DURAND).
Au 1er janvier 1909, en instruction
sur la "COURONNE", École de canonnage.
Officier breveté Canonnier.
Extrait Ouest-France / 9
juillet 1909
Aux 1er janvier 1911, 1912, Second
d'une escouade d'apprentis-canonniers sur le "TOURVILLE", École de
canonnage.
Extrait album photo du
Tourville en 1911
Chevalier de la Légion d'Honneur.
Versé dans la cadre de réserve le 1er
septembre 1912.
Extrait Ouest-France / 2
septembre 1912
Lieutenant de vaisseau de réserve le 23
avril 1916.
Extrait Ouest-France /
27 avril 1916
Complément
Contexte historique
Le 29 septembre 1944,
Yves Farge, commissaire de la République, fait usage de son droit de
grâce en faveur du milicien Pierre Moutier, né à Tain en 1909,
condamné à mort la veille par la Cour martiale de la Drôme, avec
Carmelle Lombardo, « fille légère » accusée de dénonciation. Après
étude rapide du dossier, il constate l’absence de toute précision :
la peine de mort est commuée en 20 ans de travaux forcés.
Dans les heures qui
suivent, Farge reçoit un coup de téléphone angoissé de Pierre de
Saint-Prix, nouveau préfet de la Drôme, homme très peu sanguinaire
et qui approuve quant à lui la décision de clémence. Mais il n’est
pas seul à Valence. « Cela va mal ici, dit-il à Farge, vous avez
gracié un condamné à mort ; je ne réponds plus de l’ordre ».
Immédiatement, le commissaire de la République part pour la ville,
qu’il trouve en effervescence. Il prie le préfet de convoquer
sur-le-champ les protestataires à la Salle des Fêtes, pour tenir
devant eux une conférence improvisée. La salle est comble,
tumultueuse ; on se presse, on vocifère. Pendant deux heures, dans
un « invraisemblable hourvari », Farge essaie d’expliquer sa
décision, en invoquant la justice. Il ne peut se faire entendre.
Mais surtout, en
sortant de cette réunion exténuante, il apprend que, dans le temps
même où elle se tenait, la foule avait enfoncé les portes de la
prison de la route de Chabeuil, s’était emparé de Pierre Moutier et
de cinq autres détenus, et les avait exécutés sur-le-champ. Vers 18
h 20, « une vingtaine d’individus », arrivés dans des voitures
noires, armés, portant brassards de police et « vestes de cuir »
s’étaient présentés à la maison d’arrêt, avenue de Chabeuil et,
précédés d’un faux prisonnier, s’étaient fait ouvrir les portes et,
sous la menace de leurs armes, remettre six détenus.
Le 30 septembre au
petit matin, le commissaire de police, avisé par téléphone, constate
la présence, place Madier-de-Montjau (aujourd’hui place de la
Liberté), du cadavre de Pierre Moutier affublé sur la poitrine d’une
pancarte portant en gros caractères : « Voilà comment meurent les
traîtres. Les autres sont dans les îles, à l’Épervière », le tout
signé « La justice ». Sur la base de ces indications, la police
découvre sur les lieux des « flaques de sang » et « deux barres de
bois maculées de sang ». Entre-temps, les cadavres, portant des
blessures infligées par armes à feu, mais sans traces de coups ni de
sévices, ont été transportés en camion place Madier-de-Montjau.
Il s’agit de :
René Boutteville, né en
1914 à Cambrai.
Paul Bret, né en 1914 à Romans.
Philippe Chalchat, né en 1923 à Lyon.
Jean Combal, né en 1901 à Pierrelatte.
Henri de Gailhard-Bancel, né en 1884 à Marseille, président, puis
syndic régional de la corporation paysanne.
L’affaire est vite
étouffée, la presse locale et régionale, encore sous contrôle de la
censure, ne donnant que peu d’informations. Rien dans Les
Allobroges, censure de l’article du Travailleur alpin. L’organe
départemental du Front national, Fraternité, appelle le 7 octobre à
« clôturer l’affaire Moutier », sans dissimuler sa sympathie pour «
les patriotes ». Seul Le Réveil publie le 10 octobre (!) l’article
qui suit :
« Six détenus sont
enlevés de la maison d’arrêt de Valence
Fusillés dons la nuit,
leurs cadavres sont retrouvés le lendemain sur une place
Valence, 1er octobre. —
Vendredi soir vers 18 h 30, deux hommes armés, portant un brassard
avec la mention "Police", se présentaient à la prison de Valence et
ordonnaient aux deux gardiens de les laisser entrer. Peu après vingt
autres individus armés pénétraient à leur tour dans la prison et
exigeaient sous la menace de leurs armes que six des détenus leur
soient remis. Les gardiens ne purent que s’exécuter.
Les six détenus furent
alors emmenés dans quatre autos qui stationnaient devant la prison.
Ce sont : Pierre
Moutier, milicien condamné à mort par la Cour martiale de la Drôme
et dont la peine avait été commuée en 20 ans de travaux forcés par
le commissaire de la République. Philippe Chalchat, milicien,
condamné à mort par la Cour martiale de la Drôme et qui avait
bénéficié de la même faveur.
Pierre Bret, condamné
aux travaux forcés par la Cour martiale.
René Bouteville et Jean
Combac, miliciens, traduits tous deux devant la Cour martiale qui
s’était déclaré incompétente sur leur cas.
Enfin Henri de Gailhard-Bancel,
syndic régional de l’ex-corporation paysanne, détenu en attendant la
fin de l’instruction de son dossier.
Samedi matin le corps
de Pierre Moutier, tué par arme à feu, était retrouvé pendu à
l’horloge de la place Madier-Montjau avec l’écriteau suivant :
"Ainsi sont châtiés les traîtres". Peu après les corps des cinq
autres détenus étalent déposés sur la place par une camionnette. La
police a fait aussitôt enlever les corps. Une enquête est ouverte.
N.D.L.R. —Transmis le
1er octobre par notre agence de Valence, ce papier n’a pu paraître
en temps voulu à cause d’une interdiction de la censure. »
Une instruction est
ouverte contre les auteurs à la demande d’Yves Farge, elle restera
sans suite. Les répercussions, à défaut d’être judiciaires, sont
essentiellement politiques. Evoquée au conseil des ministres du 7
octobre 1944, l’affaire révèle aux yeux des autorités judiciaires,
des « anomalies » de l’épuration dans la Drôme. Le délégué régional
à la justice militaire écrit le 6 novembre au préfet que la
commission de criblage, chargée d’un premier tri dans les dossiers
envoyés par les commissions locales d’épuration, « ne fonctionne pas
». Il enjoint Pierre de Saint-Prix de « donner des instructions »
pour que « tout rentre dans l’ordre et la légalité » dans son
département. Au CDL (Comité départemental de Libération) de la
Drôme, même si le procès-verbal ne porte aucune trace du débat,
l’abbé Chalamet, rappelant que « la vengeance n’est pas la justice »
et proteste violemment contre « ceux qui prétendent chasser les
boches en introduisant chez nous les méthodes de la Gestapo », il
est appuyé par le poète Pierre Emmanuel et le président du CDL
Claude Alphandéry. Le 20 octobre, le père Michel Lémonon, dans une
conférence à Romans, s’élève contre ceux qui, « prennent la place
des tribunaux pour parer à une prétendue injustice […] ouvrent la
porte à toutes les injustices ».
L’affaire débouche sur
l’éviction du préfet Pierre de Saint-Prix, remplacé par Lucien
Coudor par décision du conseil des ministres à la demande d’Yves
Farge. Malgré les vives protestations du CDL, des mouvements de
résistance, du général de Lassus et la démission des maires de
quatorze communes du sud drômois (dont Cliousclat, Loriol, Marsanne,
Mirmande, Montélimar, Sauzet), la décision est maintenue. Le
ministre de l’Intérieur rappelle à Farge que le général de Gaulle «
tient absolument à ce que le commissaire de la République mette en
jeu son autorité pour faire respecter une décision du gouvernement
». Le 12 janvier 1945, Yves Farge installe donc le préfet Coudor à
Valence et insiste sur le fait que « des administrateurs de métier »
doivent prendre la place.
C’est le point final de
cette affaire qui pose, encore aujourd’hui, plusieurs questions.
D’abord celle de la motivation de l’acte. Comme le note Pierre de
Saint-Prix dans son rapport du 1er octobre 1944, la grâce du
milicien Moutier, « très connu des milieux résistants de Valence »
est l’élément déclencheur. L’adjonction à son cas d’autres
miliciens, réels ou supposés, confirme à la fois la haine réelle
dont ils sont l’objet et la possibilité de méprise, quand
l’appartenance, objet de tous les fantasmes, n’est pas vérifiée.
Le cas de Gailhard-Bancel
est tout autre. Ce notable, président de la Corporation paysanne de
la Drôme, puis syndic régional, était issu d’une dynastie locale.
Son père, Hyacinthe, mort en 1936, avait été député de l’Ardèche de
1899 à 1910, puis de 1912 à 1924. Robert Xuéref écrit : «
Pétainiste, il resta fidèle jusqu’à sa mort au régime de Vichy, dont
il exécuta les ordres avec la plus grande discipline et le plus
grand dévouement ». Pris par un groupe de résistants lors de la
libération de Valence, il réussit à s’enfuir, mais fut repris et
emprisonné. Les exécuteurs craignaient-ils une trop grande
mansuétude de la justice, du fait de sa parenté avec le garde des
sceaux, ministre de la Justice, François de Menthon ?
De toute façon, selon le rapport du commissaire de police de Crest,
repris par le sous-préfet de Die le 12 février 1945, De Gailhard-Bancel
« s’était tristement signalé par la dénonciation de patriotes aux
coups de la Milice et des Allemands ». Des documents d’archives
témoignent en effet de ces dénonciations.
Ensuite, celle de
l’identité des exécuteurs, toujours inconnue. Diverses rumeurs
mettent en cause les communistes, qui réclament alors à corps et à
cri une épuration rapide et complète. Un ancien responsable du parti
affirme que c’est un « commando FTP » qui réalisa l’opération de
Valence. A l’inverse, Claude Alphandéry affirme que rien ne permet
d’accuser le parti communiste. Il penche plutôt pour une
responsabilité des « milices patriotiques », que le PCF (Parti
communiste français) ne contrôle pas complètement au plan local et
où ses militants « n’étaient pas nécessairement les plus enragés ».
Il faut enfin tenter de
caractériser l’événement. Le mois de septembre 1944 est, comme l’a
écrit Luc Capdevila, « le mois de tous les dangers », où se
télescopent une épuration « policée », assurée par les organismes
judiciaires, les violences, à la fois spontanées et de commande,
développées au cours de l’été par la Résistance contre les hommes et
les forces de la collaboration et une « épuration de voisinage »
ciblant, à tort ou à raison, ceux qu’il faut exclure de la
communauté et visant à « nettoyer l’espace vécu ». L’affaire de
Valence relève à l’évidence de la troisième catégorie mais aussi,
sans doute, de la seconde… Elle ne semble pas, en tout cas, avoir
provoqué d’émotion particulière dans la population et a disparu de
la mémoire collective.
Auteurs : Robert Serre,
Gilles Vergnon
Sources : ADD, 348 W
16. Le Réveil, 5 octobre 1944. Robert Xuéref, Deux siècles
d’histoire des Associations agricoles en terre drômoise, Valence
1987. Roger Marty, Prends ton fusil, Grégoire, manuscrit. Albert
Fié, archives compagnie Pons. Robert Aron, Histoire de l’épuration,
Fayard, 1969, p. 594. Fernand Rude, La libération de Lyon et de sa
région, Hachette 1974, p. 174. Procès-verbal du commissaire de
police de Valence, 30 septembre 1944 ; rapport du préfet de la Drôme
au commissaire régional de la République , 1er octobre 1944 ; lettre
du délégué régional adjoint à la justice militaire au préfet de la
Drôme, 6 novembre 1944, Archives départementales du Rhône (Fonds du
commissaire de la République) 283 W 42. Presse locale de la
Libération. Renseignements fournis par Claude Alphandéry (novembre
2004). Luc Capdevila, Les Bretons au lendemain de l’occupation,
Presses universitaires de Rennes, 1999. Alain Chaffel, Les
communistes de la Drôme, L’Harmattan, 1999. Michel Lémonon,
Résistance !, Romans, 1994.
Source web
Remerciements à Gilles Jogerst / Généamar pour ses recherches
et la mise à disposition de ses données
http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviation-marine/marine-1914-1918/liste_sujet-1.htm
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