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Officiers et anciens élèves -
Ernest Jean François Robert COSME
(1883 - 1956)
Né le 27 mai 1883 à
AGEN (Lot-et-Garonne) - Décédé le 19 novembre 1956.
Entre dans la Marine en 1901, Aspirant le 5 octobre 1904; port
ROCHEFORT. Au 1er janvier 1906, sur le croiseur "GUICHEN", Escadre
d'Extrême-Orient (Cdt Antoine TRACOU).
Enseigne de vaisseau le
5 octobre 1906.
Chevalier de la Légion
d'Honneur le 31 août 1907.
Au 1er janvier 1908,
sur le croiseur "GALILÉE", Escadre de Méditerranée (Cdt Marcel
TIRARD).
(voir article presse
bas de page)
Au 1er janvier 1909,
Officier en instruction à l'École des Officiers torpilleurs.
Officier breveté
Torpilleur.
Le 4 mai 1910, Second
du sous-marin "PRAIRIAL", Station des sous-marins de CHERBOURG (Cdt
Marie LATRON). Au 1er janvier 1912, sur le croiseur cuirassé
"WALDECK-ROUSSEAU", 1ère Division légère, 1ère Escadre (Cdt Henri De
MARTEL). Même affectation au 1er janvier 1914, 1ère Escadre légère,
1ère Armée navale (Cdt Louis CAUBET).
Lieutenant de vaisseau
le 30 décembre 1914; port ROCHEFORT.
Chevalier de la Légion
d'Honneur.
En mai 1918, Commandant
la canonnière "COURAGEUSE", en Mer Égée, puis en Mer Ionienne. Idem
en mai 1919.
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Extrait du rapport du
10 octobre 1918 du Lieutenant de Vaisseau COSME, commandant la
COURAGEUSE
Faits de guerre principaux auxquels a pris part la COURAGEUSE :
11 décembre 1916 – Capture d’un caïque grec chargé de charbon.
14 décembre 1916 – Dragage du canal de Zéa, 8 mines sont détruites.
22 décembre 1916 – Capture d’un caïque grec.
31 décembre 1916 – Dragage devant Milo, 1 mine est détruite.
Pendant le dragage, la VENUS saute sur une mine à côté de la
COURAGEUSE. La COURAGEUSE sauve 9 hommes.
21 juin 1917 – Le vapeur NORD, escorté par la COURAGEUSE, est
torpillé de jour. Atteint. Une torpille passe sous la COURAGEUSE qui
lance 4 grenades, le vapeur est sauvé.
11 décembre 1917 – Dragage auprès d’Akrati (Milo), 2 mines sont
détruites.
3 janvier 1918 – Dragage du chenal de Doro, 3 mines sont détruites.
4 mars 1918 – Le CLAN GRAHAM, convoyé par la COURAGEUSE, est
torpillé. Atteint de nuit. La COURAGEUSE recueille une embarcation
chargée de personnel et dirige le remorquage par le SATURNE du
bâtiment torpillé qui est sauvé.
20 août 1918 – Le BYZANTION, escorté par la COURAGEUSE, est torpillé
de jour et manqué par un sous-marin. La COURAGEUSE lance dans de
bonnes conditions 11 grenades.
Le bulletin de la guerre sous-marine du 26 août rend compte de cette
attaque dans les termes suivants :
« En mer Egée, le sous-marin qui avait commencé une croisière très
active, le 17, a été grenadé par la COURAGEUSE à la suite de
l’attaque manquée du BYZANTION, le 20, et n’a plus été revu depuis
».
9 et 10 septembre 1918 – Le POLYCASTRIA, dans l’escorte duquel se
trouve la COURAGEUSE, est torpillé. Atteint de nuit. La COURAGEUSE
lance deux grenades, le vapeur torpillé est sauvé.
5 octobre 1918 – Le REVENTAZON et la MARIA, dans l’escorte desquels
se trouve la COURAGEUSE, sont torpillés de nuit et coulent très
rapidement. La COURAGEUSE sauve 44 hommes du REVENTAZON et, avec
l’aide du COQUELICOT, 24 hommes du MARIA, dont des blessés graves.
La COURAGEUSE est torpillée à son tour. La torpille passe sous le
milieu du bâtiment. La COURAGEUSE opérant avec FLAMBERGE lance
presque aussitôt 10 grenades sur le sous-marin dans des conditions
telles qu’un résultat heureux semble très probablement avoir été
atteint. 3 heures après, une nappe épaisse de mazout longue de 1000
m et large de 3 à 400 m recouvre la mer.
En résumé :
2 captures de caïques grecs,
7 dragages ayant entraîné la destruction de 14 mines ennemies,
5 attaques de sous-marins, au cours desquelles la COURAGEUSE a lancé
en tout 27 grenades, le dernier grenadage ayant très
vraisemblablement produit un résultat heureux.
2 torpilles sont passées sous la COURAGEUSE.
La COURAGEUSE a sauvé 77 hommes.
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Rapport du Lieutenant de Vaisseau COSME, commandant la COURAGEUSE.
J’ai l’honneur de vous rendre compte des faits auxquels a pris part
la COURAGEUSE pendant la nuit du 4 au 5 octobre 1918.
La COURAGEUSE faisait partie d’un convoi parti de Salonique à 16
heures. Le convoi, de nuit, dans le chenal dragué du golfe de
Salonique, naviguait sur deux colonnes.
Le convoi ne zigzaguait pas. La nuit sans lune était très noire, la
visibilité très courte. La mer était plate.
A 0h51, une explosion se produit sur le REVENTAZON, sans que rien
ait été vu à bord de la COURAGEUSE.
Je ne peux sur le moment lancer de grenades, la MARIA étant venue se
mettre exactement derrière moi. L’arrière du REVENTAZON s’enfonce
rapidement, puis le bâtiment se mâte, toute la moitié avant
émergeant verticalement, et coule à pic, au milieu du fracas de
l’explosion des chaudières, 3 minutes au plus après l’explosion de
la torpille. Ayant reçu l’ordre du chef de convoi d’avoir, en cas de
torpillage, à m’occuper des bâtiments torpillés de la colonne de
gauche, je vais exactement sur la place où s’est produit le
sinistre, pour sauver les naufragés qui me semblent devoir être peu
nombreux. J’entends cependant des cris sur la mer. Mes deux
embarcations sont mises à l’eau et les naufragés sont recueillis
tant du bord, à l’aide de bouts de filin, que par les embarcations,
sur les épaves du bâtiment torpillé.
Pendant ce temps, je dis au Commandant de la TAPAGEUSE, qui passe
près de moi, que je suffis pour le sauvetage et je le prie d’aller
grenader, au jugé, derrière moi, à 7 ou 800 mètres. Je continue à
sauver mes naufragés parmi lesquels il y a des blessés, tout en
maintenant une veille attentive.
1h09 – Aucun « Allo » ou S.O.S. n’ayant encore été lancé, je fais le
signal suivant :
S.O.S. S.S.S. 39 55 23 03 E.
1h12 – Une explosion double se produit par bâbord à moi. Je crois
d’abord qu’il s’agit de grenades, mais je ne tarde pas à penser, en
voyant la silhouette vague d’un navire qui paraît plus grand qu’un
escorteur, qu’il s’agit d’un deuxième torpillage, et je prends le
relèvement du bateau pour me porter ensuite sur les lieux.
1h50 – Le sauvetage des naufragées du REVENTAZON est terminé. Sur 58
personnes que portait le bateau, nous en avons sauvé 44. Je me porte
sur les lieux du deuxième torpillage. C’est la MARIA qui a été
torpillée, étant venue sur la gauche après le torpillage du
REVENTAZON, alors que le reste du convoi a fui par la droite. Le
COQUELICOT, qui est sur les lieux, a déjà sauvé la plus grande
partie des naufragés du bâtiment espagnol. Il y a encore des
survivants sur les épaves qui poussent des cris. Je mets mon youyou
à l’eau pour achever le sauvetage, et sur demande du COQUELICOT, je
prends à mon bord les blessés qu’il a sauvés, pour qu’ils reçoivent
les soins de mon infirmier. Mon youyou repêche un autre blessé
grave.
2h21 – Je télégraphie à PROVENCE IV et BRUIX : « MARIA et REVENTAZON
torpillés, sauve naufragés ».
2h25 – Le sauvetage est terminé. Je patrouille aux environs des
épaves, ainsi que le COQUELICOT, pour rechercher les naufragés qui
pourraient encore être découverts, et je signale au COQUELICOT
d’attendre des ordres.
2h56 – Je fais le signal suivant au BRUIX : « Ayant à bord hommes
blessés gravement, dois-je rallier convoi ou Salonique ? ».
Ayant reçu la réponse du BRUIX, puis du SABRE, qui est arrivé sur
les lieux, de retourner à Salonique, je signale au COQUELICOT :
3h02 – « Envoyer tous vos rescapés à mon bord ».
Je signale ensuite au SABRE :
« Je prends les naufragés du COQUELICOT et je vous propose de
l’envoyer rejoindre le convoi qui n’a que deux escorteurs ». (Le
SABRE avait signalé au COQUELICOT de rester sur les lieux).
J’ai mis mon youyou à l’eau pour achever le mouvement du personnel.
3h20 – Au moment où je stoppe pour reprendre le youyou et les
naufragés du MARIA, un torpilleur qui vient d’arriver sur les lieux
(le FLAMBERGE), Et qui se trouve à environ 500 m sur mon avant, tire
un coup de canon avec sa pièce AV. La veille me signale en même
temps un point noir à tribord devant puis, presque au même instant,
un sillage de torpille.
Une torpille, en effet, se dirige sur la COURAGEUSE et elle passe
sous le bateau, juste à l’aplomb de la passerelle, avec une
inclinaison d’environ 30°. Le sillage est très phosphorescent. Je
mets aussitôt la barre à droite toute et la machine en avant à toute
vitesse. Le sous-marin a plongé. La FLAMBERGE marche sur le point où
son capot a disparu et lance deux grenades de part et d’autre de ce
point, sur l’avant du sillage très visible du sous-marin. Pendant ce
temps, je suis le sillage de la torpille également très net et je
commence à grenader une centaine de mètres avant le sillage de la
FLAMBERGE, puis jusqu’à environ 600 à 700 m après ce sillage.
Le sous-marin a donc été grenadé en croix par COURAGEUSE et
FLAMBERGE. Pour moi, après avoir franchi le sillage de la FLAMBERGE,
j’ai infléchi légèrement ma route à droite, le sillage du sous-marin
ayant la même inflexion en ce point, à l’endroit où il se terminait.
J’ai lancé en tout 10 grenades qui explosèrent parfaitement, en
commençant environ 2 ou 3 minutes après le moment où la torpille est
passée sous la COURAGEUSE.
Vers le milieu du grenadage, à la quatrième grenade suivant
l’impression de presque tous, s’est produite une explosion d’une
extrême violence, très différente de celle des autres grenades. Au
lieu de former une simple intumescence de l’eau, elle a donné lieu à
une colonne d’eau évaluée, par tous, à 20 m de hauteur environ, et
absolument noire (noire comme la peinture de votre cheminée, m’a dit
un officier anglais rescapé qui, au milieu des autres Anglais qui
applaudissaient, avait jugé comme eux que le sous-marin était
certainement détruit).
Mon officier en second, l’Enseigne de Vaisseau de la FOREST-DIVONNE,
témoin plus calme, a jugé de la même façon la hauteur de cette
colonne d’eau et sa couleur.
D’autre part, la violence de l’explosion s’était traduite par un
choc énorme à bord qui me fit craindre des avaries à la coque. Il
n’en était rien, heureusement, mais le choc avait cassé des lampes,
jusque sur la passerelle. Sur la passerelle également, une tringle
de cuivre, près de la barre, d’un diamètre de 8 millimètres avait
été cassée, et l’axiomètre de la barre était démoli. La plupart des
tableaux placés sur les murs de mon bureau avaient été décrochés et
leurs vitres cassées, des abats jour de lampes électriques s’étaient
décapelés, une porte d’appartement enlevée de ses gonds gisait sur
le parquet, toute la vaisselle était sortie de ses emplacements, la
table du carré était enlevée des ses encastrements, faits qui ne
s’étaient jamais produits au cours des grenadages déjà effectués par
la COURAGEUSE.
Sans avoir une opinion aussi ferme que la plupart sur l’heureux
résultat de ce lancement des grenades, j’estimai cependant qu’étant
données les conditions particulièrement favorables dans lesquelles
le grenadage avait été effectué, il y avait de grandes chances pour
que le sous-marin fût atteint.
3h30 – Je diminuai de vitesse pour reprendre mon youyou et les
naufragés du MARIA.
Je me trouvai avoir ainsi à bord 44 naufragés du REVENTAZON et 24 du
MARIA (sur 32 que comportait l’équipage), dont 5 blessés graves
(côtes enfoncées, cuisses cassées, bras et épaules cassées). Pendant
que mon infirmier, avec beaucoup de dévouement, s’appliquait à les
soigner, tous à bord se mettaient en devoir très généreusement
d’habiller ces malheureux.
4 h – Ayant encore patrouillé un moment, et voyant sur les lieux 2
torpilleurs de Salonique et 4 chalutiers, je mets en route sur
Salonique et je signale au BRUIX à 6h40 : « Arriverai 8h30 avec 44
survivants REVENTAZON, 24 MARIA, dont blessés graves ».
9h30 – La COURAGEUSE s’amarrait au quai italien de Salonique pour
débarquer les équipages recueillis. L’un des blessés mourut à bord,
avant d’avoir été débarqué. Les autres furent pris par des voitures
d’ambulances, avec les soins que nécessitait leur état.
Le soir, j’appris que la FLAMBERGE avait trouvé, sur les lieux du
grenadage, vers 6h30 du matin, une vaste nappe très épaisse de
mazout, que le Commandant p.i. de ce torpilleur évalue à 1000 m de
long sur 3 ou 400 m de large (chiffres qu’il m’a autorisé à donner
dans mon rapport) au milieu de laquelle se reconnaissaient les
débris produits par les explosions des grenades. Je pense qu’on peut
en conclure que le sous-marin a été gravement atteint. Pour ma part,
je pencherais plutôt pour l’hypothèse – naturellement plus conforme
à mes désirs – qu’il a été coulé, étant donné que la nappe de mazout
se trouvait à l’emplacement même où le sous-marin fut grenadé,
c’est-à-dire dans le nord des lieux où les cargos avaient été
torpillés, et ne s’était formée que plusieurs heures après
l’explosion des grenades.
Je crois devoir signaler comme renseignement intéressant, que j’ai
appris par le Commandant de la FLAMBERGE que, pour me torpiller, le
sous-marins, qui était en surface, était venu se placer l’arrière
vers moi pour lancer par tube arrière, et plongea ensuite rapidement
en s’éloignant de moi.
Je tiens, Commandant, en terminant, à vous dire combien j’ai été
fier au cours de ces opérations, tant pour le sauvetage des
naufragés qu’au moment où le sous-marin nous a torpillé, et pendant
le grenadage de l’ennemi, de l’attitude de mon bel équipage, calme,
silencieux, exécutant tous les mouvements avec ordre et sang-froid,
sous la direction de l’officier en second, et qui m’a donné
constamment, dans ces circonstances, la preuve que je pouvais, aux
heures difficiles, placer dans mes hommes une confiance illimitée.
Signé : COSME
Source web
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Officier de la Légion
d'Honneur le 16 juin 1920.
Au 1er janvier 1921,
sur le croiseur cuirassé "EDGAR-QUINET", Aide de camp auprès du
Contre-amiral Charles DUMESNIL, Commandant la 1ère Division légère,
Escadre de Méditerranée.
Capitaine de corvette
le 10 janvier 1922.
Officier breveté de
l'École Supérieure de la Marine; promotion 1922.
Capitaine de frégate le
7 mars 1925.

Extrait Ouest-France /
10 mars 1925


.../...

.../...

Extrait Ouest-France / 5
aout 1927
Au 1er janvier 1932, à
PARIS, Adjoint à l'Inspection générale des fabrications de guerre à
la mobilisation.

Extrait Ouest-France /
27 décembre 1933



Extrait Revue illustrée du Tout Sud Ouest / Octobre 1907
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