Né le 17 juillet 1809 au Château de
Lucinière à JOUE sur ERDRE (Loire Atlantique) - Décédé le 16
avril 1886 à NANTES (Loire Atlantique)
Frère de
Alphonse Jean Claude René Théodore,
promotion 1827 et d'Ernest François
Paulin Théodore, promotion 1817
Entre à l'Ecole navale d'Angoulême en 1825
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Sénateur inamovible
Complément
représentant à l'Assemblée nationale de 1871, sénateur
inamovible de 1875 à 1886, né à Joué-sur-Erdre
(Loire-Inférieure), le 17 juillet 1809, mort à Nantes
(Loire-Inférieure), le 17 avril 1886, était issu d'une vieille
famille bretonne, qui avait fourni de nombreux échevins à la
ville de Nantes; il était le frère du contre-amiral du même nom.
Il débuta lui-même
dans la marine royale, mais dut bientôt la quitter à cause des
souffrances intolérables que lui faisait endurer le mal de mer,
et passa, en 1830, dans les gardes du corps de Charles X.
Les journées de
Juillet le décidèrent à s'expatrier.
Il servit quelque
temps, comme lieutenant, dans l'armée de don Miguel de Portugal,
lorsque celui-ci se fut emparé du trône au détriment de Dona
Maria.
Revenu en France,
il se consacra entièrement à l'administration du domaine des
Bretaudières, à Saint-Philbert-de-Grandlieu, domaine dont son
mariage l'avait rendu propriétaire, fut nommé conseiller général
de la Loire-Inférieure de 1848 à 1852, et. sous l'empire, devint
conseiller municipal de Nantes.
Il observa à
l'égard du gouvernement de Napoléon une attitude très réservée,
et, quoique légitimiste convaincu, évita, semble-t-il, de rompre
en visière à l'autorité établie.
Il fut seulement
candidat indépendant au Corps législatif le 24 mai 1869, dans la
1re circonscription de la Loire-Inférieure, et obtint 12,610
voix contre 19,946 accordées au candidat officiel élu, le député
sortant, M. Thoinnet de la Turmelière. Lors des élections de
1871 à l'Assemblée nationale, M. de Cornulier-Lucinière fut
porté sur la liste conservatrice, et devint représentant de la
Loire-Inférieure, le 7e sur 12, par 63,938 voix (95,897 votants,
155,400 inscrits).
Il alla siéger à
l'extrême-droite, dans le groupe des royalistes et des
catholiques intransigeants, et, sans prendre aucune part aux
discussions de l'Assemblée, se signala par ses votes, comme un
des champions les plus zélés de la monarchie et de la papauté.
« Il a été à
Lourdes, écrivait M. Jules Clère (Biographie des députés, 1875),
à Paray-le-Monial, et suit, scrupuleusement, chaque année, la
procession de la Fête-Dieu; enfin il est marguillier de la
cathédrale de Nantes.
Dans le cercle de
ses intimes, on lui donne parfois le surnom de Saint-Jérôme. »
Au surplus, les
adversaires politiques de M. de Cornulier-Lucinière se
plaisaient à rendre hommage à la droiture de son caractère.
Signataire de
l'adresse en l'honneur du Syllabus, ainsi que de la proposition
tendant au rétablissement de la monarchie (15 juin 1874), et
l'un des huit députés qui refusèrent de s'associer au vote de la
prorogation des pouvoirs du maréchal de Mac-Mahon, il se
prononça encore dans le cours de la législature : pour la paix,
pour les prières publiques, pour l'abrogation des lois d'exil,
pour les pétitions des évêques, contre le retour de l'Assemblée
à Paris, pour le pouvoir constituant, pour la démission de
Thiers au 24 mai, pour 1 état de siège, pour la loi des maires,
contre le ministère de Broglie (16 mai 1874), contre la
dissolution, contre l'amendement Wallon et contre l'ensemble des
lois constitutionnelles.
Il s'abstint dans
le scrutin sur l'amendement Pascal Duprat (élection du Sénat par
le suffrage universel).
Au moment des
élections des sénateurs inamovibles par l'Assemblée nationale
(1875), il fut du groupe des légitimistes qui, pour empêcher le
succès des orléanistes, s'unirent aux républicains de
l'Assemblée.
Il gagna lui-même à
cette alliance son siège d'inamovible avec 351 voix, le 11
décembre 1875.
Conseiller général
du 2e canton de Nantes le 8 octobre 1871, il fut remplacé, aux
élections départementales de 1874, par un candidat libéral. M.
de Cornulier-Lucmiére siégea à l'extrême-droite du Sénat, vota
(1877) la dissolution de la Chambre des députés, et, quand les
conservateurs-monarchistes furent devenus la minorité an
Luxembourg, il s'associa à tous les votes de protestation de ses
collègues contre les actes du gouvernement républicain.
Il opina notamment
contre l'article 7 (1880) et contre les diverses lois Ferry sur
l'enseignement, contre l'application des décrets aux
congrégations religieuses, contre les lois nouvelles sur la
presse et le droit de réunion, contre la nouvelle formule du
serment judiciaire (1882), contre la réforme judiciaire (1883),
contre le rétablissement du divorce (1884).
Il mourut à Nantes,
en 1886, peu de temps après son frère, le contre-amiral.
Ses obsèques eurent
lieu à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu.
Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Robert
et Cougny (1889)