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Officiers et anciens élèves -
Pierre Hippolyte Léon BRIOT
(1827 - 1877)
Né le 12 août 1827 à Saint Hippolyte (Doubs) - Décédé le 26
février 1876 à Paris (9ème)
Né dans une famille de tanneurs de père en fils, employeurs et
notables locaux, Léon Briot est le cadet d’une famille nombreuse.
L’ainé, Charles, est professeur de mathématiques et promis à une
carrière scientifique parisienne brillante.
Il entre à l’Ecole
navale sur le Borda en octobre 1843 et en sort second en
1845.
Enseigne de vaisseau le
1er septembre 1849.
De février 1846 à juin
1847, école d’application à bord de la Loire puis il est officier en
second de la goélette Baucis, stationnaire aux Antilles et en
Guyane.
D’octobre 1847 à
octobre 1851 il est embarqué sur la frégate la Reine Blanche
(commandant CV Page) armée à Cherbourg pour une campagne en Océan
indien comme Division navale de la Réunion.
De décembre 1851 à juin
1855 il est embarqué sur la corvette l’Artémise armée à
Cherbourg pour une campagne à Tahiti sous les ordres du commandant
Page commandant la division navale en Océanie et nommé gouverneur de
Tahiti. Léon Briot, aide de camp de Page, apprend le Tahitien et est
chargé des affaires indigènes.
Lieutenant de vaisseau
le 7 juin 1855.
De septembre 1855 à
octobre 1857 il est embarqué à bord du brick l’Alcibiade armé
à Brest pour une campagne sur la cote ouest des Amériques et aux
iles Hawai sous les ordres du capitaine de frégate Marye de Marigny.
De mai 1859 à décembre
1863 il est embarqué sur la corvette à vapeur à roues l’Aigle
(armée à Cherbourg) à la division des yachts impériaux (Commandant
capitaine de vaisseau Dupuy) dont il commande la chaloupe canonnière
la Guèpe.
En avril 1864 il
embarque à Toulon sur la frégate à vapeur à hélice l’Impétueuse,
(commandant Marye de Marigny) pour un stationnement au Levant.
Capitaine de frégate le
27 janvier 1864.
Il rentre en France en
janvier 1965 en congé pour se marier.
De mars 1866 à mai 1867
il est embarqué comme commandant en second à bord de la frégate
cuirassée la Magnanime (capitaine de vaisseau Périgot) armée
à Toulon pour une campagne d’évacuation des troupes du Mexique en
février 1967.
Officier de la Légion
d’honneur, décoré le 27 juillet 1867 par l’impératrice Eugénie.
Entre août 1868 et août
1870 il est premier aide de camp du vice amiral Jurien de la
Gravière commandant en chef de l’escadre en Méditerranée à bord des
frégates cuirassées Magenta puis Solferino.
En juillet et août 1870
il commande l’aviso le Daim avec lequel il participe à
l’évacuation de Rome des troupes françaises de l’armée pontificale.
D’octobre 1870 à
octobre 1874 il commande la frégate mixte à roues l’Orénoque
en station à Civitavecchia pour assurer une discrète protection du
Pape contre des excès éventuels des partisans de l’unité italienne.
Capitaine de vaisseau
le 2 janvier 1873.
En janvier 1875, il est
nommé au Conseil des travaux de la marine rue Royale.
Il décède subitement le
26 février après une courte maladie.
Marié à Brest à Adèle
Bizien (fille du CF) le 27 janvier 1865, une fille Madeleine, née à
Rome en 1873.
Correspondance publiée dans :
Léon Briot 1827-1876
Un officier de marine dans son siècle, édition établie et
commentée par Marc Nadaux, septembre 2011, aux Éditions Mens Sana à
Turquant (49730) et Anovi à Parçay-sur-Vienne (37220)
Remerciements Bernard
Capart
Autres informations et
Biographie :
Pierre Hippolyte Léon
Briot naît le 12 août 1827, à Saint-Hippolyte, dans le département
du Doubs. Installés depuis le XVIIème siècle dans la commune, au
pied de la montagne jurassienne, à la confluence du fleuve et de son
affluent le Dessoubre, les Briot sont tanneurs de père en fils.
Devenus sujets du roi de France, ces notables locaux voient l’un des
leurs accéder à la députation, aux Cinq-Cents, sous le Directoire.
Vingt années plus tard, alors qu’un Bourbon est de nouveau sur le
trône de France, le père de Léon, très considéré dans le pays, est
nommé adjoint de la municipalité de Saint-Hippolyte. Il occupera
ensuite les fonctions de maire sous la monarchie de Juillet, de 1830
à 1838.
Léon Briot est le cadet d’une nombreuse famille. L’aîné, Charles,
est né en 1817, suivi, l’année suivante par Constant, puis Auguste
en 1820, et enfin Marie-Louise, dite Lise, en 1822, à qui Léon
restera toujours très attaché. Constant et Auguste font prospérer
l’entreprise familiale, qui emploie une main-d’œuvre abondante à
Saint-Hippolyte, aux côtés de leur père. Charles a lui choisi une
carrière atypique chez les Briot. Blessé au bras à l’âge de seize
ans, il enseigne les mathématiques à l’Ecole navale, puis au Lycée
d’Orléans, avant d’être nommé à la Faculté des Sciences. Une
brillante carrière scientifique et parisienne.
Après quelques études effectuées non loin de Saint-Hippolyte, c’est
auprès de lui que Léon poursuit son apprentissage intellectuel, à
partir de 1841. A Orléans, sous l’influence de son frère aîné,
l’adolescent prépare le concours d’entrée à l'École navale.
L’épreuve est ardue, notamment en mathématiques, mais il a «
l’esprit vif et éveillé » et « jouit d’une santé florissante ».
C’est du moins l’avis de l’enseignant. Léon Briot fait donc un
candidat idéal pour la Royale. Admis au mois d’octobre 1843, au
cinquante-quatrième rang sur quatre-vingt dix, Léon Briot est à
Brest un mois plus tard. A bord du Borda, le navire-école, un ancien
vaisseau de 1er rang à trois ponts, commence pour le franc-comtois
cette existence si particulière des élèves-officiers.
Il lui faut en effet faire l’apprentissage de la vie en
collectivité, dans le cadre contraignant du règlement de l’Ecole.
Ajoutons que les anciens ne sont pas toujours tendres avec les
jeunes recrues… La sélection y est drastique et les examens
fréquents. La marine exige en effet une haute qualification pour ses
cadres. La camaraderie, l’émulation à l’intérieur de sa promotion
aident le jeune homme qui réussit brillamment sa première année. Le
1er novembre 1844, Léon Briot est promu élève-aspirant de 2ème
classe. C’est alors que son père, pourtant éloigné du besoin, doit
solliciter une demande de bourse afin de financer la fin des études
de son fils cadet. Le trousseau de l’élève ne lui avait-il pas déjà
coûté six-cent francs l’année précédente ? Une fortune à l’époque.
Bien lui en pris, ce dernier se trouve bientôt classé deuxième de sa
promotion
Promu Aspirant de 1ère classe le 1er août 1845, Léon Briot est
affecté le 3 octobre suivant sur la Loire, commandée par le
lieutenant de vaisseau Barbet. A bord de cette corvette, il débute
dans la navigation active et effectue sa première traversée de
l’Océan Atlantique. A son arrivée aux Antilles, l’élève-aspirant
rejoint l’équipage de la Baucis, en station dans ces îles. Sur cette
goélette, commandée par le lieutenant de vaisseau Bizien, il occupe
les fonctions de second et est chargé en particulier des montres.
Une tâche importante et de confiance sur un navire à voile. Dans les
semaines qui suivent, lors d’un voyage à Cayenne, en Guyane, Léon
Briot perfectionne son éducation maritime. Il collecte également
nombre de souvenirs, de visages et de paysages, de quoi faire rêver
sa sœur Lise, déjà avide de ces visions exotiques. Leur
correspondance qui commence se poursuivra trois décennies durant. De
retour à Brest au printemps 1847, Léon Briot est promu élève de 1ère
classe, avant d’être affecté sur la Reine blanche, le 17 octobre
suivant. En compagnie d'une trentaine d'Aspirants, il est donc de
nouveau envoyé à la mer, sur le seul bâtiment qui est alors prêt
pour une navigation lointaine. Dirigée par le commandant Page, la
frégate de 2ème rang appareille depuis Cherbourg, son port
d’attache. Le jeune officier effectue son second voyage à
destination de l’île Bourbon (La Réunion), où son supérieur,
Capitaine de vaisseau, vient d’être promu Commandant de la division
navale. Après une escale à Santa-Cruz (l’actuel Tenerife), la Reine
blanche gagne Rio de Janeiro. Ebloui par la beauté de l’immense
baie, Léon Briot inscrit l’événement en sa mémoire. Une fois arrivé
à bon port, seul un court voyage à Bombay, au mois de septembre
1848, le distraira de la monotonie du séjour à terre, jusqu’à son
retour en France, au mois d’octobre 1851. Promu Enseigne de vaisseau
entre temps, Léon a pu observer pendant ces quatre années cette
société en pleine mutation, au moment où l’abolition de l’esclavage,
décidée par la Seconde République, est proclamée par le Commissaire
du gouvernement, Sarda Garriga.
« M. Briot sera sans aucun doute un excellent officier », tel est le
jugement prononcé par son supérieur le capitaine de vaisseau Page.
S’il demeure attaché à sa famille, Briot, qui songe à faire
carrière, est également avide de présence en mer. L’évolution du
métier d’officier de marine lui permet de satisfaire ce désir. Avec
la multiplication des théâtres d’opération, les besoins de l’armée
de terre en transports de troupes, il navigue beaucoup. Léon Briot
accepte avec empressement la proposition du commandant Page, nommé,
en 1851, gouverneur de Tahiti et commandant de la division navale de
l'Océanie. Il sera son aide de camp. A ses côtés, au moment où la
France se substitue par sa présence dans ces îles lointaines à
l’Angleterre, l’enseigne de vaisseau, qui à bord fait fonction
d’officier en second, est occupé pendant trois années à des tâches
délicates. En effet, malgré son jeune âge, quelques mois après son
arrivée à Tahiti, le commandant Page lui confie la direction des
affaires indigènes, le « Bureau indigène », ainsi que le
commandement de la milice tahitienne. A ce titre, l’officier
français se voit honoré du titre de « Capitaine des Gardes de Sa
Majesté ». Il devient ainsi le commandant de la garde d’honneur de
la reine Pomaré IV, celle-là même qui, en 1842, avait décidé de
placer Tahiti sous le protectorat français. Briot se découvre
également un talent caché, une aptitude particulière pour
l’apprentissage des langues étrangères. Il acquiert assez vite une
connaissance de la langue tahitienne, qui lui permet notamment de
s’occuper de la publication d’un journal local bilingue, français et
tahitien. Te Vea No Tahiti (Le Messager de Tahiti) se fera le
rapporteur de l’effort législatif et administratif des autorités.
Ces contacts au sein de la population tahitienne de Papeete lui
permettent aussi de s’attacher au développement des chantiers
maritimes de Faré-Uté, sur l’initiative du commandant Page. Celui-ci
ambitionnait ainsi d’augmenter le trafic du port et de développer
l’économie de l’île.
De retour en France, Léon Briot est promu au grade de lieutenant de
vaisseau, le 7 juin 1855. Des éloges émanant de son supérieur
hiérarchique, le bilan d’une action efficace menée à Tahiti,
dressent le portrait d’un jeune officier dynamique à l’Amirauté. A
l’époque, celle-ci est tout entière occupée à répondre au défi
technique qu’impose le conflit en Crimée. En Europe en effet, la
France est depuis le mois de mars 1854 en guerre aux côtés des
Britanniques contre la Russie. Ainsi la qualité de la logistique
pourrait s’avérer décisive, le succès de l’entreprise dépendant de
la capacité à amener des troupes jusqu’au théâtre lointain des
opérations. Léon Briot ambitionne ainsi d’être affecté, à
destination de la Mer noire, sur une de ces nouvelles frégates en
acier et à vapeur, les fameuses « batteries flottantes » de
l’ingénieur Dupuy de Lôme, qui vont bientôt révolutionner la
tactique navale et donner naissance à la guerre navale moderne.
Alors qu’en Crimée s’ouvre l’ère du cuirassé, c’est à bord de
l’Alcibiade, un brick de 1er rang commandé par M. Marye de Marigny,
qu’est affecté le jeune lieutenant de vaisseau. A la déception
s’ajoute la lassitude, celle qui naît de l’éloignement des siens. Le
voici de nouveau sollicité comme officier en second pour une
campagne en Océanie. Celle-ci dure deux années, au cours desquelles
Léon Briot aborde à Tenerife, à Rio de Janeiro, puis à Honolulu, aux
îles Sandwich (Hawaii), à Lima, et enfin à San Francisco, où la Ruée
vers l’or bat son plein. Les honneurs l’attendent cependant à son
retour à Brest. Le 30 décembre 1858, Léon Briot est nommé chevalier
de la Légion d’honneur. Son commandant, fort satisfait de son
second, le désigne également au choix du capitaine de vaisseau
Dupouy pour faire partie de l'état-major du yacht impérial l'Aigle.
La corvette à vapeur, qui vient d’être lancée le 23 décembre 1859,
doit être le fleuron de la flotte de guerre française, le pendant du
Victoria-and-Albert, le yacht de la reine Victoria. A bord du
navire, l’officier côtoie la famille impériale, qu’il conduit de
Toulon à Valence puis à Alger pendant l’été 1860. Nommé
Contre-amiral, M. Dupouy fait ensuite affecter au printemps suivant
à son lieutenant de vaisseau la Guêpe, une canonnière qui venait
d'être adjointe à l'Aigle et à la Reine-Hortense pour former, sous
le commandement de cet officier général, la division des yachts
impériaux. Quelques mois plus tard, le 27 janvier 1864, Léon Briot,
dont l’avancement s’accélère, est nommé capitaine de frégate. Dans
ce nouveau grade, il est affecté à bord de L’Impétueuse pour son
sixième voyage. Ayant à présent l’expérience des nouveaux bâtiments,
l’officier est le second du commandant de Marye de Marigny à bord de
cette frégate de 1er rang à vapeur et à hélices ! En stationnement
sur les côtes de Syrie, celle-ci rejoint Alexandrie, puis à
Beyrouth. Léon Briot sollicite cependant un congé, interrompant
cette mission en Méditerranée. De retour à Marseille à bord du
paquebot le Danube, il rejoint Brest. Là, après avoir obtenu
l’autorisation de l’Amirauté, l’officier épouse le 27 janvier Adèle
Bizien, la fille de celui sous les ordres duquel il avait débuté
dans la carrière maritime.
A trente-huit ans, âge où beaucoup de ses camarades de promotion ont
démissionné, Léon Briot songe enfin à prendre quelques distances
avec sa carrière de marin au long cours. Dans les mois qui suivent,
le jeune couple est en voyage de noce. L’Italie les accueille :
Venise, Naples, Rome, chères à Stendhal et aux amoureux. Cependant,
rapidement, trop rapidement, vient le moment où le congé accordé par
les autorités maritimes s’achève. Le 13 mars 1866, Léon Briot est
nommé commandant en second du capitaine de vaisseau Perigot à bord
de la Magnanime, frégate de 1er rang. Fort de ses états de service,
lui est donc confiée la bonne marche d’un « grand navire », qui plus
est d’un nouveau genre. La Magnanime est la première à accueillir
sur le pont supérieur ces énormes pièces d’artillerie qui
caractérisent de nos jours les navires de guerre. La vitesse, et le
roulis qui en découle, rendent en effet nécessaire désormais la
surélévation des canons. Ceux-ci tirent, non plus des boulets
cylindriques, mais des obus, et sont rayés afin d’éviter à ces
derniers de tourner sur eux-mêmes de manière inadéquate. Le
chargement des projectiles s’effectue par la culasse par les hommes
d’équipage. Léon Briot doit donc faire face à ces nouvelles
obligations, qu’impose la transformation incessante du matériel
naval, à leur fragilité aussi, les possibilités techniques de
l’époque ayant atteint leur limite. Au mois de janvier 1867, la
Magnanime gagne Vera Cruz, au Mexique. Sa mission, aux côtés des
autres bâtiments de la division cuirassée, est d’accompagner les
troupes placées sous le commandement du général Bazaine, de retour
en France. 28.000 Hommes, 8.000 tonnes de matériel, 500 mulets et
chevaux sont évacués vers la France, l’Algérie, l’Egypte… par une
escadre de trente navires, sur plus de 6.000 mille nautiques et en
l’espace de cinq semaines. Une véritable prouesse effectuée par la
marine française. « C’est un officier remarquable », note le
Contre-Amiral de La Roncière, commandant l’escadre, à propos de
Briot. Et voilà que lui est attribué à présent la croix d'officier
de la Légion d'honneur. A Cherbourg, le 27 juillet 1867, Léon Briot
est décoré des mains même de l'Impératrice Eugénie.
A la fin de l’été, Léon Briot et son épouse s’installent à Brest, au
26 rue Voltaire. Pendant les deux années qui suivent, l’officier est
affecté à bord du Magenta, puis du Solférino, deux frégates
cuirassées à vapeur et à hélices de l’escadre d’évolution lancées en
1861. Celle-ci croise le plus souvent en Méditerranée. A
l’Etat-major général, le capitaine de frégate devient ensuite le
premier aide de camp du vice-amiral commandant en chef Jurien de la
Gravière, futur auteur de La Marine d’aujourd’hui. Cette existence
plus sédentaire lui permet notamment de profiter davantage de sa vie
de famille, après ces longues années passées en mer. Vient pour lui
le temps des responsabilités à l’Amirauté. Léon Briot, dont
l’expérience en la matière fait autorité, est nommé rapporteur des
commissions d’artillerie, un chapitre d’importance ! Il est
également chargé des questions de la justice maritime. Enfin, en ces
années où le nouveau matériel dont dispose la Royale a donné des
preuves incontestables de son efficacité et est de ce fait devenu
incontournable, Briot préside la commission chargée de réviser la
tactique navale. Celle-ci se doit de tenir compte des nouvelles
conditions des combats de mer. C’est alors que le 19 juillet 1870,
la France du Second Empire déclare la guerre à la Prusse.
Une mission de confiance, le commandement du Daim, est donné à Briot.
Chargé du rapatriement des derniers soldats français présents à
Rome, il est envoyé à Civita-Vecchia. Les troupes françaises
évacuent le territoire pontifical, le 19 août, avant que la cité des
Papes ne soit proclamée le mois suivant capitale de l’Italie de
Victor-Emmanuel II. L’unité du royaume, sous la férule du
Piémont-Sardaigne, est donc achevée. Quelques jours plus tard
cependant, le 30 octobre 1870, sur l’Orénoque, Léon Briot quitte une
dernière fois le port de Toulon pour son huitième et dernier voyage.
La destination : Civita-Vecchia de nouveau où le Pape Pie IX se
considère comme prisonnier des Italiens. Là, que faire, sinon
attendre. Et si le souverain pontife devait comme en 1848 fuir son
palais… A bord de cette frégate à vapeur, qui compte seize canons,
deux cent soixante-sept hommes d’équipage sont placés sous son
commandement.
Les propos du vice-amiral, vicomte de Chabannes-Curton La Palisse -
« Il est un officier d’avenir qu’il faut employer à la mer » - se
vérifient. Durant les trente-deux années de service de sa carrière,
Léon Briot effectuera vingt-quatre années et sept mois « à la mer »,
dont quatre années et deux mois dans le port de Civita-Vecchia, dans
l’attente des événements de la Papauté. Cette mission pourrait
s’avérer périlleuse pour les Français. Si la population italienne ne
leur est pas hostile, ceci est dû, d’après l’ambassadeur près le
Saint-Siège « à la fermeté et à la sagesse » de Léon Briot. Celui-ci
ne manque pas lorsque l’occasion se présente de prêter secours à des
pêcheurs italiens en perdition. Il ne fait que son devoir de marin.
Mais, inversement, au mois de juin 1870, alors que six hommes
d’équipage sont tués en mer lors d’un exercice, la population de
Civita-Vecchia ne manquera pas de s’associer à la douleur des
occupants de L’Orénoque.
Le 29 juillet 1872, bien qu’ayant atteint l’ancienneté dans le
service à bord de la frégate, le ministre de la Marine et des
Colonies Porthuau décide de son maintien à ce poste. A bord,
l’existence est évidemment bien monotone, aussi, suivant une vieille
tradition de la marine française, les officiers organisent des cours
à destination des hommes d’équipage, l’enseignement portant sur les
techniques de la navigation, le fonctionnement des machines à
vapeur. Privilège du capitaine, lorsqu’il est à quai avec son
navire, Adèle, son épouse le rejoint bientôt. En 1873, à Rome, une
fille, Madeleine, naît de leur union. Au début de cette même année,
le 2 janvier, Léon Briot obtient sa nomination au grade de capitaine
de vaisseau. Le 16 octobre 1874, l’heure du retour a enfin sonné.
L'Orénoque quitte Civita-Vecchia et appareille en direction de
Toulon. En France, les bouleversements consécutifs à la défaite sont
énormes.
La famille Briot s’installe à Paris, au 5 rue des Pyramides, dans le
quartier des Tuileries. A partir de ses observations dans le port de
Civita-Vecchia, l’officier rédige et fait paraître au mois de
décembre 1874 un article dans la Revue coloniale qui traite du «
canon de côte italien et des fonderies de Turin ». Quelques semaines
plus tard, au mois de janvier 1875, le capitaine Briot est nommé à
la Commission centrale des Travaux des Officiers. Il devient
également membre du Conseil des travaux de la Marine, une nomination
d’importance. Dans cette seconde instance consultative de la marine,
il doit, aux côtés d’officiers généraux et d’ingénieurs du génie
maritime ou des travaux hydrauliques, examiner les devis et les
plans de travaux à effectuer, dans tous les domaines concernant la
marine de guerre. Le capitaine de vaisseau y est donc admis en tant
que spécialiste de l’artillerie.
Au Conseil des travaux de la Marine, sont généralement nommés ceux
des officiers généraux qui sont promis à un avancement rapide. Et en
effet, il est « du petit nombre des officiers qui ne doivent pas
s’arrêter au grade de capitaine de vaisseau » ; c’était l’avis
qu’avait émis à son sujet le vice-amiral Jurien de la Gravière,
commandant en chef de l’Etat-major général, au mois d’octobre 1869.
En faveur sous le Second Empire, l’avènement de la Troisième
République ne nuit pas à son avancement. A quarante-huit ans, Léon
Briot peut espérer faire partie un jour prochain des cadres
dirigeants de la marine française. L’espérance de l’accès au grade
de Contre-amiral ne lui est pas interdite. Effectivement, en 1876,
il est nommé au commandement de la station de Terre-Neuve. De
nouveau, après huit voyages au long cours, l’éloignement lui est
promis pour deux ou trois années encore. Mais peut-être qu’à la
clef, l’officier trouvera cette nouvelle nomination gratifiante…
Le 9 février 1877 cependant, Léon Briot décède subitement à son
domicile parisien. Il est inhumé au cimetière parisien du
Montparnasse.
Ainsi s’achève la
carrière de cet officier de marine, dévoué à son corps et à son
pays, pur produit de la marine de guerre impériale, de la nouvelle
méritocratie du XIXème siècle.
Remerciements Marc Nadaux /
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Dossier Légion d'honneur / Pas
disponible
Remerciements Bernard Dulou
Remerciements à Gilles Jogerst / Généamar pour ses recherches
et la mise à disposition de ses données
http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviation-marine/marine-1914-1918/liste_sujet-1.htm
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