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Officiers et anciens élèves -
René Jean Alexandre BESSON
(1883 - 1916)
Né le 9 février 1883 à ENTREVAUX (Alpes
de Haute-Provence) - Décédé le 26 février 1916 en mer Égée, devant
l'Ile de CERIGO.
Fiche Mémorial
Entre dans la Marine en 1900
Aspirant le 5 octobre 1903; port
LORIENT.
Au 1er janvier 1904, sur le croiseur "GUICHEN", Escadre du
Nord (Cdt Jean BAËHME).
Enseigne de vaisseau le
5 octobre 1905.
Au 1er janvier 1906,
port BREST.
Au 1er janvier 1909, port LORIENT.
Au 1er janvier 1911,
Second sur le contre-torpilleur "HUSSARD" en essais à LORIENT
(Eugène RABOT, Cdt).
Second sur le même
bâtiment au 1er janvier 1912, 1ère Escadre (Cdt François MILLOT).
Au
1er janvier 1914, sur le croiseur cuirassé "CONDÉ", 2ème Escadre
légère (Cdt Marie GROUT).
Lieutenant de vaisseau
le 15 janvier 1914.
Le 20 août 1914, sur le
"CALÉDONIEN", Bataillon d'instruction du 3ème Dépôt des Équipages de
la Flotte à LORIENT (Cdt Amédée HAREL).
Le 26 février 1916, sur
la croiseur auxiliaire "PROVENCE-II", il disparaît avec le bâtiment
torpillé par le sous-marin U35.
Cité à l'ordre de
l'Armée navale : " Après être venu prendre sur la passerelle des
ordres du commandant, s'est employé avec le zèle et le dévouement le
plus complet et a dirigé la mise à l'eau des embarcations. A disparu
avec le bâtiment.".
Témoignage :
« On ne peut dire
cependant qu'il y eut panique, ou du moins, je n'ai pas vu sur les
visages de ces soldats dont la plupart avaient déjà fait la guerre,
l'expression de la peur, et d'autre part, pas de cris, pas de
tumulte. Seulement, ces hommes mûs par l'instinct de la conservation
cherchaient à sauver leurs existences en danger, mais
maladroitement, dans l'ignorance où ils étaient de l'utilisation des
moyens de sauvetage à la disposition de la communauté. » Très calme
en effet, le soldat Alexandre Gautier se retrouva entassé sur le
pont avec 200 autres passagers en quête d’un moyen de sauvetage : «
Sur le pont avant supérieur c’est-à-dire à l’extrémité du bateau
nous étions 200 massés là j’étais assez calme, je cherchais un moyen
de sauter dans un des canots qu’on mettait à la mer hélas ces canots
qui pouvaient contenir 80 personnes étaient chargés du triple ; te
décrire les scènes d’ horreur qui se sont passées est impossible.
Les canots à l’eau chaviraient les autres canots qui arrivaient
écrasaient la plupart des malheureux qui étaient à l’eau et puis le
bateau s’enfonçait toujours avec plus de rapidité. »
« En avant les machines
! La barre à gauche », ordonna le commandant Vesco. Mais
effectivement, la Provence II commençait à se cabrer et à s'enfoncer
par l'arrière. D'épais nuages de vapeur noire accompagnés d'un grand
bruit sortaient des cheminées : la cloison étanche des machines
s’étant rompue, l'eau avait envahi les chaufferies et fait exploser
les chaudières. L’arrière du navire plongea dans la mer, tandis que
l’avant se relevait.
Tous les passagers qui
se trouvaient encore sur le pont très incliné de la Provence II
cherchaient à gagner un moyen de sauvetage, en se cramponnant par
grappes terrifiées le long du pont. Les matelots de l’équipage
firent tout ce qu’ils pouvaient pour les sauver, jetant à la mer
tout ce qui pourrait servir aux naufragés, et les aidant à installer
leur ceinture de sauvetage. Mais bien peu se jetèrent directement à
la mer. Sans aucune logique, les soldats s'installèrent dans les
embarcations avant qu'elles soient mises à l'eau, ce qui fut
catastrophique ! Le commandant Vesco leur demanda alors de
descendre, sans être obéi. Pour les intimider, il tira deux coups de
revolver en l'air, mais rien n'y fit. Le capitaine Biffaud raconte :
« Je vis ainsi amener avec la plus grande maladresse quatre
embarcations de bâbord. Les hommes s'empilaient dans les canots sur
leurs bossoirs, avant même qu'ils ne soient mis en dehors. Une
embarcation chargée de monde, arrivée à l'eau, fit cuillère et
remplit. Une autre chavira et vint la quille en l'air. Une autre
prit la cale et resta verticale suspendue à son bossoir avant. » Son
témoignage est recoupé par celui du capitaine Marchal, du 3e
régiment de chasseurs d'Afrique : « Je pris ma ceinture de sauvetage
et remontant sur le pont, je m'efforçais de calmer les hommes qui
commençaient à s'agiter, en essayant de leur démontrer qu'ils ne
risquaient aucune danger immédiat. La manœuvre des canots avait déjà
commencé. Un certain nombre d'hommes commençant à perdre la tête, la
gênèrent considérablement et sautant dans les embarcations, malgré
les ordres et les appels, furent cause que plusieurs canots
chavirèrent au moment de toucher l'eau. » Résultat, à peine un tiers
des embarcations purent être mises correctement à l'eau !
Le commandant Vesco et
le lieutenant du Halda, du 3e colonial restèrent jusqu'au dernier
moment sur la passerelle du navire et conservèrent calme et
sang-froid. Les rescapés en témoignèrent auprès du journaliste de
L’Illustration : « Un grand déchirement se produit à l’avant : le
mât de misaine vient de se rompre. Il s’abat sur le pont,
lourdement. Une douloureuse clameur, des cris lamentables sortent
des poitrines de beaucoup de ces malheureux qui viennent d’être
broyés et glissent tout ensanglantés dans la mer. La catastrophe va
finir dans une vision d’horreur ! Se voyant perdu, le commandant
cria d'une voie forte : "Adieu, mes enfants !". Les hommes qui
n'avaient pu trouver de moyen de sauvetage, massés sur le
pont-tente, lui répondirent : "Vive la France !". » Le lieutenant de
vaisseau Besson, commandant en second périt avec les autres
officiers du bâtiment. il avait refusé une place qu’on lui offrait
sur une embarcation en disant aux hommes : « Sauvez-vous, moi, j’ai
le temps ».
Le journaliste de
L’Illustration reprend son récit : « Maintenant le bateau coule très
vite, l’avant tout à fait en l’air. Le commandant est toujours
cramponné à sa passerelle, toujours calme… Il finit de donner des
ordres, il n’y a plus rien à faire… Il a les yeux fixés vers l’avant
de son bateau, son cher bateau… Et son fidèle serviteur Henri Tarin
est toujours à ses côtés. Vesco se tourne, lui parle. Mais les
dernières paroles de son chef, Tarin ne les connaîtra jamais : une
lame s’abat sur eux qui les sépare pour toujours. La Provence finit
de s’abîmer dans la mer, entraînant avec elle son commandant cloué à
la passerelle par ce sentiment du devoir si puissamment ancré au
cœur de tous ceux qui commandent les navires de la marine française.
Et Tarin, que la mer a jeté au loin se retrouve sur un radeau juste
au moment où le paquebot disparaît pour toujours ! »
Source web
Extrait Ouest-France /
15 mars 1916
Chevalier de la Légion
d'Honneur à titre posthume.
Jugement déclaratif de
décès rendu le 27 février 1917 à CHERBOURG et transcrit dans cette
commune le 20 mars suivant.
Dernier domicile à
NANTES.
M.P.F.
Remerciements Bernard
Dulou
Remerciements à Gilles Jogerst / Généamar pour ses recherches
et la mise à disposition de ses données
http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviation-marine/marine-1914-1918/liste_sujet-1.htm
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