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Médecin de la Marine -
Joseph Evariste Laurent BERTULUS
(1809 - 1881)
Né le 10 août 1809 à TOULON (Var) - Décédé le 9 février 1881 à
MARSEILLE (Bouches du Rhône)
Fils de Jean Evariste, professeur de dessin et d’Anne Thérèse
DOUMENGE.
Marié avec Julie ZULME, fille naturelle de Dorothée Von BIRON,
princesse de Courlande.
1er mai 1828-1829 : il est élève à l’Ecole de chirurgie de Toulon.
1829 : il est nommé chirurgien entretenu de troisième classe à
Toulon.
Novembre 1829-1830 : il est embarqué sur la Bellone puis le Marengo
en Méditerranée.
Avec la Bellone, il participe à l’expédition et au bombardement
d’Alger.
Octobre 1830- Mars 1833 : il sert sur le Nageur et le Marsouin en
Méditerranée.
Mars 1833-Juillet 1833 : il est affecté à l’hôpital de Toulon.
Juillet 1833-Avril 1835 : il est embarqué sur le Souffleur et le
Nageur puis sert à l’hôpital de Toulon.
Avril 1835-Avril 1836 : il sert successivement sur le Triton, le
Ville de Marseille, la Fortune et le Vautour en Méditerranée.
Avril 1836-Février 1838 : il alterne service à l’hôpital de Toulon
et embarquements sur le Styx et la Marne.
Janvier 1838 : il est promu chirurgien de deuxième classe.
Février 1838-Novembre 1839 : il sert sur la Caravane et participe à
l’expédition du Mexique.
Il est confronté, au retour, à une sévère épidémie de fièvre jaune.
Septembre 1839 : il est fait Chevalier de la Légion d’honneur en
reconnaissance de son attitude, sa « mission d’éclat », lors de
l’épidémie.
Novembre 1839-Juillet 1841 : Il alterne services dans les hôpitaux
de Toulon et de Brest et des embarquements en qualité de
chirurgien-major sur les vaisseaux Océan et Trident.
Juillet 1841-Juin 1841 : il est affecté comme chirurgien-major au
3ème régiment d’infanterie de la Marine à Toulon.
Juin 1841- Octobre 1844 : il sert sur le vaisseau Jemmapes et les
vapeurs Gassendi et Lavoisier.
A bord du Jemmapes, il prend part à l’expédition du Maroc et aux
bombardements de Tanger et Mogador.
Octobre 1844-Octobre 1847 : il est affecté à l’hôpital de Toulon en
qualité de chirurgien de deuxième classe, commissionné première
classe.
1848 : affecté par un affaiblissement de la vue, il démissionne de
la Marine.
Il s’installe à Marseille. Il est professeur à l’Ecole préparatoire
de médecine.
Chargé du Bureau naval créé pour venir en aide aux marins français
et étrangers atteints du choléra asiatique.
1854 : il est chargé du service de santé de la marine et il est
médecin du lycée de Marseille.
Membre du Conseil d’hygiène publique des Bouches du Rhône.
Membre des Académies de médecine et de Chirurgie de Turin et de
Cadix, de la Société impériale de médecine de Bordeaux, de
l’Académie de Marseille.

Extrait Le Petit Marseillais / 1er juin 1880


Extrait Le Petit Marseillais / 11 février 1881


Extrait Le sémaphore de Marseille / 12 février 1881



Eloges du docteur Bertulus
C’est pour moi une obligation bien douce de le reconnaître hautement
devant vous, en rappelant en quelques mots ce que fut le docteur
Bertulus. Votre Compagnie, Messieurs, qui a perdu en lui un de ses
membres les plus dévoués, se souvient, sans doute, des titres qui
lui valurent l’honneur d’en faire partie, et assurent à sa mémoire
un souvenir honorable.
Après avoir passé les vingt premières années dé sa vie médicale dans
la marine de l’État, et avoir reçu par son dévouement pendant une
épidémie de fièvre jaune la décoration de la Légion d’honneur,
Bertulus abandonna sa carrière pour échapper, a-t-il dit, à des
exigences de services devenues intolérables, et vint se fixer à
Marseille en 1845.
Grâce à une illustre amitié qui ne lui marchanda jamais sa
protection, Bertulus ne connut pas les difficultés inhérentes aux
débuts d’une carrière. Marseille créa même en sa faveur une chaire
publique d’hygiène navale. De 1849 à 1866, il fut nommé
successivement officier d’Académie et de l’Instruction publique,
médecin du Lycée, professeur de clinique et de pathologie médicale à
l’École de notre ville, et médecin du Conseil de Salubrité. Il eut
enfin l’honneur d’être reçu membre de votre Académie en 1874.
Malgré toutes ces positions officielles et les soins à donner à sa
clientèle, Bertulus, doué d’une prodigieuse activité d’esprit,
trouva le loisir d’écrire de nombreux mémoires d’hygiène et de
médecine dont il serait fastidieux de vous donner la nomenclature ;
cependant,
je suis heureux d’affirmer que dans ses écrits, il a fait preuve de
savoir et d’une grande rectitude de jugement.
Deux grands ouvrages, publiés en 1864 et 1869, résument la vie
scientifique et philosophique de mon ancien confrère, et méritent
par cela même une mention spéciale. C’est là que l’auteur a relaté
les luttes qu’il soutint courageusement en faveur de deux grandes
idées, savoir ; la vérité de la contagion de certaines maladies, et
l’existence d’un principe immatériel dans l’organisation humaine.
Dans le premier de ces ouvrages, Marseille et son Intendance
sanitaire, Bertulus raconte son active coopération à la résistance
organisée dans notre ville contre l’ordonnance du 20 mai 1845 qui
modifiait profondément les règlements sanitaires relatifs à la peste
et aux provenances du Levant. Plusieurs d’entre vous, Messieurs,
doivent se souvenir que dès l’apparition de cette malencontreuse
ordonnance, notre Intendance donna sa démission; que Marseille
entière se souleva par l’organe de tous les journaux de la localité,
et que le Conseil municipal en demanda le retrait. Bertulus fut
dénoncé à cause de ses écrits et de sa lettre à l’Académie de Paris
comme un agitateur, ennemi du Gouvernement, et faillit perdre son
puissant protecteur. Marseille fut représentée comme un pays
d’ignorance, qu’il fallait forcer à entrer dans le mouvement des
idées modernes. Cependant, le ministère, ému de cette manifestation
de l’opinion publique, fut obligé de céder et remplaça l’ancien
système quarantenaire par un système bâtard qui laissait la porte
ouverte à toutes les maladies contagieuses.
Cette lutte, un moment suspendue entre le pouvoir central et le
Corps constitué de la ville, recommença en 1850 et 1860 à l’occasion
du choléra qui régnait dans le Levant. Bertulus persista à réclamer
dans les journaux le rétablissement d’une Intendance sanitaire, qui
avait su nous préserver de la peste et de la fièvre jaune pendant
les quatorze apparitions faites par ces maladies au Lazaret.
Marseille eut enfin gain de cause, et une Intendance sérieuse fut
rétablie. On peut dire hardiment que Bertulus contribua par ses
écrits contre les non-contagionistes à éclairer l’opinion et à faire
réviser les lois protectrices de la santé publique.
En même temps que s’agitait cette grave question des quarantaines,
Bertulus, en chrétien convaincu, s’émut de certaines idées
matérialistes timidement avancées dans la presse scientifique, et
les réfuta dans un mémoire destiné à prouver la supériorité de l’âme
humaine sur la matière. Lorsque ces idées furent présentées au monde
savant comme point de doctrine, ce simple mémoire devint un fort
volume, sous le titre de Athéisme au XIX” siècle, dans lequel il
pose pour conclusion, après avoir cité l’opinion des médecins
célèbres de tous les temps et de tous les pays, que le matérialisme
médical pur ne saurait exister.
Quoique admirateur passionné des découvertes modernes, je ne veux
point entrer dans ce débat. Je reconnais que de nos jours la
médecine, marchant dans des voies nouvelles, ne cherche plus
l’alliance de tel ou tel système philosophique pour servir de
prémisses à ses déductions, de fondement à sa doctrine, et qu’elle a
adopté franchement la méthode expérimentale ; mais je dois dire
aussi que nos croyances ne sont point incompatibles avec les
recherches des savants. Le médecin philosophe, le vrai
physiologiste, impuissants à expliquer la cause première des
phénomènes organiques qui se déroulent sous leurs yeux, sauront
toujours respecter ce qui est respectable en dehors et au-delà de la
science.
Si Bertulus voyait avec peine quelques savants tirer des conclusions
trop absolues de leurs expériences, il lui était difficile d’en nier
l’importance. Les brillants concours soutenus par une phalange de
jeunes docteurs marseillais qui feront un jour la gloire de notre
École de médecine, durent lui démontrer souvent qu’il s’était un peu
attardé, et que pendant son demi-sommeil scientifique, la nouvelle
génération veillait et savait s’approprier, sous la direction de
maîtres hardis, les conquêtes modernes de la science. Ah !
Messieurs, qu’il y a loin de la médecine telle que l’a faite le
progrès actuel à ce qu’elle était jadis. C’est pour moi un devoir
d’autant plus agréable de le reconnaître, que, docteur de l’École
moderne, élève des maîtres les plus célèbres de Paris, et en
particulier du professeur Piorry, dont j’étais le secrétaire et le
préparateur, j’ai pu mesurer l’intervalle immense que le progrès a
franchi depuis l’antiquité et le moyen- âge. Mes études, en effet,
m’ont permis de voir, dans les anciens actes, ce qu’était jadis la
médecine en Provence ; et tout en reconnaissant les efforts
constants des médecins, nos prédécesseurs, tout en rendant hommage à
la sincérité de leurs études, j’ai dû con¬ stater combien elles
étaient primitives, empiriques, indécises et incomplètes. Pour
l’honneur de la nouvelle école, je vous demanderai la permission de
dérouler devant vous une partie du tableau que mes recherches dans
les archives ont fait passer sous mes yeux.
Extrait de la présentation « Full text of "Les Médecins à Marseille
avant et pendant le Moyen Age"
Dossier Légion d'honneur /
Lien web
SOURCES : Base Léonore,LH/220/48. Naissance AD Var 1809 no 801 page
234.
Remerciements Patrick
Labail
Remerciements Bernard
Dulou
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