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Officiers et anciens élèves -
Edmond Georges BENOIT
(1893 - 1985)
Né le 23 avril 1893 à
GIROMAGNY (Territoire de Belfort) - Décédé le 5 juin 1985 à PARIS
XVIe
Entre dans la Marine en 1912
Enseigne de vaisseau de 2ème classe le
5 février 1915, port BREST.
Enseigne de vaisseau de
1ère classe le 7 novembre 1916.
Au 1er janvier 1918,
port BREST.
Lieutenant de vaisseau
le 18 janvier 1920.
Au 1er janvier 1921,
port TOULON.
Croix de Guerre.
Versé dans le cadre de
réserve le 15 mai 1929; port TOULON.
Officier de la Légion
d'honneur
Ingénieur SUPAERO
Témoignage de Mr Edmond
BENOIT, Capitaine de Frégate honoraire (Revue « Icare »)
« Entré à l’école
navale en 1912, à la déclaration de guerre, j’étais aspirant. Après
diverses affectations sur croiseurs en Adriatique, Mer Rouge, Océan
Indien et Sud du Maroc, j’entrai dans l’aéronautique navale en 1917.
Quelles ont été mes motivations ? L’attrait de la nouveauté surtout.
Il faut dire qu’au début de la guerre, lorsque j’étais sur le
D’ENTRECASTEAUX en mer Rouge, j’ai eu l’occasion d’entrer en contact
avec les équipages de l’escadrille Nieuport qui avait été envoyée à
Port-Saïd pour aider les Anglais aux prises avec les Turcs. J’ai été
séduit par l’aviation et j’ai fait aussitôt une première demande.
Mais il a fallu que j’attende 1917 pour que mes candidatures
renouvelées soient prises en compte. Je suis allé passer mon brevet
de pilote terrestre à l’école d’Ambérieu. Il y avait beaucoup
d’élèves, peu d’instructeurs, peu d’avions, de sorte que je suis
resté deux mois et demi. Ensuite je me suis rendu à Hourtin
(Gironde) pour obtenir mon brevet de pilote d’hydravion. Là, les
choses ont été plus simples et plus rapides. Un instructeur et un
hydravion furent mis à mon entière disposition, ce qui me permit de
m’exercer sur les 17 km de longueur que fait le plan d’eau
d’Hourtin, à amerrir et décoller sans arrêt. Au bout de 48 heures,
je fus jugé digne d’obtenir ma qualification ! Je suis allé ensuite
à l’école de Saint Raphaël pour me perfectionner en bombardement et
en tir aérien.
Après quoi, au bout d’une quinzaine de jours, j’ai été dirigé sur
Bizerte où je suis devenu chef d’escadrille. Notre rôle consistait
essentiellement à escorter des convois. Nous avions des pannes
fréquentes qui nous obligeaient à nous poser en mer. En mai 1918,
j’ai été envoyé à Dunkerque dont l’importance, en tant que base,
était grande du fait de la proximité de l’ennemi. Il s’y trouvait
des escadrilles terrestres de chasse (Hanriot HD1) et des
hydravions. Personnellement, j’ai surtout volé sur Donnet Denhaut.
Nos missions étaient variées. La plus importante était la lutte
contre les sous-marins. Les Allemands avaient une base à Zeebrugge
sur la côte belge. Nous essayions de les repérer. A l’époque, un
sous-marin naviguait à faible profondeur. Aussi était-il facilement
détecté par les hydravions, même dans une mer agitée et brumeuse
comme la mer du Nord. Lorsqu’un sous-marin était repéré, nous
l’attaquions à la bombe. Il est très difficile de dire quels étaient
les résultats. Personnellement, je ne crois pas avoir coulé un
sous-marin. L’Aéronavale, au total, en a coulé une douzaine avec
certitude. Ce qui comptait surtout, c’était notre pouvoir de
dissuasion, plus que les résultats pratiques. Les sous-marins de
Zeebrugge étaient obligés de faire surface pour entrer ou sortir de
leur base car il y avait peu de fond. Ils étaient donc facilement
repérables à ce moment là. Nos missions consistaient aussi à aller
bombarder Zeebrugge et Ostende. Nous avons été souvent aux prises
avec la chasse allemande. Pour partie, j’ai parlé de l’amerrissage ?
C’est ce qu’il y a de plus difficile. En temps normal il faut cabrer
au maximum l’appareil de manière à aborder l’eau à vitesse très
réduite. Lorsqu’il y a de la brume (cas fréquent en mer du Nord) ou
que l’eau est très calme, la difficulté est que l’on ne voit pas la
mer et que l’on apprécie très mal l’altitude.
Parmi mes autres missions, j’ai fait de la recherche de mines
sous-marines, surtout à la fin de la guerre, lorsque les Allemands
évacuaient la côte belge.
Si j’essaie maintenant de porter quelques appréciations sur la
croissance et l’évolution de l’aéronavale durant cette période, je
dois dire que pour un marin, entrer dans l’aviation, c’était, dans
une certaine mesure, déchoir. A l’Ecole navale, nous étions une
promotion de canonniers fanatiques. Il est vrai qu’à cette époque,
l’arme du marin c’était le canon. Le développement de l’Aéronavale,
nécessité par l’impérieux besoin de protéger le trafic maritime, a
eu un caractère improvisé. La question la plus épineuse a été celle
des moteurs. L’Aviation terrestre les accaparait tous. Mais la
Marine découvrit les moteurs Hispano-Suiza 150 puis 200 CV, qui
équipèrent la plupart des hydravions et ont été presque
immédiatement, vu leurs qualités, adoptés également par l’Aviation
terrestre.
Quant à moi, je n’ai jamais été abattu. J’ai eu simplement un jour
un accident, en rentrant à marée basse, à la base de Dunkerque. Je
me suis mis en pylône et j’ai été blessé au genou. La peur ? Bien
sûr, j’ai eu des moments où je me demandais comment les choses
allaient tourner, mais ma formation de marin m’a aidé à la surmonter
car, dès mon entrée à l’Ecole navale, je savais que j’avais choisi
un métier qui comportait de nombreux risques et pouvait m’amener un
jour à faire un « trou dans l’eau »….. »
Source Web
Remerciements à Gilles Jogerst / Généamar pour ses recherches
et la mise à disposition de ses données
http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviation-marine/marine-1914-1918/liste_sujet-1.htm
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