Parcours de vie dans la Royale / Fusiliers Marins

- Biographies / Fusiliers marins et Commandos -

Pierre BRICE

(1929 - 2015)

Né le 6 février 1929 à BREST (Finistère) - Décédé le 6 juin 2015 à COMPIEGNE (Oise)

Fils de Jean Louis Marie et de Marie Françoise SPARFEL

Marié avec Hella KREKEL en 1981

De son vrai nom Pierre Louis Le Bris

Acteur français qui est devenu célèbre en Allemagne grâce à son incarnation du personnage de l'indien Winnetou dans les westerns tournés d’après les romans d’aventures de Karl May dans les années 60.

Selon une enquête, 83 % de la population allemande le connait ; il appartient donc de ce fait au groupe des personnalités les plus connues du pays.

A 19 ans, Brice s'est porté volontaire pour la guerre d'Indochine.

Source web

Remerciements photo / Andrea Buchebner

Tenue militaire conservé

Remerciements photo / Andrea Buchebner

1949

Pierre Brice à gauche, Georges Bourel à droite

Opération pointe de Camao

Il en est sorti indemne, bien que son équipe ait sauté sur une mine.

Plus tard, il a été parachutiste durant la guerre d'Algérie.

Après des débuts comme photo-modèle et danseur, il opta pour une carrière d'acteur.

Il ne lui était cependant pas possible de percer en France contre son ami Alain Delon, déjà une étoile du cinéma.

Les deux se ressemblaient trop.

Sur quoi, Brice est allé en Italie et en Espagne et y a participé à de nombreux films de cape et d'épée et à quelques films de second plan.

Il a également joué dans des séries de télévision.

Enfin, il a interprété pendant très longtemps son rôle emblématique de Winnetou en vedette d'un spectacle vivant qui fut représenté durant de nombreuses années en Allemagne.

Ancien commando marine (commando Jaubert)

Chevalier de la Légion d'honneur en 2007

En 2009, invité d'honneur à l'Ecole des fusiliers marins

20 mars 2009 / Lorient

Remise de fourragères au cours EV1 Ramboz

ALLOCUTION DE MONSIEUR PIERRE BRICE

J'ai aujourd'hui le grand honneur de vous remettre à vous, quartiers maitres fusiliers marins, la Fourragère aux couleurs de la Légion d'Honneur. Elle vous accompagnera tout au long de votre carrière. En 1947, mes camarades et moi-même, l'avons portée à l'issue de notre stage commando au cap Matifou en Algérie. L'officier des équipages Lofi, notre commandant, héros du Débarquement en Normandie avec le commando Kieffer, nous avait alors tenu le langage suivant : à partir de cet instant, vous allez vivre les plus belles années de votre vie. Les plus belles parce que les plus dures, les plus amicales, les plus orgueilleuses, les plus solitaires. Les plus amicales, parce que vous allez être à la vie, à la mort, entre camarades. Les plus orgueilleuses parce que, jamais autant vous aurez la fierté de votre uniforme. Les plus solitaires, enfin parce que vous allez mener, souvent en des terres lointaines, un combat d'idéal. Vous les commandos solitaires, vous êtes portés par un destin, un esprit, une certaine idée de vous même qui vous permettra de vous manifester dans toutes vos actions. Je vous envie, j'aimerais être avec vous, oh combien !

La promotion à laquelle vous appartenez porte le nom de l'enseigne de vaisseau "Ramboz", commandant la première section du commando Jaubert auquel j'appartenais. Il était le type même du chef idéal tel que nous le concevions : toujours au contact des hommes de sa section, s'informant de notre santé, de notre moral, de nos peines, de nos problèmes, de notre famille lointaine, il était notre grand frère. Nous l'aimions, tout simplement. Il est mort, hélas, dans mes bras.

Voici les faits : les habitants d'une petite ile du golfe de Siam, appelée "Phu Quoc" lancent un SOS. Le Viêt Minh s'est introduit dans l'ile dont il menace la paix et la tranquillité. Nous embarquons sur l'aviso "Paul Goffeny", et débarquons sur l'ile à bord de nos dinghies pneumatiques. L'accueil de la population est enthousiaste. Le lendemain une action est organisée. Localiser et neutraliser l'ennemi dans la jungle. Le commando se sépare en deux sections. Respectant ma fonction de voltigeur de pointe, je progresse, le doigt sur la détente de mon arme dans les fourrés inextricables d'où peut à chaque instant surgir le danger. Mes pas me mènent à un sentier visiblement et fraichement tracé par la main de l'homme. Le lieutenant Ramboz arrive à ma hauteur et nous nous engageons ensemble dans l'étroit sentier. La tension est très forte, le silence est lourd, oppressant. Le lieutenant s'arrête et me dit : va rejoindre les autres, dis leur de progresser au plus près de la bordure des arbres jusqu'ici. "Je ne peux pas vous laisser seul, lieutenant, je suis voltigeur de pointe, c'est à moi de rester en avant. C'est un ordre, Le Bris, exécution ! à vos ordres lieutenant". Je m'éloigne, le laissant à regret occuper ma fonction. Un coup de feu éclate presque aussitôt suivi d'une fusillade intense. L'ennemi est invisible. J'ai rejoint mes camarades, à l'abri. On entend les voix nasillardes des Viêts qui nous cherchent. Je suis inquiet pour le lieutenant. Je demande à Salaun et Leon de me couvrir. D'un bond, je traverse le sentier. Les Viêts tirent sans précision, gênés par les tirs de couverture. Je rampe lentement et je découvre le corps du lieutenant allongé au milieu du sentier. Je l'atteins et le tire jusqu'à un fossé. Ses yeux sont ouverts et me fixent. Il murmure "Le Bris", lève le bras vers mon visage sans le toucher et retombe. Sa poitrine se soulève puis s'affaisse. Son cœur a cessé de battre, c'est un cadavre que je traine pour rejoindre la section. Nous avons perdu un officier que nous aimions…tous. Plus qu'un officier, c'était un ami.

Adieu, lieutenant, nous sommes tristes.