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Officiers et anciens professeurs -
Célestin GICQUEL
(1882 - 1934)

Entre dans la Marine en 1900, Mécanicien principal de 2ème classe le
17 mars 1913; port BREST.
Au 1er janvier 1914, sur le torpilleur "DARD", 4ème escadrille, 1ère
Armée navale (Cdt François LAVELAINE de MAUBEUGE).
Au 1er janvier 1918, port BREST.
Mécanicien principal de 1ère classe le 28 avril 1918.
Chevalier de la Légion d'Honneur.
Au 1er janvier 1921, en service à l'École des Apprentis Mécaniciens
de LORIENT.
Versé dans le cadre de réserve le 28 septembre 1928; port BREST.
Remerciements à Gilles Jogerst / Généamar pour ses recherches
et la mise à disposition de ses données
http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviation-marine/marine-1914-1918/liste_sujet-1.htm
Fiche réalisée par son petit-fils, Xavier Leroy
Né le 1er janvier 1882 - LA BARBINIERE (44) / Décédé le 19 juillet
1934 - MARSEILLE (13)
Exceptionnellement doué il rafle tous les prix à l’école publique de
Vertou.
La légende raconte que son père devait venir récupérer ses lourds
livres de récompense – dorés sur tranche - avec une brouette. (Il
sera lui-même surnommé “doré sur tranche“ par l’espiègle sœur
cadette de ma grand-mère qui annonçait ainsi l'arrivée dans le
village du jeune Gadz’art ou officier de marine).
On le dirige vers l’Institution Livet à Nantes qui prépare à
l’examen d’entrée à l’Ecole des Arts et Métiers d’Angers où il entre
à 15 ans comme Major de la promotion 1897-1900 formée de 300
brillants élèves provenant de tout l’ouest de la France de Caen à
Perpignan. Il en sort Ingénieur à 18 ans, en Juin 1900.

L’Ecole des Arts&Métiers était alors LA formation d’excellence pour
les Ingénieurs de l’industrie française naissante. Ses élèves y
acquéraient des connaissances à la fois théoriques et pratiques de
haut niveau passant autant de temps en atelier et en salle de dessin
qu’en salle de cours théorique. Son diplôme en poche, il n’hésite
pas une minute pour s’engager dès le 30 Août dans la marine
nationale et curieusement il se déclare alors comme étant
“dessinateur-ajusteur “ !
Il effectuera au sein de la Marine Nationale une brillante carrière
qu’il termine comme Ingénieur Mécanicien en Chef chargé de la mise
en service et des essais de l’appareil propulsif du Croiseur
Duquesne. Ce bâtiment fut le premier d'une série de 5 croiseurs
légers de 10000 T satisfaisant aux exigences du traité de
Washington. ( Duquesne, Tourville, Suffren, Colbert, Foch). Ces
bâtiments étaient les premiers à être équipés à la fois d'une
chauffe au fuel remplaçant le traditionnel charbon et d’une
propulsion à turbine remplaçant les machines alternatives à vapeur.
Disposant d’une énorme puissance motrice de 130 000 CV le Duquesne
fut le plus rapide de la série et resta pendant longtemps le navire
le plus rapide de la Flotte française. Ces croiseurs furent très
remarqués par les spécialistes : "Ces bâtiments, particulièrement
réussis, sont très admirés à l'étranger. Leurs qualités nautiques
exceptionnelles permettent de soutenir de grandes allures par
presque tous les temps, et leur stabilité de plateforme est
remarquable. Ils naviguent très bien dans la haute mer et se
comportent parfaitement en toute occasion. Leurs quatre hélices, la
puissance et la souplesse des machines, en font des unités
manœuvrières.
Cette réalisation est un gros succès à l'actif de nos ingénieurs du
Génie Maritime...". Le rôle de Célestin Gicquel dans cette réussite
lui a valu un Témoignage officiel de satisfaction.
Entre temps il enseigne dans plusieurs écoles de formation de la
Marine, notamment la Thermodynamique à l'Ecole Navale. Mais près 28
ans de bons et loyaux services, il quitte la Marine Nationale pour
rejoindre la Direction Technique des Messageries Maritimes où il est
destiné aux plus hautes fonctions compte tenu de son expérience de
la propulsion marine moderne et de ses qualités humaines.
Monument d’intelligence, d’honnêteté, de conscience professionnelle,
d’exigence, de perfection, c’est un homme exceptionnel comme le
prouve l’examen de son dossier personnel au Service Historique de la
Marine auquel j’ai eu accès et dont viennent les extraits qui
suivent. C’est une litanie impressionnante de commentaires
dithyrambiques des supérieurs hiérarchiques responsables de ses
appréciations et notations.
En 1913 il obtient une moyenne exceptionnelle de 17,11 à l’examen de
sortie de l’Ecole des Elèves-Officiers Mécaniciens de la Marine. Le
Directeur commente : “ A passé des examens très brillants et a fait
preuve de beaucoup de capacité. Je propose qu’il lui soit décerné un
Témoignage Officiel de Satisfaction.
“ Ce n’est pas rien car à cette époque un Témoignage Officiel de
Satisfaction est en temps de paix l'équivalent d'une citation
militaire en temps de guerre. Il en obtiendra deux autres au cours
de sa carrière.
Il commence sa carrière d’Officier-mécanicien en 1913 à bord du
Torpilleur d’Escadre "Le Dard. " Il n’a que 31 ans. Son Commandant
rédige la première appréciation du jeune Officier mécanicien : “
Plein de zèle, d’activité et d’entrain, cet Officier a assumé une
tâche très lourde à bord et s’en est très bien acquitté, sans jamais
ménager sa peine. Excellent Officier, très consciencieux et
travailleur“. Avant son arrivée ce petit navire avait “ ses machines
presque constamment en avaries“.
En 1915, au tout début des hostilités : “ Officier tout à fait
parfait, instruit, intelligent, plein de zèle et d’activité, solide
à la mer, ne ménageant jamais sa peine. “ Ses relations avec les
inférieurs sont jugées comme “très bienveillantes, fermes et
énergiques“.
En Juillet 1916 : “ Officier mécanicien de tout premier ordre, très
zélé, extrêmement consciencieux et d’une grande capacité technique.
C’est grâce à son dévouement que l’Arc a pu soutenir depuis le début
des hostilités un service intensif sans autres avaries que celles
provenant de l’usure“. Il le propose pour la Légion d’Honneur. Il
n’a que 34 ans.
En Mai 1917, même commentaire. “A su tirer des appareils de l’Arc un
rendement excellent“. Il obtient alors son deuxième Témoignage de
Satisfaction pour sa participation active au sauvetage des passagers
du transporteur de troupes, L'Amiral Magon », torpillé par un
sous-marin ennemi en Méditerranée
En Mars 1918 il prend en charge à Toulon le montage du sous-marin
Romazzotti. Sa famille le rejoint à Toulon. Son épouse et sa fille
âgée de quatre ans le rejoignent à Toulon et habitent au Mourillon.
Son Commandant juge qu’il est devenu : “un excellent Officier de
sous-marin“.
Fin 1918 il quitte Toulon pour rejoindre l’Ecole des Apprentis
Mécaniciens de Lorient. Début 1919 il obtient la Légion d’Honneur,
il n'a que 37 ans. En Juillet 1919 le Directeur de l’Ecole qui le
juge pour la première fois note : “ M. Gicquel est un Officier tout
à fait remarquable, très instruit, mécanicien hors ligne. A de la
méthode et beaucoup d’intuition“.
En Août 1920 : “ A rendu des services très appréciés, ayant sous ses
ordres cinq officiers mécaniciens de même grade. Est certainement un
des meilleurs officiers du corps“. Il s’agit bien entendu du corps
des Ingénieurs Mécaniciens de la Marine. Quelle belle reconnaissance
!
En 1922 il rejoint le Cuirassé Paris, commandé par le Capitaine de
Vaisseau qui confirme et signe : “ Très grande compétence technique
et d’une haute valeur morale. Officier de tout premier ordre,
instruit, intelligent, travailleur, ingénieux“.
En 1924 : “ Officier exceptionnel aussi bien du point de vue moral
qu’au point de vue professionnel. On peut tout demander à Gicquel,
il donnera toujours plus et mieux qu’on ne lui demandait.
Remarquablement au courant des appareils et travailleur acharné,
d’une modestie rare, très discipliné. Cet officier est de ceux qui
sont dignes de tous les avancements“.
En 1925 il est nommé professeur de Thermodynamique à l’Ecole Navale,
une matière évidemment primordiale pour de futurs Officiers
Mécaniciens. Le Capitaine de Vaisseau O’Neill Commandant de l’Ecole
doit le classer dans l’une des cases prévues : Hors pair ou d’élite,
Très bon, Bon etc coche bien entendu la première case avant de
poursuivre : “ Officier exceptionnel qui réunit les plus belles
qualités intellectuelles, professionnelles et morales. Dévouement,
discipline, application, travail, intelligence et modestie sont les
traits dominants de son caractère énergique et sympathique“.
En Mai 1926 le très remarquable Directeur Mécanicien de l’Ecole,
Jauch connu pour son ouvrage de référence sur les machines marines
commente : “ S’est fait particulièrement apprécier de tous comme
professeur à l’Ecole. Il rendra partout les meilleurs services. Je
serai heureux de lui donner un embarquement au choix à bord d’un des
Croiseurs en montage, où comme partout il montrera toute sa mesure
!“.
Il est en effet nommé responsable du montage, de la mise au point et
des essais de l’appareil propulsif du Duquesne avec ses puissantes
turbines.
En Mai 1927 c’est au tour du Capitaine de Vaisseau Bramand du
Boucheron, Commandant du Duquesne de s’exprimer : “ Suit avec la
plus grande attention le montage des appareils du Service machines
du Duquesne et fait preuve de remarquables qualités d’initiative, de
jugement et de compétence“. Puis en Mai 1928 c’est le commentaire du
Contre-amiral Morris Major Général de la Préfecture maritime de
Brest qui renchérit : “ Officier supérieur d’élite. Dirige son
personnel avec autorité et compétence. Connaissant admirablement son
métier. Ayant beaucoup d’autorité sur le personnel. Fait honneur à
son Corps. Mérite d’accéder aux grades les plus élevés“.
Lors de ses 1928 le Duquesne » dépasse d’un demi nœud la vitesse
contractuelle nominale de 34 nœuds fabuleuse pour l’époque. Aucun de
ses sisterships n’atteindra les mêmes performances. Une réussite qui
sera honorée par un Témoignage de Satisfaction émanant du Ministre
de la Marine (publié au Journal Officiel du 11&12 Février 1929) : “
pour avoir par son jugement pondéré et sûr, ses remarquables
connaissances professionnelles, son activité inlassable et
réfléchie, son esprit méthodique et clairvoyant, rendu les plus
grands services pendant le montage et les essais et dans
l’organisation du service Machines du Duquesne. »
Il n’a alors que 46 ans et est promis sans hésitation aux plus
hautes fonctions dans le corps prestigieux des Ingénieurs
mécaniciens de la Marine Nationale.
Mais curieusement il décide de faire valoir ses droits à la retraite
et pantoufle pour entrer à la Direction Technique des Messageries
Maritimes, à Marseille. Il n’y exercera ses talents que pendant six
ans puisqu’il décède en Juin 1934.
Sa dernière notation sera celle des Messageries Maritimes en Août
1933 (au titre de la réserve) un an avant sa disparition : “
Excellent Ingénieur – possède des connaissances techniques de tout
premier ordre, extrêmement intelligent, très consciencieux “.
Avec ce que l’on sait désormais, les derniers hommages prononcés
lors de ses obsèques par l’Ingénieur Mécanicien Général Gérard ne
sont pas seulement de circonstance : “ … Tous ceux qui l’ont
approché, ses Chefs, ses Amis et tous ceux qui furent sous ses
ordres sont unanimes à reconnaître ses qualités… J’ai pu
l’apprécier, toujours de bonne humeur, modeste malgré son grand
savoir, plein d’allant, aimant son métier, il se donnait de tout
cœur à sa tâche, et prenait plaisir à instruire nos jeunes camarades
…“. Et celle du Président des Gadzarts : “ Intelligence d’élite,
travailleur exceptionnel, Gicquel entra à l’Ecole d’Angers comme
major de sa promotion. Il sut dans ce milieu d’émulation ardente, de
compétition sévère se maintenir toujours aux tous premiers rangs. Il
y conquit pour toujours l’admiration de ses camarades d’études …
Entré dans la Marine Nationale, rapidement parvenu au grade
d’Officier Mécanicien, puis professeur à l’Ecole Navale, il sut en
toutes circonstances forcer la haute estime qu’imposaient à tous ses
qualités incomparables de technicien émérite. “
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