- Biographie de Fusiliers marins et Commandos -
Nom de guerre : Patrick DANNECHAN ou Patrice
DANICAN
A l'état-civil : Patrice DUPONT
Photographie Archives Nicolas Dupont-Danican - Patrice
Dupont, 1945
Né le 25 octobre 1920 au HAVRE (Seine Maritime) - Décédé le 14 septembre
1998 à PARIS Ve
Inhumé à
MONTIVILLIERS (Le Havre)
Il a porté comme nom de guerre : Patrick Dannechan, puis Michel Molyneux.
Damechan est une erreur de transcription sur le site du SOE auquel il a
appartenu
FAFL (juin 40-avril 42)
FNFL (avril 42-avril 43)
BCRA et SOE (mai 43-septembre 44, plusieurs missions de renseignements
en France)
Commando du 1er novembre 1944 au 30 octobre 1945
Interprète au procès de Nuremberg de février à avril 1946
Aventurier aux Etats-Unis, Mexique, Cuba, Bahamas, Brésil, Europe
Recordman du monde de monoski nautique en 1950
Moniteur au Club-Med, coureur automobile, graphologue
Complément
« ll est difficile de retracer la carrière de Patrice Dupont car il a
porté de multiples noms et, aussi incroyable que cela puisse paraître,
personne ne le croyait quand il parlait de sa guerre ... », témoigne son
neveu Jean-Hugues Caillard.
Sur la base de la biographie détaillée de leur oncle Patrice, établie
par Nicolas Dupont-Danican, Jean-Hugues Caillard a pu vérifier et
commenter certaines des multiples missions de Patrice Dupont, mais aussi
tenter d’explorer les zones d’ombre qui subsistent concernant ses
activités pour le SOE - le service de renseignement britannique.
L’ENGAGEMENT
Patrice Dupont pour l’état-civil, né le 25 octobre 1920 au Havre,
n’a pas atteint ses 20 ans lorsqu’il rallie la France Libre.
Il est mobilisé le 30 mars 1940 comme élève-pilote à l'École de Pilotage
de Chartres.
Il suit l'exode en mai 1940, rejoint sa famille à Maulévrier et quitte
la France le 19 juin 1940 au Verdon, sur le Royal Scotsman, avec 5 000
Polonais. Il arrive à Liverpool le 21 et rejoint Londres où il se
présente à De Gaulle.
Incorporé le 30 juin 1940 dans les Forces Aériennes Françaises Libres (FAFL),
à l'Olympia, caserne des FFL, FNFL et FAFL. Immatriculé sous le n° 30
234-FAFL-1940 par le capitaine Bergé et le sergent van Popering, et sous
le nom de Dupont Caillard.
Le 12 juillet, il est affecté à la base aérienne de Odiham
(Hampshire), à 70 km de Londres.
FAFL 1940-1941
Il quitte le 19 août Liverpool sur le transport de troupes Pennland, et,
après escale à Free Town (Sierra Leone), rejoint Douala (Cameroun).
Il fait la campagne d'Afrique Française Libre du 20 août 1940 au
10 juillet 1941 dans le GRB1 (Groupement de Reconnaissance et de
Bombardement n° 1), commandé par le colonel Lionel de Marmier, dans la
4e escadrille (Lysander) du GCI, commandée par le futur général de corps
aérien Yves Ezanno.
Dans le cadre des premiers engagements en AEF, il se trouve, le 9
novembre 1940, lors d'une reconnaissance durant la prise de Libreville,
à bord d’un avion qui est abattu par le Bougainville.
Il est grièvement blessé à la tête (fracture du crâne qui lui
occasionnera alors des troubles du comportement et des pertes de
mémoire), aux jambes (éclat d'obus sous le genou droit, balle à la
cuisse gauche) et à l'œil droit (décollement de la rétine).
Suite à ces blessures (et sans doute aussi d’un passage à tabac par des
Vichyssois), il garda des troubles visibles. Un de ses yeux avait été
abîmé et il ne put être pilote, mais occupa le poste d’observateur à
bord d’un Lysander d’observation, notamment dès le coup de main de
d’Ornano à Mourzouk, en janvier 1941.
Affecté par des maladies tropicales, il doit être hospitalisé à Bangui,
d’où le général de Gaulle l’envoie se faire se soigner en Angleterre.
Il y parvient en juillet 1941 et a la joie d’y retrouver son frère
Jean-François qui écrit : « … j’arrivais de Madagascar.
En septembre, nous nous retrouvions chez le Dr Ackland dans la
plus grande émotion. Le plaisir de retrouver mon frère qui put me donner
des nouvelles, déjà anciennes sans doute, de nos parents, fut un des
meilleurs moments de ma vie. Il nous arriva par la suite de nous revoir,
à l’occasion de retours de voyage en mer, et chaque fois nous étions
heureux de nous retrouver sains et saufs, car ces voyages n’étaient pas
de tout repos ». (*1)
Patrice effectue alors une préparation au pilotage militaire à Old Dean
Camp (Camberley, Surrey).
Mais il est déclaré inapte au centre d'examen médical le 6 décembre 1941
par le service optique de la Royal Air Force, et remis en disponibilité.
FNFL 1942-1943
Il ne pouvait cependant renoncer au combat et est alors muté le 12 avril
1942 aux FNFL, immatriculé le 17 sous le nom de Patrick Dannechan (n°
211-FNFL-1942).
Nommé élève-aspirant-commissaire de la Marine le 1er mai, il est nommé
en février 1943 commissaire sur la corvette Renoncule.
Il est officier de veille sur la passerelle, cette fameuse nuit du 11
mars 1943, témoin de l’exploit inégalé de la corvette Aconit qui coule
deux sous-marins allemands, au large de Terre-Neuve.
Mais Patrice Dupont quitte la Renoncule et les FNFL fin mars 1943, arme
dans laquelle il obtient le grade de second-maître fourrier en octobre
1943.
BCRA et SOE, septembre 1943 - août 1944
Sans doute ce nouveau changement d’orientation atteint-il son moral… il
se tourne alors vers le BCRA (n° 1003-BCRA-1943), en raison de ses
connaissances linguistiques en anglais, en allemand, en russe, et de ses
capacités en morse.
Le 21 octobre, il est retenu pour un stage d’évaluation pour former un
agent rapidement disponible.
Après un entraînement au Groupe Action du réseau Sussex, où il effectue
cinq sauts en parachute, dont un d'un ballon contrôlé, entre le 4 et le
9 novembre, il passe les tests pour être recruté, les mêmes que Violette
Szabo, entre autres candidats.
Sa note en « intelligence » est très bonne (8, Szabo a eu 5), mais le 14
novembre l’avis du recruteur est négatif (comme pour Szabo): à l'issue
de ce stage il est noté « non recommandé » pour des raisons de manque de
confiance en soi, ce qui est compréhensible après tous ses changements.
Connaissant son intelligence et ses aptitudes, les Anglais le
transférèrent ensuite du groupe Action Sussex dans deux écoles de
renseignements.
C’est donc probablement durant cette période qu’il devient membre du SOE
SO2 (Special Operations Executive), sous le nom de Patrick Dannechan
alias Michel Molyneux ! (« Damechan » est une erreur de transcription
sur le site du National Archives).
Il participe néanmoins à la préparation au débarquement en France
occupée entre janvier et août 1944 - sous la fausse identité de Michel
(*2) Molyneux - à travers 5 missions, dont trois certifiées en
parachute, sous le commandement du lieutenant-colonel Gilbert Renault,
dit « le colonel Rémy ».
Au cours de l’une d'elles, il est arrêté par la Gestapo à Évreux,
emprisonné, puis libéré grâce à un ami - directeur de Cineac, le cinéma
de la gare Saint-Lazare - qui témoigne l'avoir comme employé habituel,
et il réussit à rejoindre Londres.
Sans possibilité d’accéder à son dossier actions dans les archives
nationales françaises ou des National Archives (*3), seules des
hypothèses peuvent être formulées concernant l’affectation de Patrice
Dupont de janvier à août 1944.
Son oncle Jean Caillard a qualifié ses missions de réussies dans une
note manuscrite.
On relève par ailleurs un élément important : sur une des deux pages de
son dossier aux National Archives, il est indiqué la référence 22666/A.
Cette référence apparaît curieusement aussi dans le dossier de Violette
Szabo qui vint au Havre en avril 1944.
Commando Kieffer, 1944-1945
Suite à ces missions derrière les lignes, Patrice est nommé à Londres le
3 septembre 1944 au 1er bataillon de fusiliers-marins commando de
Philippe Kieffer, au commando n° 4, sous le nom de P. Dannechan,
matricule N° 234 FN 40, badge N° 308.
Il subit alors l’entraînement intensif des commandos en Écosse sur la
base d'Achnacarry. Des lettres à sa famille en date du 2 et du 15
novembre 1944 en attestent.
Entre le 15 novembre et le 12 décembre 1944, date de son retour à
Montivilliers, selon son cousin Rémi Caillard, il participe à une
importante mission commando contre le QG d’une division allemande dans
les Ardennes pour capturer des documents concernant l’offensive des
Ardennes.
Les services de renseignements G2, général Oscar Koch, de l’armée de
Patton furent ainsi mis au courant de la préparation de l’offensive
allemande (*4).
Ce témoignage ancien rejoint les travaux historiques récents sur
l’action des forces spéciales américaines aidées par des équipes des
forces spéciales franco-britanniques qui permirent au Général Koch
d’alerter Patton fin Novembre.
Le 12 janvier 1945, Patrice Dupont rejoint aux Pays-Bas la Troupe 5
commandée par Alexandre Lofi et participe, dans la section du lieutenant
Paul Chausse, à la libération de la Zélande et du Brabant Septentrional,
en passant l'hiver 1944-45 dans des raids de commandos de nuit où sont
faits des prisonniers, dans l'embouchure de l'Escaut. Il participera
ensuite à l'occupation de la Rhur en Westphalie du Nord.
Le 10 septembre 1945, il fait partie de la mission française de
rapatriement à Berlin.
Officiellement démobilisé le 15 novembre 1945, il est interprète au
procès de Nuremberg, dans l'équipe du colonel Léon Dostert, de janvier
au 17 avril 1946.
Médaille commémorative des services volontaires de la France Libre n°
1392 (décret n° 46742 du 4 avril 1946).
† le 14 septembre 1998 à Paris 5e. Patrice DUPONT est inhumé au
cimetière de Montivilliers au Havre
Notes :
*1 - Document communiqué par Jean-Hugues Caillard
*2 - Il choisit le prénom de son jeune frère Michel, FFI, qui sera tué à
Montivilliers le 10 septembre 1944 alors qu’il est en liaison avec le
Gloucester Regiment dans son approche du Havre.
* 3 - Les archives NARA du SOE ne seront déclassifiées qu’à horizon 2025
* 4 - Ce témoignage est d’importance car il explique la prompte réaction
de l’armée de Patton en décembre lors de la réunion des chefs à Verdun
le 19 décembre. Pour éviter toute mauvaise manœuvre montrant que le plan
était connu, Patton se garda de prévenir sa hiérarchie mais il mit en
alerte des unités prêtes à intervenir rapidement après le début des
opérations. Quand Eisenhower demanda lors de réunion de Verdun que les
alliés quittent Strasbourg pour éviter l’encerclement, Patton s’y opposa
et promit de mettre dès le lendemain de la réunion des états-majors deux
divisions dont une blindée qui n’attendait qu’un mot au téléphone pour
se lancer vers Bastogne, à la surprise et à l’incrédulité générale. Le
26 décembre, la 4ème division blindée atteignit Bastogne
Source Facebook / L'odyssée France Libre du Havre
Remerciements Nicolas Danican
Remerciements Florence Roumeguere
Source web
Mise à jour du 10 avril 2017
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