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Aumônier -
Jean Pierre CARIOU
(1910 - 2009)
Né le 5 mai 1910 à PLOGONNEC au lieu-dit Treunot (Finistère) -
Décédé le 18 avril 2009 à PLOMELIN (Finistère)
Fils de Yves René, cultivateur , âgé de 37 ans et de Marie Jeanne
KERBOURCH, ménagère , âgée de 33 ans.
Prêtre, aumônier, résistant, déporté, officier de la légion
d'honneur
Aumônier à l’Ecole navale en 1955, 1956, puis sur la Jeanne d’Arc en
1957 (cdt CV Dartigues).
Complément
Gouesnac'h, le 11 avril
2006. Au seuil d'une maison située dans le hameau de Lesquidic,
l'abbé Pierre Cariou ouvre sa porte. Ses deux mains serrent la vôtre
dans un geste à la fois chaleureux et fraternel. "Entrez, entrez !"
Revêtu d'un pull blanc, l'homme est menu et avance à petits pas. De
ses yeux d'un bleu outre-mer percent quelques éclats d'amusement
auxquels se mêle une indéfinissable profondeur.
Puis il se met à
parler, Pierre Cariou, s'excusant par avance des infidélités de sa
mémoire. Et de quoi parle-t-il, cet humble vieillard ? De ses divers
ministères : à Douarnenez, à Penmarc'h, au Relecq-Kerhuon, dans les
diocèses de Basse-Terre (Guadeloupe), de Nice, au Zaïre, mais aussi
à l'École navale et à bord de la "Jeanne". Il évoque aussi bien
New-York que Saïgon, les îles du Pacifique que Plogonnec, cette
ville où il est né, un jour de 1910.
De la vocation à la "croix"
"'Devenir prêtre ?'
Cela s'est fait naturellement. Je n'ai pas entendu de voix, je n'ai
pas été marqué par un sermon particulier. J'ai seulement ressenti
dans mon enfance un appel intérieur, indéfinissable. Certainement
ai-je été marqué par mes professeurs de l'école Saint-Charles, en
particulier par l'abbé Le Gall, un ancien aumônier de la guerre 14.
Il était bardé de décorations."
Petit séminaire à
Pont-Croix, grand séminaire à Quimper, et voilà Pierre Cariou
ordonné prêtre en 1936. Il devient très vite vicaire à Douarnenez.
"Dans cette ville, je m'occupais du patronage, la Stella Maris",
déclare-t-il l'œil brillant. La Stella Maris ! Le prêtre s'en
occupera durant près de quatorze années, y compris pendant la
guerre. Ces années, il les a racontées dans un livre où il évoque la
vie politique de cette époque, les premières opérations de
résistance, son engagement au sein de l'Ora (Organisation de
résistance de l'armée).
En 1944, se sentant
menacé, il fait part à Mgr Duparc de son désir de rejoindre la
France Libre. La réponse de l'évêque est sans équivoque : "Restez à
votre poste ! Nous vous le demandons au nom de votre engagement du
sous-diaconat." Pierre Cariou obéit au prélat, remettant son
destin... entre ses mains. Mais ce qui devait arriver arriva :
dénoncé, l'abbé Cariou est arrêté le 26 avril 1944. L'enfer commence
alors.
D'interrogatoires en
séances de torture, il sera déporté : à Neuengamme, puis à Dachau,
dans le camp où le pape Pie XII avait réussi à négocier que les
prêtres déportés soient réunis. "Là-bas, c'était l'enfer. Les nazis
n'avaient pas besoin de nous exécuter : l'environnement était si
malsain, la nourriture si inconsistante que la tuberculose et la
dysenterie se chargeaient d'emporter les prisonniers. Pour ma part,
c'est la foi qui m'a permis de survivre... et la carcasse solide que
mes parents m'ont transmise."
"J'ai pardonné"
Il pesait 39 kg
lorsqu'il revint au pays. "Je ne regrette rien, ne ressens aucune
amertume. J'ai pardonné au Français qui m'a dénoncé, à mes
bourreaux. Je n'en veux pas non plus à Mgr Duparc. Je n'ai fait que
lui obéir, même si je ne lui ai pas demandé d'autorisation pour
entrer dans la résistance (sourire malicieux). Être déporté m'a
permis d'exercer mon sacerdoce, là où j'étais. J'ai accompagné de
nombreux mourants. Et puis il y a eu ces rencontres, avec Edmond
Michelet, avec Mgr Piguet (évêque déporté de Clermont-Ferrand) et
tant de prêtres admirables."
À présent, Pierre
Cariou vit au milieu de ses livres (lui-même en a écrit huit). "Si
ce n'est mon très attendu repas hebdomadaire avec mes confrères du
secteur, ma vie, aujourd'hui, c'est mon bréviaire, mon journal, la
lecture. Par la prière, je fais le tour du monde... et j'accueille
chaque matin comme un don du ciel... Un jour, j'ai dit à mon évêque
'Ma vie, je la remets entre vos mains', mais chaque jour, à travers
la célébration de la messe, je la remets encore et toujours, cette
vie... entre les mains de Dieu."
Hervé Bodin
Extrait de la revue diocésaine Église en Finistère
Remerciements JLG
Remerciements Jean René
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